samedi 7 mars 2020

Un soir de pluie

Un soir de pluie, je me suis abrité dans une vieille salle sombre et abandonnée. Je passais devant elle tous les jours, sans même m’en rendre compte. En y entrant, j’ai été submergé par une odeur d’humidité étrangement agréable. J’ai allumé mon téléphone pour éclairer les lieux, et ce que mes yeux ont vu les a ébahis. Dans cette salle étaient entreposées des reliques d’un temps passé ; dans cette salle étaient entreposés les restes des débuts du cinéma.
J’ai d’abord contemplé les affiches accrochées au mur. Elles étaient rongées par l’humidité, mais on distinguait toutefois des titres : Les Temps Modernes, qui semblent aujourd’hui si lointains ; Psychose, et ma tête se met à tourner ; La grande Vadrouille, et je me mets à chanter. Je découvrais un monde nouveau.
J’ai ensuite percuté un tourne-disque rouillé ; par je ne sais quel miracle, il fonctionnait encore. Je n’ai trouvé qu’un seul disque à écouter. Le grand choral, de Georges Delerue, résonne encore dans mon esprit. Peut-être l’ai-je écouté une heure, peut-être deux. Peut-être même me suis-je endormi, peut-être même ai-je dansé au beau milieu de ces débris.
Mais ma plus grande trouvaille est la suivante. Au fond de cette salle, un meuble se cachait derrière une pile de bobines. Ce coffre au trésor renfermait des fragments du passé. Les cassettes se ressemblaient toutes, elles donnaient un sentiment d’infini. Deux d’entre elles se sont glissées dans mon sac. Ce soir de pluie, où maintenant le soleil régnait, je suis rentré chez moi.
Je me suis endormi en repensant à cette trouvaille, à ce trésor caché dans un simple village français, plus si banal qu’avant. Je me suis endormi en repensant à l’atmosphère apaisante de cette salle en ruines, où tout le monde peut entrer mais où personne ne va jamais, devant laquelle les passants se contentent de passer. Finalement, la situation de cette salle rejoint celle du septième art : on le voit tous les jours, mais sans vraiment s’y intéresser, à tort.
Les soirs de pluie, les passants s’abritent dans cette vieille salle sombre et rénovée. A chaque fois qu’ils passent devant elle, leur regard est attiré. Cette vieille salle dégage une odeur d’humidité, étrangement réconfortante. Quelques néons pour éclairer les lieux, nous ébahir le temps d’une averse. Dans cette salle sont exposées des reliques d’un temps passé. Dans cette salle sont exposés les débuts du plus beaux des arts. J’y passe mes soirées, mes week-ends et mes après-midis. Toujours là pour accueillir quelques nouveaux compagnons ; le temps d’une averse, danser avec eux. Le temps d’un soir, les accompagner dans leurs voyages ; le temps d’une heure, peut-être deux, leur faire découvrir ma plus grande passion ; le temps d’une vie, les plonger dans le cinéma.

Emeric Chamarac, 1ère D

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