vendredi 7 décembre 2018

La chambre interdite

Analyse de séquence : La chambre de Rebecca 

Rebecca fut le premier film américain réalisé par Alfred Hitchcock, réalisateur, producteur et scénariste de cinéma britannique. Ce film sorti en 1940 est une adaptation du roman de Daphne du Maurier, publié en 1938, un immense succès de librairie.

Rebecca raconte l'histoire d'une demoiselle de compagnie originaire de la classe moyenne qui épouse un aristocrate anglais, Monsieur de Winter, veuf depuis peu, et qui doit affronter une fois au domaine de son époux, l'image parfaite de Rebecca, la première épouse, qui hante encore les lieux. Mme Danvers la gouvernante compare constamment la jeune femme avec la défunte. La différence sociale entre elle et son mari ne facilite pas non plus la tâche à notre héroïne.

La séquence dans la chambre de Rebecca commence à partir de la montée des escaliers par Mme de Winter. Hitchcock crée une atmosphère oppressante grâce à un plan moyen en contre plongée qui accentue la taille écrasante des escaliers. De plus un plan rapproché sur Mme de Winter transmet ses émotions face à cette porte angoissante et interdite, la porte de la chambre de Rebecca. Ce plan est accompagné d'un travelling arrière pour accompagner le personnage dans sa démarche. Il est suivi d’un plan subjectif de sa main sur la poignée afin que le spectateur soit totalement immergé dans le point de vue de la jeune femme. Ensuite un plan d'ensemble sur une partie de la chambre peu éclairée rend le personnage principal minuscule dans cette pièce immense et austère. Cette chambre est à l'opposé même du personnage avec ses rideaux fins et soyeux, son grand lit à baldaquin majestueux, ses meubles précieux et surtout sa coiffeuse digne d'une princesse.

Un des plans clé de cette séquence est le mouvement des rideaux qui suggère l'arrivée fantomatique de Rebecca. Le personnage de Mme de Winter est très angoissé et effrayé car elle se trouve dans un lieu qui lui est interdit. Ses sentiments sont accentués par l'entrée de Mme Danvers et l'ouverture magistrale des rideaux sur les grandes baies vitrées. Après cet événement Mme Danvers emmène Mme de Winter à la penderie de Rebecca pour lui montrer les tenues de Rebecca, en particulier un précieux manteau de fourrure, en opposition avec la tenue très sobre de Mme de Winter pour insister sur l'infériorité de sa classe sociale. On peut également parler de la tenue sombre de Mme Danvers qui représente le gardien de la chambre de Rebecca. 

Mme Danvers exprime une sorte de passion charnelle pour Rebecca lorsqu'elle se caresse la joue avec le manteau de fourrure ce qui met mal à l'aise Mme de Winter, encore plus lorsque Mme Danvers lui caresse aussi la joue avec ce même manteau et lui montre tout le linge de chambre fait sur mesure de Rebecca. Ce sentiment de malaise s'aggrave encore lorsqu'elle est assise à la coiffeuse et que Mme Danvers reproduit le mouvement de brossage de cheveux qu'elle faisait à Rebecca. 

Mme Danvers montre encore son fort attachement à Rebecca quand elle déclare qu'elle a brodé ses initiales sur son linge de chambre mais aussi lorsqu'elle montre sa nuisette transparente. Cependant Mme de Winter n'ose même pas regarder, son malaise s'aggrave jusqu'à la suffocation, elle subit une sorte de torture de la part de Mme Danvers. 

Mme de Winter décide donc de la fuir en quittant cette scène affreuse pour elle et en laissant Mme Danvers seule avec ses souvenirs. Cette séquence se finit par un fondu sur la scène suivante avec en surimpression des vagues se lançant à l'assaut du rivage, autre symbole de Rebecca, morte noyée.

Timon Renard et Tessa Mary

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire