samedi 14 février 2015

JUDEX (1963)

Séquence du bal des oiseaux

La marche du justicier


cinematheque.fr

Voir la séquence sur https://www.youtube.com/watch?v=xS_hq0MlNwo


Georges Franju a été décorateur de théâtre puis affichiste avant de réaliser des courts-métrages documentaires. Franju cherche ensuite à réaliser des films qui décèlent ce qu'il y a d'insolite dans le monde réel. Il s'est fortement inspiré de Louis Feuillade, réalisateur du ciné-feuilleton Judex, réalisé en 1917 en douze épisodes, pour son propre film Judex, adaptation de la série en film, qui date de 1963. Le thème de la séquence étudiée est "le bal des oiseaux", les plans que nous avons choisi d'analyser sont ceux de la traversée de la salle de bal par Judex. Nous chercherons donc en quoi dans ce plan Franju utilise les moyens propres au cinéma pour faire naître l'insolite et ainsi passer du réalisme au surréalisme.

Nous voyons à l'image un plan général de la salle de bal dans laquelle dansent les invités. Nous sommes en caméra subjective, comme si nous regardions par dessus l'épaule de Judex, nous apercevons sa main d'abord, puis son bras, son épaule, qui entrent dans le champ par le coin inférieur gauche. Puis Judex s'éloigne, jusqu'à disparaître dans la foule: nous venons de passer en caméra objective. Judex marche lentement, il va tout droit, il a un but : faire régner la justice. La musique au son de laquelle il marche est extradiégétique, et répétitive : ce passage est dramatisé de façon à nous faire penser à la "puissance" de Judex.Il ressemble à un dieu de la justice, et sa tête d'aigle nous rappelle Horus, dieu égyptien de la justice à la tête de faucon. Alors que Judex disparaît dans la foule, le plan change avec un raccord cut. Nous sommes de nouveau derrière l'épaule de Judex, en caméra subjective. Nous le suivons jusqu'à ce qu'il passe une nouvelle porte. Cette fois-ci la caméra est en mouvement. Lorsque Judex passe la porte, il y a contrechamp. Nous sommes de l'autre côté, immobiles.

Le choix de l'alternance entre caméra objective et caméra subjective contribue à brouiller les repères du spectateur, qui ressent alors une sensation d'angoisse. Qui sommes-nous et où sommes-nous ? Nous passons en un clin d'oeil d'un côté de la salle à l'autre, regardons le personnage s'éloigner puis le suivons de très près. De plus le rapprochement que l'on peut faire entre Judex et Horus le dieu égyptien contribue à cette sensation. Que va-t-il faire ? Et soudainement, cela devient très réel, surréel même. La musique, signée Maurice Jarre, possède une "forme" circulaire : elle est répétitive, et le fait qu'elle est extradiégétique rajoute à la sensation d'angoisse, angoisse qui donne elle-même une sensation de surréalisme. Sur quelle musique peuvent bien danser tous ces gens?

Clothilde Rhodes, 1ère L2

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