vendredi 30 mars 2018

Le nouveau départ de notre vie

Chère Mère,

La dernière fois que nous nous sommes vus, je n'avais que sept ans.Tu étais venue me chercher à l'aéroport pour l'enterrement de grand-père, malgré le fait que je ne le connaissais pas et toi aussi d'ailleurs je ne te connaissais pas. Je me sentais comme face à une inconnue, vide d'émotions. Tu me parlais mais je ne te répondais pas, à vrai dire aucun mot ne me venait. Ça a été très difficile pour moi de revenir en Chine, à mes racines, à mon pays natal. Je n'étais qu'un enfant.

C''était il y a déjà onze ans...

J'ai maintenant dix-huit ans et je me sens enfin prêt à t'écrire et à mettre des mots sur cette souffrance qui me poursuit depuis onze ans. Durant toutes ces années, j'ai essayé de t'oublier, d'oublier cette mère qui n'a jamais été là pour me relever, l'image d'une mère qui n'a jamais été là pour me rassurer. Tu ne t'es jamais battue pour moi, pour m'avoir auprès de toi et ça je ne peux que t'en vouloir. Papa était présent physiquement, mais en revanche il n'a jamais été là pour moi tout comme toi. Lui et moi ne pouvons pas communiquer clairement car nous ne parlons pas la même langue.

A l'école, lorsqu'on me questionnait à ton sujet, je me contentais de dire que je n'avais pas de mère et que je n'étais qu'un « bébé-éprouvette ». J'ai beaucoup souffert de cette situation et de ton absence mais je n'ai jamais eu le courage de te le dire jusqu’à aujourd'hui. Il a fallu attendre onze ans pour enfin me sentir prêt à te voir et à apprendre à connaître cette femme qui est ma mère. Même si tu n'as jamais été là, que je le veuille ou non tu es et restera toujours ma mère.

Je me suis beaucoup attaché à une femme qui était mon professeur, elle avait quasiment ton âge, j'ai trouvé en elle ce que j'ai toujours cherché. Elle m'a apporté ce qui m'a constamment manqué, c'est-à-dire l'amour d'une femme. Je pensais l'aimer mais je me suis rendu compte que, ce que je voulais réellement, c'était ce fameux amour maternel que je n'avais jamais eu. Je m'en suis rendu compte lorsque nous sommes partis acheter des billets d'avion et que la conseillère nous a pris pour une mère et son fils. A cet instant, j'ai su qu'en vérité, ce que j'avais toujours cherché, c'était toi.

Dire que ne me suis jamais senti bien à tes côtés serait un mensonge. Juste une fois dans ma vie, j'ai eu l'impression de partager un moment avec ma mère. C'était dans le train lorsque nous écoutions une chanson ensemble, et que tu m'as donné les clés de notre maison. Tu t'en souviens ? A cet instant j'ai senti mon cœur s’emballer, pour une fois je me suis senti aimé. C'est à ce moment-là que je me suis senti comme chez moi.

C'est vrai que je n'ai jamais voulu me l'avouer, mais tu m'as toujours manqué.

Je pense que c'est enfin le bon moment de revenir à la maison, je veux qu'on apprenne à se connaître. Prépare-nous ces savoureux raviolis que tu avais l'habitude me faire quand j'étais petit.

A très vite.
                                                                        Marine Colmart et Amel Cherit

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