lundi 14 octobre 2019

Sang pour cent ?


Le vendredi 27 septembre, la classe de TL2 partait à La Comète pour aller voir le film Tel Père, Tel Fils (2013) de Kore-Eda, dans le cadre du projet « Lycéen et Apprentis au cinéma ». Kore-Eda est un réalisateur japonais, il est connu pour avoir réalisé Une Affaire De Famille (2018) et Nobody Knows (2004). Il aborde principalement dans son œuvre les thèmes de l’enfance et de la famille, ce que l’on remarque notamment sur les affiches de ses films.

Tel père, tel fils est un film ayant pour sujet une famille composée d'un enfant (Keita), d'une mère effacée, et de Ryota, le père, très pris par son travail . Celui-ci exige que son fils excelle dans tous les domaines, que ce soit l’école ou encore la musique. Mais après 6 ans de vie de famille un simple appel téléphonique va remettre en question leur existence : Keita n’est pas leur fils biologique. Effectivement, deux enfants ont été échangés à la naissance. Ils seront amenés à rencontrer cette autre famille que tout oppose, qui a subi la même erreur et qui a élevé leur réel enfant. Comment les familles vont-elles vivre cette épreuve et quel avenir sera décidé ? Ce film n’est pas une simple histoire, il soulève de nombreuses questions sur la société japonaise mais également des questions philosophiques.

Le film s'ouvre sur une scène où des enfants fabriquent des jouets aériens avec des sacs en plastique, symbole de la légèreté mais aussi de la fragilité de l'enfance. Le thème de la paternité arrive alors comme un catalyseur du problème : Est-on père par les liens du sang ou par lien du cœur ? Suffit-il d'avoir passé 6 années avec un enfant avec lequel on a tout partagé, que l'on a éduqué pour se considérer père ou alors, l’est-on uniquement et automatiquement par lien du sang ? Le père apprenant que Keita n'est pas son fils a cette réaction verbale terrible : « c’était donc ça ». Il analyse ainsi son manque d'intérêt pour ce fils qui ne lui ressemble pas. Pour Ryota, qui reproduit les stéréotypes de la société japonaise, seuls comptent les liens du sang (on retrouve cet attachement à la tradition lors des prières devant l'autel, symboles d'un conservatisme pesant mais rassurant). Il reprochera même à sa femme de ne pas avoir senti que ce n’était pas son fils. Au contraire, l’autre famille, moins aisée, moins conventionnelle, mais plus attentive, passe au-dessus de tout cela : ils aiment l'enfant qu'ils ont élevé et souffrent de l'idée d'une séparation. Au fil du film, le personnage du père, Ryota, évolue : notamment grâce à une confrontation avec son propre père en qui il ne se reconnaît pas, puis lorsqu'il réalise que Keita l'admire à travers l'objectif d'un appareil photo : l'image lui fait prendre conscience de la réalité qu'il a toujours occultée par manque de temps. Il se rend compte qu’il est passé à côté d’une chose essentielle  et se remet en question.

Le film aborde également le thème des différentes classes sociales. L’une est aisée, le père est architecte, ils ont une grande maison, une belle voiture, Keita est en école privée et joue du piano. Pour Ryota, le bonheur se réduit à la réussite, pourtant, leur maison est toujours filmée avec des couleurs froides, elle semble sans vie. L’autre famille, plus modeste, vit dans une maison colorée, accueillante : on y voit des dessins d’enfants, des jouets, des rires, de l'amour. Qu'est-ce qu'un foyer ?

Ainsi ce film de Kore Eda aborde la question de la paternité, de l’enfance, des classes sociales. Il  met en scène l'histoire d'une révélation, et montre que ce qui pourrait tout détruire peut aussi être l'occasion d'une reconstruction. Tel Père, Tel Fils a conquis l’immense majorité de la classe que ce soit par son histoire touchante, son atmosphère ou encore les questions qu’il soulève. Des larmes ont coulé pour certains lorsque le générique de fin est apparu. C’est sur les notes des variations Goldberg de Jean Sébastien Bach que nous quittons la salle émus par ce film qui nous a fait passer par tout un panel d’émotions. Tel père, tel fils est un film qui mérite amplement son prix du Jury au Festival de Cannes.

          Lou-Ann  Delaby et Nathan Faucon - TL2


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire