lundi 23 février 2015

Les Yeux sans visage

Le personnage de Christiane

Une poupée désarticulée

Dans Les Yeux sans visage, un film de Franju, le personnage de la fille du savant est très intéressant. Elle a un côté cassé et désarticulé, semble êrte totalement soumise aux expériences de son père. Avec ses grandes robes, elle ressemble à une poupée ou à un pierrot, et son masque la rend très mélancolique. Tous ses gestes semblent être guidés par des fils de marionnette.

Abigaël Aupetit, 1ère L2


doctorinsermini.com

Un personnage qui évolue 

Au début du film, le personnage de Christiane apparaît comme très effacé et détruit par l'accident de voiture qui lui a coûté son visage. Elle semble cautionner les actions de son père, qui tue pour lui rendre un visage. Plus tard dans le film, elle semble fatiguée de la vie comme elle le dit à l'assistante de son père, après que la greffe qui semblait réussie finalement échoue. Elle prend ensuite sa revanche sur la dite assistante ainsi que sur son père en étant la cause de leur mort. On assiste ainsi à sa libération symbolique lorsqu'elle libère les oiseaux, à qui elle est comparée depuis le début du film. On peut être amené à se demander ce qu'elle devient après cette libération.

Elisabeth Noui, 1ère L2

Les Yeux sans visage

Une inquiétante figure de père


Les Yeux sans visage est un film franco-italien réalisé par Georges Franju en 1960. L'histoire est celle du docteur Génessier, un grand chirurgien esthétique, qui tente de greffer un nouveau visage à Christiane, sa fille, défigurée lors d'un accident de voiture survenu par la faute du docteur. Aidé par son assistante, il attire chez lui des jeunes filles auxquelles il scalpe le visage afin de le greffer sur sa fille. 

Le film montre jusqu'à quels extrêmes peut pousser le sentiment de culpabilité. En effet le père ne peut se pardonner d'avoir détruit la vie de sa fille, et il est prêt à tout pour lui redonner un visage, même s'il lui faut mutiler et assassiner d'autres jeunes filles. A travers ces tentatives de greffe, le docteur espère plusieurs résultats : obtenir le pardon de Christiane, réparer son erreur pour sa propre conscience, mais aussi se perfectionner en tant que chirurgien, Ces expériences ne sont donc pas tout à fait dénuées d'intérêts personnels. 

Le docteur Génessier apparaît finalement comme un odieux personnage qui ne semble éprouver aucune émotion. La culpabilité soi-disant éprouvée est donc probablement plus une forme d'amour-propre caractérisée par l'égoïsme, l'estime de soi, la fierté et la susceptibilité.  Ainsi la figure du père est intéressante, mystérieuse, et psychologiquement très complexe.

Florine Gervaise, 1ère L2


Ce film est tout d'abord un film à l'atmosphère fantastique. Il raconte l'histoire d'un père médecin, qui veut refaire le visage défiguré de sa fille, le tout dans une atmosphère macabre et mystérieuse. Certaines scènes sont dérangeantes, et l'utilisation du noir et blanc permet d'en renforcer la froideur oppressante. 

Le père représente très bien la figure du monstre. En effet cet homme n'hésite pas à tuer pour redonner une seconde vie au visage de sa fille. Cet aspect monstrueux se révèle par son égoïsme : il recommence plusieurs fois des greffes de visage sur sa fille qui n'est finalement qu'un cobaye.

Justine Carayon, 1ère L2

Les Yeux sans visage

Le film Les Yeux sans visage de Georges Franju est mystérieux, à cause de sa fin brusque. 

Pendant tout le film, l'intrigue fait attendre au spectateur une fin où l'affaire policière sera élucidée, or à la fin le mystère est amplifié de façon inattendue. L'histoire intrigue jusqu'au bout , et le symbolisme du titre évoquant le visage de l'actrice principale et des victimes est bien représenté.

Le jeu de l'actrice qui incarne Christiane est très bon, grâce à son physique qui fait d'elle quelqu'un de presque monstrueux à cause de son masque qui lui fait la peau de porcelaine d'une poupée, et à cause de la lenteur de ses mouvements.

