vendredi 1 décembre 2017

La vie / L'avis d'un costume


Chaque jour je me rappelle de ce si beau souvenir, celui de mes premiers moment de gloire. Chaque jour, j'observe de mes yeux ébahis ces gens défiler devant moi qui pour certains me portent une admiration sans égale. J'incarne une force et une féminité à toute épreuve. Je suis là, devant eux, protégée par cette vitrine symbolique, symbolique d'une réussite implacable. Mais cette gloire n'est rien sans le film qui m'a mis en tête d'affiche, l'histoire de Metropolis.
Ce film était muet, ce qui me plaisait car les acteurs ne jouaient que par leur gestes. Le calme et le silence étaient apaisants, mais aujourd'hui je suis confrontée à ce lourd silence de musée qui me pèse chaque jour un peu plus. J'aimerais revenir en 1927, revenir à mon unique gloire, seulement moi . Au jour d'aujourd'hui je suis mis au rang de ces antiquités : le praxinoscope, le zootrope, le thaumatrope, qui sont purement scientifiques alors que moi...je suis une femme.
Regardez-moi attentivement, posez vos yeux sur mes formes, observez ma grâce, arrêtez-vous sur mon regard, et vous voilà saisis d'admiration. Parfois j'aurais aimé être quelqu'un d'humain, comme vous par exemple, mais bon je suis condamnée à vivre cette vie immuable au seul rythme de mes pensées et de mes souvenirs. Comprenez que je ne suis pas de chair mais que j'ai une âme, et mon existence la reflète. Maintenant que vous en savez plus sur mon compte, vous penserez quand vous me verrez que je ne suis pas un objet banal, mais le robot de Metropolis.

Dans ce film je faisais le spectacle, maintenant je suis votre spectacle.


Texte de Marianne Guillard et Gwenaelle Collin
 Dessins de Marianne Guillard

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