samedi 14 février 2015

JUDEX (1963)

Analyse de la séquence du bal des oiseaux


La présentation du personnage de Judex



Voir la séquence sur https://www.youtube.com/watch?v=xS_hq0MlNwo

Georges Franju est né en 1912, il est d'abord plasticien, affichiste.  Il rencontre Henri Langlois et tout commence. Ce sont deux hommes qui ont grandi et rêvé avec les films muets en noir et blanc, et voyant les films parlants prendre la place de ces films, ils vont récolter toutes les anciennes bobines. Franju est un amoureux des films en noir et blanc, et du fait de son ancien métier, il est très attaché aux images. Par conséquent Judex, pourtant sorti en 1963, est en noir et blanc, et accorde une grande importance à l'image, car Franju voit d'abord les images avant l'histoire. Judex est inspiré d'un ciné-feuilleton en douze épisodes déjà nommé Judex et tourné par Louis Feuillade en 1917 pendant la guerre. Franju décide de reprendre le personnage de ce héros vertueux dans un seul film.Franju aime le réalisme et traquer l'insolite au coeur du réel. Le premier plan de la séquence du bal des oiseaux, où nous voyons pour la première fois le personnage de Judex, est un bon exemple de l'insolite Franju veut montrer au spectateur par les moyens propres au cinéma. Dans une première partie nous allons étudier ce que l'on voit  à l'image et les moyens filmiques utilisés, puis dans une seconde partie les effets produits sur le spectateur.

Dans le second plan qui débute par un raccord cut, qui nous fait passer du plan général nous présentant le château au personnage, Judex est montré via un panoramique vertical de bas en haut, qui nous laisse découvrir ce personnage petit à petit: d'abord les souliers noirs vernis, puis un pantalon noir de smoking, ensuite une veste de smoking et soudain un masque très gros et très réaliste d'une tête d'aigle royal, qui nous cache le visage de Judex. Ce panoramique nous laisse découvrir un personnage assez grand, qui se tient debout dans une posture droite, avec beaucoup de prestance.Puis pendant quelques secondes la caméra s'arrête sur le personnage en plan rapproché ceinture, ce qui nous laisse le temps de nous familiariser avec Judex, en isolant son corps tout en gardant l'arrière-plan visible. Tout ce plan est suivi par une musique extradiégétique classique, composée par Maurice Jarre.

Ce plan fait naître plusieurs impressions. Durant le panoramique des souliers jusqu'aux épaules de Judex, le spectateur perçoit l'idée d'un personnage charismatique, très bien vêtu, mais brutalement le spectateur voit apparaître une tête d'aigle imposante et réaliste qui produit un effet de surprise totale. C'est à ce moment que nous comprenons tout l'intérêt de ce panoramique pour conserver la surprise jusqu'au dernier moment et choquer le spectateur par une image à laquelle il ne s'attendait pas du tout.  le plan rapproché met en valeur et isole le personnage, le laissant seul et très visible. Pendant quelques secondes, le spectateur est très surpris et trouve cela insolite, car Judex est très bien habillé et le masque d'aigle crée un contraste très bizarre. C'est le but de Franju, qui aime l'insolite, mais dans une situation tout à fait réelle et plausible. Le fait q'un personnage si bien vêtu porte un masque de ce genre nous laisse nous questionner si la situation est véritable, ce qui nous plonge dans l'hésitation fantastique, très proche du surréalisme. De plus la musique extradiégétique est très inquiétante, accentuant par conséquent l'étrangeté de l'image et son caractère fantastique.

Ainsi Georges Franju réussit parfaitement à faire naître l'insolite, tout en restant dans une scène réaliste. De plus, l'aigle royal est un oiseau représentatif de la noblesse d'esprit, de la droiture, de la loyauté et de la force. Le masque étant couramment utilisé pour traduire les caractéristiques du personnage, il est ici révélateur.