Texte et dessin Lucile Demongeot, 1ère L2

Les yeux sans visage est un film du célèbre cinéaste Georges Franju, sorti en 1960, qui dure 1 h 28 minutes. Il est en noir et blanc, et tire vers l'horreur, l'épouvante et le drame, avec l'histoire d'un chirurgien esthétique qui veut greffer un visage à sa fille, défigurée dans un accident de voiture dont il est responsable. Il ne reste à Christiane que ses yeux, si bien qu'il prend pour victimes plusieurs jeunes filles pour leur retirer leur visage et pouvoir redonner une vie à sa fille.

Les séquences sont souvent inquiétantes, notamment dès le début du film où une femme conduit une voiture en pleine nuit, sauf qu'elle est accompagnée d'un cadavre qu'elle jettera ensuite dans l'eau. De plus la musique ajoute à l'ambiance mystérieuse et sombre. Ensuite la fille du chirurgien qui porte un masque en attendant que son père trouve une solution présente un aspect mystérieux, elle fait presque peur aux spectateurs.

Ce film montre un curieux chirurgien car il tue au nom de l'amour paternel, partagé entre le désir de sauver sa fille et celui d'accomplir une oeuvre médicale. Ce chirurgien tente de donner de l'espoir à ses patients, mais en réalité il leur ment, notamment à la mère d'un petit garçon.

Ce long-métrage a bien toutes les caractéristiques du film d'horreur, avec un chirurgien mi-tueur, mi-Frankenstein, une musique angoissante, une enquête policière, des meurtres, et un retournement de situation avec les méchants qui meurent.

Nancy-Kelly Soumahoro, 1ère L2

Les Yeux sans visage


Ce film en noir et blanc de Georges Franju est visuellement très efficace, et nous allons voir pourquoi.

Ce film est en effet très efficace car il est court et il raconte beaucoup en peu de temps. Tout d'abord on remarque l'abondance de raccords cut. Comme le film est court, les séquences sont courtes, rapides et dynamiques. Le fait que le film est court permet au spectateur de mieux se concentrer sur l'essentiel. 

Ainsi le film met en valeur les contrastes des personnages. Le premier contraste vient du père de Christiane qui est docteur, et pourtant il tue. Le film est axé sur ce contraste. De plus Christiane qui semble pure et qui en veut à son père de l'avoir défigurée laisse tout de même son père tuer des jeunes innocentes rien que pour recouvrer un visage. Ce film est donc pertinent car il se focalise sur l'essentiel et ne se perd pas dans des scènes trop longues qui seraient de trop. 

Le personnage de Christiane est mis en opposition avec celui de son père. Elle est représentée comme une poupée de porcelaine qui a été brisée, et son père est le diable qui a détruit sa fille et essaie de recoller les morceaux. 

Enfin le thème des yeux est très important. C'est tout ce que l'on voit de vrai chez Christiane, et c'est par eux que se traduisent les émotions de son père et de son assistante.

Lauralie Surmely, 1ère L2

Photo  doctorinsermini.com

samedi 21 février 2015

http://www.lefilmdesimages.fr

Les Yeux sans visage

Film de Georges Franju

"Franju fait du Franju"





Les Yeux sans visage est un film culte de Georges Franju sorti en 1960. Ce film fantastique dure 88 minutes. Franju, comme François Truffaut, choisit le noir et blanc afin de renforcer la nostalgie de son film.

Le professeur Génessier, chirurgien, est responsable d'un accident de voiture dont sa fille Christiane est sortie le visage totalement mutilé.Le professeur, joué par Pierre Brasseur, attire des jeunes filles aux yeux bleus dans son laboratoire. Aidé d'une assistante très dévouée, il prélève la peau de leur visage pour le greffer sur celui de sa fille. cette opération très difficile échoue chaque fois, ce qui l'oblige à tuer constamment des jeunes filles innocentes. Le professeur ne fait pas seulement des "expériences" sur ces femmes, il en fait aussi sur de nombreux animaux tels que des chiens ou des oiseaux. Il en devient même fou : elles deviennent son principal centre d'intérêt et sa première préoccupation.La fin de ce film est inattendue et elle donne un charme à ce chef-d'oeuvre fantastique.

