samedi 14 février 2015

JUDEX (1963)

Séquence du bal des oiseaux



L'horloge et le miroir

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Voir la séquence sur https://www.youtube.com/watch?v=xS_hq0MlNwo

Judex est un film fantastique réalisé en 1963 par Georges Franju. Ce réalisateur, né en 1912, commence d'abord par une carrière de décorateur de théâtre, puis d'affichiste. Il accepte en suite un emploi dans une imprimerie et rencontre Henri Langlois, avec qui il commence une carrière de cinéaste en tournant le court-métrage Métro. Il fait ensuite, entre 1948 et 1958, treize courts-métrages et s'impose comme chef de file du documentaire français. Franju est inspiré par les films en noir et blanc, les films muets, le cinéma scientifique et les ciné-feuilletons de Louis Feuillade.Feuillade est le cinéaste qui a lancé le personnage de Judex au cinéma, ainsi que Fantômas et Irma Vep dans Les Vampires. Franju a repris le personnage de Judex des ciné-feuilletons de Feuillade et en fait un film en noir et blanc.

Le plan que nous allons étudier prend place pendant la séquence du bal des oiseaux. C'est le plan d'ensemble où on voit et entend l'horloge sonner. Durant ce plan, plus personne dans la salle de bal n'ouvre la bouche, le silence est tel que le tintement de l'horloge se retrouve amplifié, et donne l'illusion de résonner dans toute la salle. Ce plan est très long, et plus les secondes passent, plus la caméra zoome sur l'horloge. Derrière l'horloge se trouve un miroir.

On peut voir dans ce plan une série d'oppositions et d'éléments symboliques. L'horloge sonne les douze coups de minuit, l'heure de la magie, et plonge ainsi la scène jusqu'à présent réaliste dans un contexte surréaliste. Elle marque la transition. On peut voir dans le miroir que personne ne bouge, comme si le temps était figé alors que l'horloge sonne justement pour signaler qu'il passe. Le miroir peut aussi symboliser le monde parallèle, et peut montrer qu'à minuit le banquier est plongé dans un monde surnaturel où toutes les forces cosmiques se mobilisent pour provoquer sa mort, aussi étrange puisse-t-elle paraître. Le miroir crée en outre une mise en abyme : nous spectateurs regardons des personnages qui se regardent dans un miroir. Le spectateur est aussi victime de ce passage dans le surréel par la présence du miroir. Il se regarde dans un miroir, mais n'y voit pas son reflet. Le plan montre d'abord le reflet du banquier, qui est le seul à être face au miroir, et le zoom permet de révéler la présence de Judex non loin de lui. Le plan est suffisamment long pour que le spectateur puisse s'attarder sur les détails à l'écran, et aussi pour immerger la scène dans l'insolite en suscitant les questions :  "Qu'est-ce que Franju a voulu montrer et souligner dans la longueur de ce plan ?"  "Ce plan montre-t-il vraiment une simple horloge qui sonne, ou montre-t-il un objet insolite et formidable pour qu'on lui accorde autant de temps ?" Franju met ainsi le spectateur dans le doute par la longueur de ce plan, et lui fait reconsidérer la normalité de l'horloge. En remettant en question des notions comme la normalité, il plonge la scène dans le surréalisme, voire le fantastique.

Abigaël Aupetit, 1ère L2


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