Adrien Buguet, 1ère L2



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Georges Franju est né en 1912 et mort en 1987. Il a d'abord été décorateur, puis affichiste, avant de rencontrer Henri Langlois avec qui il tourne son premier court-métrage en 1934, Métro. Ils créent par la suite la Cinémathèque française afin de conserver les pellicules de films muets auxquels plus personne ne s'intéresse depuis l'avènement du parlant. Georges Franju est également reconnu comme un des plus grands documentaristes français, ce qui se ressent dans son oeuvre fictionnelle cinématographique, car il cherche toujours à montrer ce qui est insolite dans le réel. Il s'apparente par là aux surréalistes, bien qu'il n'en soit pas un. Franju s'est beaucoup inspiré du réalisateur Louis Feuillade, qui a créé le personnage de Judex que Franju reprend pour créer son propre Judex en 1963. La séquence que nous avons étudiée est celel du bal masqué. Nous répondrons à la problématique suivante : en quoi le plan rapproché taille en début de séquence permet de nous renseigner sur le personnage de Judex ? Nous étudierons d'abord le plan, puis l'effet qu'il produit sur le spectateur.

La scène débute par un panoramique vertical qui permet de dévoiler peu à peu le personnage et de lui donner de la prestance. La caméra reste ensuite fixe, ce qui permet de décomposer les mouvements du personnage de Judex, dont le visage est caché par un masque d'aigle. Ses mouvements sont lents et comme saccadés, et il évolue avec lenteur. Le plan ici est un plan rapproché taille, qui permet de se familiariser avec le personnage, avec sa situation morale et psychologique, ses intentions et son caractère, tout en mettant l'accent sur son corps. Ici, il souligne le caractère déterminé de Judex, qui est statique au début de la scène. Ce caractère déterminé est renforcé par le regard- caméra que le personnage lance au début de l'extrait. La caméra est objective, nous voyons les actions et mouvements de Judex de façon distancée, ce qui nous permet de nous faire une opinion sur le personnage, opinion qui n'est pas altérée par une quelconque subjectivité.

Le mouvement panoramique donne à Judex prestance et puissance. Il ne se dévoile pas en entier dès le début. On découvre à la fin du panoramique que le visage du personnage est caché par un masque qui souligne sa noblesse, car il a choisi le masque d'un aigle royal, qui donne un indice sur son caractère noble et puissant. Judex fixe la caméra, ce qui produit un effet très troublant, car c'est comme si le personnage était conscient des spectateurs qui le regardent, et ce qui renforce son caractère de justicier. La caméra fixe ainsi que le plan rapproché taille donnent également des informations sur le personnage, car l'intérêt du spectateur avec un tel plan reste focalisé sur son visage et ses mouvements d'épaules, car l'on ne peut voir les expressions du visage de Judex, caché derrière le masque. Les épaules de Judex restent droites, ce qui peut souligner son caractère juste, ce qui est encore un clin d'oeil à sa personnalité de justicier. En outre, la musique extradiégétique donne un caractère dramatique et étrange à la scène, ce qui peut mettre le spectateur mal à l'aise, d'autant plus qu'on ne peut voir le vrai visage du justicier et donc deviner ses réelles intentions.

Ainsi cet extrait montre que Franju s'est totalement réapproprié le personnage originel de Feuillade en lui apportant sa propre touche d'insolite surréaliste. Ce caractère insolite est révélé par le choix des plans ainsi que celui de la musique, mais aussi par les actions et la posture hiératique du personnage. la caméra objective nous permet d'analyser les mouvements de Judex car nous restons à distance. De même le plan rapproché taille nous aide à comprendre les motivations du personnage, bien que le masque,  au contraire, n'y aide pas. Franju ainsi, après Feuillade, laisse son empreinte de magie. Son propre monde baigne dans la magie incarnée par les tours de prestidigitateur de Judex, et dans un onirisme créé par la lenteur de la scène et- sa recherche de l'insolite.

Elisabeth Noui, 1ère L2

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