On se laisse emporter dans un climat étrange où tout est fait pour créer l'angoisse. En effet le noir et blanc et les gestes précis et minutieux des personnages contribuent à faire monter l'angoisse chez les spectateurs. Ici pas de monstres sanguinaires aux multiples visages, seulement des paysages inquiétants et des outils tranchants et suspects. D'autre part la lenteur, le silence et la gestuelle du corps accentuent aussi cette impression d'angoisse. On ne sait pas ce que les personnages ressentent réellement, ni de quel côté ils sont. Dans cet univers la folie du professeur est calme, jamais il n'exprime sa colère : il reste neutre et cela perturbe le spectateur. Ce film montre aussi que par amour l'être humain est capable de tout. Le père de Christiane tue pour lui redonner un visage et une nouvelle vie.

Ainsi Les Yeux sans visage occupe une place importante dans l'histoire du cinéma français. FRanju réussit à créer son propre fantastique. Le noir et blanc joue un rôle très précis, grâce à lui le film obtient une toute autre dimension. Le mélange d'étrangeté dans la beauté, et de l'ordinaire dans l'extraordinaire placent Franju à part dans les réalisateurs fantastiques classiques.

Laura Meunier, 1ère L2

dimanche 15 février 2015

JUDEX (1963)

Le bal des oiseaux

Une magie insolite

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camera-subjective.over-blog.com

Voir la séquence sur https://www.youtube.com/watch?v=xS_hq0MlNwo

Avant de réaliser des films et des courts-métrages, Georges Franju était un décorateur de théâtre et un affichiste. Dans les années 30, il rencontre Henri Langlois, et ils réalisent ensemble un premier court-métrage en 1934, Métro, où ils montrent les descentes et les montées des gens dans le métro de Paris. FRanju était à la rise de vues et langlois au montage. Fascinés par les films en noir et blanc de leur enfance, ils créent la Cinémathèque française en 1936. Puis Franju devient secrétaire général de l'Institut cinématographique scientifique, on y filme des opérations chirurgicales en direct pour les apprentis chirurgiens. Il se spécialise dans es films insolites sous l'influence des films muets, en s'inspirant de la pellicule orthochromatique pour créer ses propres noirs et blancs. Ne pouvant pas faire l'adaptation du Fantômas de Feuillade, il fit celle de Judex, un ciné-feuilleton de 1917. En quoi dans la scène du tour de magie Franju utilise-t-il les moyens propres au cinéma pour faire naître l'insolite et ainsi passer du réalisme au surréalisme ? Dans un premier temps, nous allons parler du personnage étrange qu'incarne l'acteur, puis dans un second temps de l'influence des films muets.

Le personnage qu'incarne Channing Pollock est étrange, tout d'abord par son attitude différente de celle des autres. Il est seul dès le début de la séquence à l'image, et mis en avant par le regard caméra, les yeux fixes du masque regardant avec insistance le spectateur. Lorsqu'il se retrouve sur l'estrade, la musique de Maurice Jarre s'arrête, et le spectateur est troublé par les champs contrechamps répétitifs et le caractère taciturne de l'homme, qui mettent en avant la solitude de celui-ci face au public.

Le personnage et la situation paraissent magiques, avec en premier lieu la musique extradiégétique qui devient intradiégétique lors du raccord cut quand le personnage entre dans la salle de bal. Ces deux éléments cinématographiques en simultané sont insolites pour le spectateur qui n'est pas habitué à de tels changements dans les films qu'il a l'habitude de regarder. Cette scène est magique, comme celle qui vient s'y juxtaposer, où un homme en tenue de bal raconte un passage d'Alice au Pays des Merveilles à une petite fille montrée en plan rapproché, pour mettre en relief ses réactions : l'ombre de l'homme est déformée par les lumières et devient presque effrayante. Ce montage alterné montre deux actions qui progressent au même moment, et crée une tension. La magie, qui est un mensonge, dépasse le réel et paraît insolite pour le spectateur.

Par ailleurs le personnage à tête d'aigle est droit et raide et ses gestes sont lents, ce qui lui donne une dimension divine et insolite, à l'opposé des mouvements des danseurs. Quand il entre dans la salle de bal, il entre dans le plan. Le spectateur voit ce que voit le personnage. puis la caméra reste fixe quand le personnage continue d'avancer lentement à travers la foule, selon une trajectoire rectiligne. Au début du numéro de prestidigitation, le personnage ressuscite un oiseau mort, et à la fin de la séquence il tue un homme: il est le maître de la vie, ce qui rappelle le dieu égyptien Horus, dieu de la mort et de la justice. Le spectateur est mal à l'aise à cause de cet étrange personnage, si hiératique.

Franju est passionné par les films de son enfance et a donc voulu imiter le noir et blanc des anciennes pellicules orthochromatiques, qui ont détruites après l'apparition du cinéma parlant, en mettant des filtres devant sa caméra. Ce noir et blanc est utilisé dans son film, il est remarquable par sa beauté et surtout parce que cet aspect cinématographique avait disparu des écrans. les spectateurs le redécouvrent et ne sont pas habitués. Cet élément est rare et donc insolite.

Enfin, si la musique de Maurice Jarre couvre presque toute la séquence en soulignant l'étrangeté du personnage et son importance, celui-ci et les autres ne parlent pratiquement pas : le prestidigitateur reste silencieux, et les invités du bal émettent seulement des onomatopées en réaction à ses tours de magie. Le personnage à tête d'aigle ne parle pas du tout, ce qui lui donne un aspect robotique, en plus de sa posture et de ses gestes. il est étrange et mystérieux.

Ainsi Franju utilise des moyens cinématographiques variés pour mettre le spectateur mal à l'aise et rendre la scène insolite. 

Lucile Demongeot, 1ère L2

samedi 14 février 2015

JUDEX (1963)

Séquence du bal des oiseaux

Le masque de l'aigle


www.jonathanrosenbaum.net

Voir la séquence sur https://www.youtube.com/watch?v=xS_hq0MlNwo


Georges Franju est né en 1912. C'est à l'origine un plasticien et un documentariste. Mais ce qui l'anime depuis toujours, c'est sa passion forte pour le cinéma. Pendant la Première Guerre mondiale, le cinéma populaire a un énorme succès. Il permet aux gens de se réfugier contre la dureté de l'existence, notamment pour les poilus qui reviennent des souffrances du front. Durant son enfance Franju va le plus qu'il peut au cinéma. Franju a une vie assez similaire avec celle d'un cinéaste qui n'était pas encore né à l'époque, François Truffaut. Tous deux se nourrissent de toute la culture cinématographique de leur époque, si bien que Franju se forge très vite une opinion sur le sujet : pour lui le cinéma, c'est avant tout des images. Son rêve est de tourner lui-même un de ses feuilletons favoris, Fantômas. Il s'agit d'un ciné-feuilleton réalisé par un cinéaste de la firme Gaumont, Louis Feuillade, en 1913. Ce réalisateur crée ensuite Judex, qui connaît un succès phénoménal en 1917, si bien qu'il décide de faire une suite. En 1963, Franju reçoit une proposition de tournage d'un Judex, il accepte. L'histoire raconte comment un banquier malhonnête se débarrasse d'une de ses victimes en l'écrasant avec sa voiture. Judex est au courant et le lui fait savoir, en lui faisant parvenir une lettre de menace. Nous arrivons ensuite à cette fameuse séquence du bal masqué où le banquier annonce le mariage de sa fille. D'une part nous analyserons le début de la séquence où seul Judex est présent. D'autre part nous poursuivrons avec son entrée dans la salle de bal. Ces deux analyses auront pour but de montrer comment Franju fait naître l'insolite en utilisant les moyens propres au cinéma.

Le plan d'ensemble du début permet de situer le lieu et le moment où la séquence se déroule. Ici on voit bien la demeure du banquier et que nous sommes la nuit. Ensuite un panoramique présente le personnage de Judex. L'objectif est d'abord à ses pieds et monte de plus en plus, de manière très lente, comme la musique, pour terminer sur un plan taille. Ce panoramique accentue le caractère du personnage incarné par Channing Pollock, un acteur américain. Judex est droit, immobile, et il est en posture hiératique. De plus sa carrure est imposante et ne nous rassure pas : on ne sait pas comment il peut réagir ni même ses intentions. L'arrêt sur un plan taille permet de voir sa tête : Judex porte un masque d'aigle royal, symbolique de la noblesse. Il prend ensuite une colombe morte en main, toujours droit et la tête haute. Le masque est en fait un moyen de révélation ici, il n'est pas là pour cacher les gens, au contraire, il sert à révéler la nature des personnages : Judex est d'un caractère noble et souverain, de même que le banquier rapace porte le masque d'un vautour. Judex se dirige ensuite vers l'entrée de la salle de bal.

Le réalisateur utilise un raccord cut. Judex passe du monde extérieur, sombre et étrange, au monde lumineux où les gens s'amusent. Judex apparaît de dos, nous "sommes" en fait derrière lui, nous avons traversé le seuil avec le personnage. Par son allure et sa posture, l'entrée de Judex ne passe pas inaperçue : les gens le regardent attentivement. De plus la colombe qu'il tient, morte, dans sa main droite semble les inquiéter. Encore ici la puissance de Judex est accentuée : les regards se concentrent sur lui, sa tête d'aigle lui donne de la majesté. Il entre sur le tapis central, comme quelqu'un d'important. La caméra est subjective jusqu'à ce moment, elle reste proche du personnage afin de nous introduire dans l'histoire. Ensuite il y a un jeu entre caméra subjective et objective, ce qui donne un effet insolite et étrange. 

Laura Meunier, 1ère L2

Au début de la séquence apparaît un personnage, mais nous ne voyons que ses pieds. Peu à peu nous allons découvrir qui est ce personnage grâce au panoramique qui laisse apparaître un plan rapproché taille. Nous sommes alors surpris de découvrir un masque d'oiseau à la place du visage. Le plan rapproché taille montre normalement les expressions du visage des personnages, mais dans ce plan, un lourd malaise gagne le spectateur car le visage est impénétrable à cause du masque. Ce malaise est accentué par une musique extradiégétique effrayante.

Océane Burel, 1ère L2

JUDEX (1963)

Séquence du bal des oiseaux

La marche du justicier


cinematheque.fr

Voir la séquence sur https://www.youtube.com/watch?v=xS_hq0MlNwo


Georges Franju a été décorateur de théâtre puis affichiste avant de réaliser des courts-métrages documentaires. Franju cherche ensuite à réaliser des films qui décèlent ce qu'il y a d'insolite dans le monde réel. Il s'est fortement inspiré de Louis Feuillade, réalisateur du ciné-feuilleton Judex, réalisé en 1917 en douze épisodes, pour son propre film Judex, adaptation de la série en film, qui date de 1963. Le thème de la séquence étudiée est "le bal des oiseaux", les plans que nous avons choisi d'analyser sont ceux de la traversée de la salle de bal par Judex. Nous chercherons donc en quoi dans ce plan Franju utilise les moyens propres au cinéma pour faire naître l'insolite et ainsi passer du réalisme au surréalisme.

Nous voyons à l'image un plan général de la salle de bal dans laquelle dansent les invités. Nous sommes en caméra subjective, comme si nous regardions par dessus l'épaule de Judex, nous apercevons sa main d'abord, puis son bras, son épaule, qui entrent dans le champ par le coin inférieur gauche. Puis Judex s'éloigne, jusqu'à disparaître dans la foule: nous venons de passer en caméra objective. Judex marche lentement, il va tout droit, il a un but : faire régner la justice. La musique au son de laquelle il marche est extradiégétique, et répétitive : ce passage est dramatisé de façon à nous faire penser à la "puissance" de Judex.Il ressemble à un dieu de la justice, et sa tête d'aigle nous rappelle Horus, dieu égyptien de la justice à la tête de faucon. Alors que Judex disparaît dans la foule, le plan change avec un raccord cut. Nous sommes de nouveau derrière l'épaule de Judex, en caméra subjective. Nous le suivons jusqu'à ce qu'il passe une nouvelle porte. Cette fois-ci la caméra est en mouvement. Lorsque Judex passe la porte, il y a contrechamp. Nous sommes de l'autre côté, immobiles.

Le choix de l'alternance entre caméra objective et caméra subjective contribue à brouiller les repères du spectateur, qui ressent alors une sensation d'angoisse. Qui sommes-nous et où sommes-nous ? Nous passons en un clin d'oeil d'un côté de la salle à l'autre, regardons le personnage s'éloigner puis le suivons de très près. De plus le rapprochement que l'on peut faire entre Judex et Horus le dieu égyptien contribue à cette sensation. Que va-t-il faire ? Et soudainement, cela devient très réel, surréel même. La musique, signée Maurice Jarre, possède une "forme" circulaire : elle est répétitive, et le fait qu'elle est extradiégétique rajoute à la sensation d'angoisse, angoisse qui donne elle-même une sensation de surréalisme. Sur quelle musique peuvent bien danser tous ces gens?

Clothilde Rhodes, 1ère L2
JUDEX (1963)

Séquence du bal des oiseaux



L'horloge et le miroir

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Voir la séquence sur https://www.youtube.com/watch?v=xS_hq0MlNwo

Judex est un film fantastique réalisé en 1963 par Georges Franju. Ce réalisateur, né en 1912, commence d'abord par une carrière de décorateur de théâtre, puis d'affichiste. Il accepte en suite un emploi dans une imprimerie et rencontre Henri Langlois, avec qui il commence une carrière de cinéaste en tournant le court-métrage Métro. Il fait ensuite, entre 1948 et 1958, treize courts-métrages et s'impose comme chef de file du documentaire français. Franju est inspiré par les films en noir et blanc, les films muets, le cinéma scientifique et les ciné-feuilletons de Louis Feuillade.Feuillade est le cinéaste qui a lancé le personnage de Judex au cinéma, ainsi que Fantômas et Irma Vep dans Les Vampires. Franju a repris le personnage de Judex des ciné-feuilletons de Feuillade et en fait un film en noir et blanc.

Le plan que nous allons étudier prend place pendant la séquence du bal des oiseaux. C'est le plan d'ensemble où on voit et entend l'horloge sonner. Durant ce plan, plus personne dans la salle de bal n'ouvre la bouche, le silence est tel que le tintement de l'horloge se retrouve amplifié, et donne l'illusion de résonner dans toute la salle. Ce plan est très long, et plus les secondes passent, plus la caméra zoome sur l'horloge. Derrière l'horloge se trouve un miroir.

On peut voir dans ce plan une série d'oppositions et d'éléments symboliques. L'horloge sonne les douze coups de minuit, l'heure de la magie, et plonge ainsi la scène jusqu'à présent réaliste dans un contexte surréaliste. Elle marque la transition. On peut voir dans le miroir que personne ne bouge, comme si le temps était figé alors que l'horloge sonne justement pour signaler qu'il passe. Le miroir peut aussi symboliser le monde parallèle, et peut montrer qu'à minuit le banquier est plongé dans un monde surnaturel où toutes les forces cosmiques se mobilisent pour provoquer sa mort, aussi étrange puisse-t-elle paraître. Le miroir crée en outre une mise en abyme : nous spectateurs regardons des personnages qui se regardent dans un miroir. Le spectateur est aussi victime de ce passage dans le surréel par la présence du miroir. Il se regarde dans un miroir, mais n'y voit pas son reflet. Le plan montre d'abord le reflet du banquier, qui est le seul à être face au miroir, et le zoom permet de révéler la présence de Judex non loin de lui. Le plan est suffisamment long pour que le spectateur puisse s'attarder sur les détails à l'écran, et aussi pour immerger la scène dans l'insolite en suscitant les questions :  "Qu'est-ce que Franju a voulu montrer et souligner dans la longueur de ce plan ?"  "Ce plan montre-t-il vraiment une simple horloge qui sonne, ou montre-t-il un objet insolite et formidable pour qu'on lui accorde autant de temps ?" Franju met ainsi le spectateur dans le doute par la longueur de ce plan, et lui fait reconsidérer la normalité de l'horloge. En remettant en question des notions comme la normalité, il plonge la scène dans le surréalisme, voire le fantastique.

