"Avant
de quitter la vie de ma propre volonté et avec ma lucidité,
j'éprouve le besoin de remplir un dernier devoir : adresser de
profonds remerciements au Brésil, ce merveilleux pays qui m'a
procuré, ainsi qu'à mon travail, un repos si amical et si
hospitalier. De jour en jour, j'ai appris à l'aimer davantage et
nulle part ailleurs je n'aurais préféré édifier une nouvelle
existence, maintenant que le monde de mon langage a disparu pour moi
et que ma patrie spirituelle, l'Europe, s'est détruite elle-même.
Mais
à soixante ans passés il faudrait avoir des forces particulières
pour recommencer sa vie de fond en comble. Et les miennes sont
épuisées par les longues années d'errance. Aussi, je pense qu'il
vaut mieux mettre fin à temps, et la tête haute, à une existence
où le travail intellectuel a toujours été la joie la plus pure et
la liberté individuelle le bien suprême de ce monde.
Je
salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l'aurore après la
longue nuit ! Moi je suis trop impatient, je pars avant eux."
Stefan
Zweig, Lettre d'adieux.
Stefan
Zweig, né le 28 novembre 1881 en Autriche-Hongrie, est d'origine
juive. Ce grand écrivain s'est suicidé le 22 février 1942 au
Brésil. Il est auteur de romans, de nouvelles, de pièces de
théâtre, mais il est aussi journaliste et biographe. Stefan Sweig a
été envoyé sur le front polonais pour récolter des archives, il a
aussi vécu le début de la deuxième Guerre Mondiale. Malgré les
guerres, il s’est toujours voulu pacifiste et a fui toutes sortes
de conflits. Issu d'une famille bourgeoise il a étudié les lettres.
Ensuite plus âgé, il a vécu grâce à son talent d'écrivain, même
pendant la période de grande crise économique et sociale de
«l'après guerre».Il est souvent comparé à Érasme en qui il voit
son modèle humaniste.
Il
a assisté à
la montée du nazisme pendant les années 30, tout comme le montre le
film
The
Grand Budapest Hôtel,
où
Wes Anderson rend
un
hommage à Stefan Zweig tout d'abord grâce au personnage de
l'écrivain qui joue Stefan Zweig, mais aussi au personnage de
Gustave où l'on retrouve des aspects de Zweig.
Le
22 février 1942 l'écrivain décide de mettre fin à ses jours pour
plusieurs raisons qui lui firent
détester
la vie. Premièrement, Stefan Zweig était un homme attaché aux
valeurs
européennes (langues, cultures, arts, traditions…). Pour lui
l'Europe était le summum du raffinement et de la civilisation. Mais
quand l'écrivain s'aperçut
de
la cruauté du nazisme et de sa montée en Allemagne et en Autriche,
patries tant aimées, Stefan Zweig fut extrêmement touché et
anéanti. C'est ainsi qu'il décida de fuir pour partir en Amérique.
Sur le sol des États-Unis il fut rejeté à cause de sa nationalité
allemande, ce qu'il le poussa à se réfugier au Brésil mais aussi à
se renfermer sur lui même une fois de plus.
Dans
ce pays où il a trouvé asile, il cherche la paix intérieure, mais
quand il voit l'entrée de l'Amérique dans la guerre, il perd espoir
de connaître un monde en paix
et
s'enfonce dans une dépression sans fin qui avait débuté lorsqu'il
avait quitté
l'Europe. Malheureusement, sa femme Lotte souffre d'une maladie,
l’asthme, qui l'affaiblit au point de ne plus pouvoir voyager, ils
ne peuvent plus s'exiler dans un autre pays.
Stefan
Zweig hanté par la vieillesse et l'agonie du monde, décide avec sa
femme de mettre fin à leurs
jours
en s’empoisonnant au véronal le 22 février 1942.
«On
peut tout fuir, sauf sa conscience»,
Stefan Zweig.
Elona
Cherquitte et Elane Boutier
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