mercredi 22 mars 2017

Le cinéma japonais

Le cinéma est né en 1895 avec la création du premier projecteur de cinéma et la première projection publique payante à Paris. Le premier film est «La sortie de l'usine Lumière à Lyon»

Avant les années 30

Le cinématographe est introduit au Japon en 1897 par les Frères Lumière, fondé sur la représentation de la réalité (scènes de rue), mais aussi de l'art le plus populaire dans le pays, le théâtre de Kabuki. En 1899, Tsukenichi Shibata enregistre une célèbre pièce de Kabuki, Promenade sous les feuilles d'érable , dont subsiste un extrait sauvegardé de 6 minutes.

Mais, très vite, les cinéastes japonais se tournent vers Hollywood et le cinéma européen, essentiellement l'Allemagne et la France. De Mille lui-même dirige l'acteur Sesshu (Sessue) Hayakawa dans le célèbre Forfaiture (1915), où il incarne un prince birman, caricature de l'Asiatique "raffiné et pervers".

Un cinéma de genre

A l'opposé de ces films "occidentalisés", qui plaisent à l'élite intellectuelle, le public japonais de base est plus friand de films d'époque tournés à Kyoto dans les nombreux studios de compagnies alors en plein essor (Nikkatsu, Shochiku, Makino, etc), et vient en masse pour voir les films, mais surtout écouter les fameux "benshis" (commentateurs), parfois plus célèbres que les acteurs eux-mêmes. Cette tradition des benshis remonte au kamishibai, «pièce de théâtre sur papier», qui est un genre narratif japonais, une sorte de théâtre ambulant où des artistes racontent des histoires en faisant défiler des illustrations devant les spectateurs.

A la fin des années vingt, très marquées par les idées progressistes venues d'Europe, se développe ce que les Japonais appellent le "keiko-eiga" (film à tendance), dont les principaux représentants sont Daisuke Ito, Masahiro Makino et Tomu Uchida. En réaction contre le Kabuki traditionnel et le Shimpa, ces cinéastes prennent pour héros des personnages de samouraïs rebelles, ou ronins (samouraïs errants), et de voleurs populaires style Robin des Bois.

Daisuke Ito fut l'un des maîtres du genre, avec des films comme Carnets de voyage (1927), ou Jirokichi, le chevalier-voleur (1931), incarnés par la super-star Denjiro Okochi, où il mettait aussi en vedette une caméra déchaînée, dans les spectaculaires scènes de Chambara (combats de sabres).

L'un des héros les plus populaires de cette tendance fut pourtant La Chauve-souris cramoisie (Benikomori), dans le film de Tsuruhiko Tanaka (1931), qui contait, d'après un feuilleton paru dans la presse, les aventures épuisantes d'un samouraï audacieux et patriote, avec une extraordinaire vigueur narrative. C'est l'un des rares exemples de film de genre de cette époque qui soit parvenu jusqu'à nous en bon état.

L'ancien onnagata (acteur interprétant des rôles de femmes) Teinosuke Kinugasa, passé à la réalisation en 1922, tourne une Une Page folle en 1926, d'après une idée de l'écrivain Yasunari Kawabata, sans aucun intertitre, et qui montre la folie des hommes dans un asile psychiatrique. Un exercice époustouflant de "cinéma pur" de modernité et de liberté créatrice. Deux ans plus tard, il tourne Carrefour (Jujiro), tentative de récit expressionniste plus classique mais tout aussi atypique Il part de lui-même, sa copie sous le bras, montrer son film à Moscou et Berlin, alors en pleine ébullition cinématographique. Kinugasa y rencontre Eisenstein et Fritz Lang, alors qu'en Europe, la plupart des gens ignorent jusqu'à l'existence d'un cinéma japonais.

Les années 30

Jusqu'aux années trente, l'industrie cinématographique japonaise est dominée par deux compagnies, la Nikkatsu et la Kokkatsu. La première a une production culturelle traditionnelle fondée sur un style simple : plans moyens filmés en continu, de façon à réduire le montage au maximum.

Sous l'influence du cinéma américain, d'autres compagnies voient le jour et cherchent à introduire un peu de modernité. Elles engagent des actrices (auparavant les hommes tenaient tous les rôles) et, au début des années 30, elles ne font plus appel aux benshi.

Le Ier septembre 1923, un tragique tremblement de terre détruit une grande partie de Tokyo, faisant plus de 100 000 morts. L'activité du cinéma japonais est transférée à Kyoto, qui devient du coup le Hollywood japonais.

Bien que le parlant ait fait officiellement son entrée avec Mon amie et mon épouse, de Heinosuke Gosho (1931), on tourna des films muets jusqu'en 1935, à cause de la résistance des cinéastes (c'est le cas d'Ozu), mais surtout à cause de celle des benshis, qui voyaient leur échapper notoriété et gagne-riz. Il reste d'ailleurs aujourd'hui quelques écoles de benshis, notamment ceux de la famille Matsuda, dont les élèves organisent régulièrement des séances de films muets commentés.

Le Japon en guerre

Avec le début de la guerre sino-japonaise, les conditions de travail des cinéastes japonais deviennent de plus en plus difficiles. En juillet 1938, le gouvernement incite le cinéma à se détourner des thèmes individualistes, des comportements occidentaux, pour privilégier la tradition familiale, le respect de l'autorité, l'esprit de sacrifice, au nom des exigences de la nation. La censure se fait plus pesante dès l'écriture de scénario. Mizoguchi lui-même est contraint de tourner un film qui exalte le patriotisme, Roei no Uta (1938).

L'après guerre

En 1944, les bombardements ayant détruit la majorité des salles, la production des studios est considérablement ralentie. Dès la fin août 1945, l’armée américaine crée la "Direction de l’information et de l’éducation civique" dont la section cinéma et théâtre est chargée de contrôler l’industrie cinématographique. Son directeur, David Conde, convoque ainsi une quarantaine de cinéastes et professionnels de l’industrie afin de présenter ses directives. La plupart ont pour but d’abolir le militarisme et le nationalisme à l’écran, d’assurer la liberté de croyance, d’opinion et d’expression politique, d’encourager les activités à tendances libérales et d’établir les conditions nécessaires pour que le Japon ne redevienne pas une menace.

Les années 2000

Les années 2000 voient l'arrivée à maturité de cinéastes nés au debut des années sosixantes : Nobuhiro Suwa (né en 1960) donne Mother (1999), Un couple parfait (2005), Hirokazu Kore-Eda (né en 1962) réalise Nobody knows en 2004, Satoshi Kon (né en 1963 et révélé par Perfect Blue en 1997) réalise Paprika en 2006, Shinji Aoyama (né en 1964) réalise Eureka en 2000, Ishii Katsuhito (né en 1964) réalise Taste of tea en 2004 et Naomi Kawase (née en 1969), La forêt de Mogari en 2007.

Ysaline Lefevre et Cassandra Grué

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