Abigaël Aupetit, 1ère L2


JUDEX (1963)

Analyse de la séquence du bal des oiseaux


La présentation du personnage de Judex



Voir la séquence sur https://www.youtube.com/watch?v=xS_hq0MlNwo

Georges Franju est né en 1912, il est d'abord plasticien, affichiste.  Il rencontre Henri Langlois et tout commence. Ce sont deux hommes qui ont grandi et rêvé avec les films muets en noir et blanc, et voyant les films parlants prendre la place de ces films, ils vont récolter toutes les anciennes bobines. Franju est un amoureux des films en noir et blanc, et du fait de son ancien métier, il est très attaché aux images. Par conséquent Judex, pourtant sorti en 1963, est en noir et blanc, et accorde une grande importance à l'image, car Franju voit d'abord les images avant l'histoire. Judex est inspiré d'un ciné-feuilleton en douze épisodes déjà nommé Judex et tourné par Louis Feuillade en 1917 pendant la guerre. Franju décide de reprendre le personnage de ce héros vertueux dans un seul film.Franju aime le réalisme et traquer l'insolite au coeur du réel. Le premier plan de la séquence du bal des oiseaux, où nous voyons pour la première fois le personnage de Judex, est un bon exemple de l'insolite Franju veut montrer au spectateur par les moyens propres au cinéma. Dans une première partie nous allons étudier ce que l'on voit  à l'image et les moyens filmiques utilisés, puis dans une seconde partie les effets produits sur le spectateur.

Dans le second plan qui débute par un raccord cut, qui nous fait passer du plan général nous présentant le château au personnage, Judex est montré via un panoramique vertical de bas en haut, qui nous laisse découvrir ce personnage petit à petit: d'abord les souliers noirs vernis, puis un pantalon noir de smoking, ensuite une veste de smoking et soudain un masque très gros et très réaliste d'une tête d'aigle royal, qui nous cache le visage de Judex. Ce panoramique nous laisse découvrir un personnage assez grand, qui se tient debout dans une posture droite, avec beaucoup de prestance.Puis pendant quelques secondes la caméra s'arrête sur le personnage en plan rapproché ceinture, ce qui nous laisse le temps de nous familiariser avec Judex, en isolant son corps tout en gardant l'arrière-plan visible. Tout ce plan est suivi par une musique extradiégétique classique, composée par Maurice Jarre.

Ce plan fait naître plusieurs impressions. Durant le panoramique des souliers jusqu'aux épaules de Judex, le spectateur perçoit l'idée d'un personnage charismatique, très bien vêtu, mais brutalement le spectateur voit apparaître une tête d'aigle imposante et réaliste qui produit un effet de surprise totale. C'est à ce moment que nous comprenons tout l'intérêt de ce panoramique pour conserver la surprise jusqu'au dernier moment et choquer le spectateur par une image à laquelle il ne s'attendait pas du tout.  le plan rapproché met en valeur et isole le personnage, le laissant seul et très visible. Pendant quelques secondes, le spectateur est très surpris et trouve cela insolite, car Judex est très bien habillé et le masque d'aigle crée un contraste très bizarre. C'est le but de Franju, qui aime l'insolite, mais dans une situation tout à fait réelle et plausible. Le fait q'un personnage si bien vêtu porte un masque de ce genre nous laisse nous questionner si la situation est véritable, ce qui nous plonge dans l'hésitation fantastique, très proche du surréalisme. De plus la musique extradiégétique est très inquiétante, accentuant par conséquent l'étrangeté de l'image et son caractère fantastique.

Ainsi Georges Franju réussit parfaitement à faire naître l'insolite, tout en restant dans une scène réaliste. De plus, l'aigle royal est un oiseau représentatif de la noblesse d'esprit, de la droiture, de la loyauté et de la force. Le masque étant couramment utilisé pour traduire les caractéristiques du personnage, il est ici révélateur.

