mercredi 27 janvier 2016

UN TRAMWAY NOMME LOLA

Tout sur ma mère de Pedro Almodovar


Manuela a un fils, Esteban, qui n'a jamais connu son père. Le soir de ses 17 ans, ils vont au théâtre voir Un tramway nommé Désir et, en attendant la comédienne Huma Rojo à la sortie pour avoir un autographe, Esteban demande à sa mère de lui raconter tout sur son père. Manuela accepte de lui expliquer quand ils seront rentrés. Soudain, Huma et Nina, une autre actrice, arrivent et entrent dans un taxi. Esteban se précipite, tape à la vitre de la voiture qui démarre sans laisser au jeune homme la possibilité d'obtenir son autographe. Malgré cet échec, Esteban n'abandonne pas et court après la voiture. Manuela appelle son fils en vain sur un travelling arrière. Un craquement, une vitre brisée. Caméra subjective d'Esteban. Le bruit de la pluie, les pleurs.

Après ce terrible chamboulement, Manuela décide de retourner à Barcelone pour retrouver son père qu'elle avait fui 17 ans plus tôt. Le train passe sous un tunnel : c'est le début de la recherche de Manuela. Très vite, elle retrouve Agrado, un personnage déjanté, amie prostituée et transexuelle de Manuela, à qui elle explique qu'elle cherche Lola. Agrado lui explique qu'elle ne sait pas où elle est et lui fait rencontrer Rosa, une jeune femme religieuse qui est la dernière à l'avoir vue. Une grande amitié va progressivement lier ses trois femmes. De son côté, Manuela retourne voir la même pièce qu'avec son fils, Un tramway nommé Désir, qui se joue à présent à Barcelone. Le personnage de Lola est omniprésent dans l'intrigue mais n'apparait pas immédiatement. Almodovar crée ainsi un mystère autour d'elle et prépare le spectateur à cette apparition qui semble presque surnaturelle après toute cette attente.

Almodovar opte pour le travelling et le gros plan sur les visages et les objets afin d'éveiller l'émotion et choisit une décoration des années 70 aux couleurs chaudes à dominante rouge pour une ambiance chaleureuse, aux couleurs de l'Espagne. A l'aide d'un scénario très structuré, ce film décalé traite d'un sujet grave : la mort d'un fils. Entre la détermination de Manuela, la douceur de Rosa et l'"authenticité" d'Agrado, le spectateur s'attache vite à ses femmes aux destins captivants, interprétées avec une justesse et une sincérité remarquable par Cecilia Roth (cinquième collaboration avec Almodovar), Penélope Cruz et Antonia San Juan. L'actrice Huma Rojo, joué par Marisa Paredes qui collabore dans ce film pour la quatrième fois avec Almodovar, crée un lien avec la dédicace à la fin du film. En effet, Tout sur ma mère rend hommage "à Bette Davis, Gena Rowlands et Romy Schneider. A toutes les actrices qui ont joué des actrices. A toutes les femmes qui jouent. Aux hommes qui jouent et deviennent femme. A toutes les personnes qui veulent être mère. A ma mère.". Le titre du film est donc à la fois une référence à All about Eve dans lequel joue Bette Davis et une référence à la mère d'Almodovar. Cette dédicace montre la fascination d'Almodovar pour les femmes, en particulier les actrices, et son imprégnation pour le milieu pauvre dans lequel il a grandi entouré de femmes.

Almodovar livre ici une oeuvre profondément féministe et riche en émotions. C'est un hymne à la vie et aux femmes, à la fois tendre, provocant et bouleversant.


Marion Pourrier, 1L2.

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