Adrien Buguet, 1ère L2



twitter.com


Georges Franju est né en 1912 et mort en 1987. Il a d'abord été décorateur, puis affichiste, avant de rencontrer Henri Langlois avec qui il tourne son premier court-métrage en 1934, Métro. Ils créent par la suite la Cinémathèque française afin de conserver les pellicules de films muets auxquels plus personne ne s'intéresse depuis l'avènement du parlant. Georges Franju est également reconnu comme un des plus grands documentaristes français, ce qui se ressent dans son oeuvre fictionnelle cinématographique, car il cherche toujours à montrer ce qui est insolite dans le réel. Il s'apparente par là aux surréalistes, bien qu'il n'en soit pas un. Franju s'est beaucoup inspiré du réalisateur Louis Feuillade, qui a créé le personnage de Judex que Franju reprend pour créer son propre Judex en 1963. La séquence que nous avons étudiée est celel du bal masqué. Nous répondrons à la problématique suivante : en quoi le plan rapproché taille en début de séquence permet de nous renseigner sur le personnage de Judex ? Nous étudierons d'abord le plan, puis l'effet qu'il produit sur le spectateur.

La scène débute par un panoramique vertical qui permet de dévoiler peu à peu le personnage et de lui donner de la prestance. La caméra reste ensuite fixe, ce qui permet de décomposer les mouvements du personnage de Judex, dont le visage est caché par un masque d'aigle. Ses mouvements sont lents et comme saccadés, et il évolue avec lenteur. Le plan ici est un plan rapproché taille, qui permet de se familiariser avec le personnage, avec sa situation morale et psychologique, ses intentions et son caractère, tout en mettant l'accent sur son corps. Ici, il souligne le caractère déterminé de Judex, qui est statique au début de la scène. Ce caractère déterminé est renforcé par le regard- caméra que le personnage lance au début de l'extrait. La caméra est objective, nous voyons les actions et mouvements de Judex de façon distancée, ce qui nous permet de nous faire une opinion sur le personnage, opinion qui n'est pas altérée par une quelconque subjectivité.

Le mouvement panoramique donne à Judex prestance et puissance. Il ne se dévoile pas en entier dès le début. On découvre à la fin du panoramique que le visage du personnage est caché par un masque qui souligne sa noblesse, car il a choisi le masque d'un aigle royal, qui donne un indice sur son caractère noble et puissant. Judex fixe la caméra, ce qui produit un effet très troublant, car c'est comme si le personnage était conscient des spectateurs qui le regardent, et ce qui renforce son caractère de justicier. La caméra fixe ainsi que le plan rapproché taille donnent également des informations sur le personnage, car l'intérêt du spectateur avec un tel plan reste focalisé sur son visage et ses mouvements d'épaules, car l'on ne peut voir les expressions du visage de Judex, caché derrière le masque. Les épaules de Judex restent droites, ce qui peut souligner son caractère juste, ce qui est encore un clin d'oeil à sa personnalité de justicier. En outre, la musique extradiégétique donne un caractère dramatique et étrange à la scène, ce qui peut mettre le spectateur mal à l'aise, d'autant plus qu'on ne peut voir le vrai visage du justicier et donc deviner ses réelles intentions.

Ainsi cet extrait montre que Franju s'est totalement réapproprié le personnage originel de Feuillade en lui apportant sa propre touche d'insolite surréaliste. Ce caractère insolite est révélé par le choix des plans ainsi que celui de la musique, mais aussi par les actions et la posture hiératique du personnage. la caméra objective nous permet d'analyser les mouvements de Judex car nous restons à distance. De même le plan rapproché taille nous aide à comprendre les motivations du personnage, bien que le masque,  au contraire, n'y aide pas. Franju ainsi, après Feuillade, laisse son empreinte de magie. Son propre monde baigne dans la magie incarnée par les tours de prestidigitateur de Judex, et dans un onirisme créé par la lenteur de la scène et- sa recherche de l'insolite.

Elisabeth Noui, 1ère L2