dimanche 26 novembre 2017

Journal de bord Aénor Balan WOS 2017




Membre du jury lycéen lors du festival War On Screen 2017 et ayant vécu une expérience particulièrement enrichissante, je vous propose de vous la faire partager!
Mercredi 04/10/2017 :

Trop impatientes pour attendre l’après-midi et commencer à regarder les films du festival, nous sommes allées avec Emma chercher plus tôt nos accréditations le mercredi. Nous avions déjà prévu absolument tous les films à voir, les horaires, les cours loupés… On ne voulait rien rater du festival, pour nous c’était clair : être jury lycéen, ce n’est pas tous les jours. A 10h, le premier film s’intitulait ACCROSS THE UNIVERSE et était projeté à la médiathèque Pompidou. (Le festival est bien imaginé pour la diversité des salles de projections qui sont bien situées les unes par rapport aux autres.) Construit autour de 34 chansons de Beatles (groupe que j’adore), qui retrace l’histoire d’amour d’un jeune couple dans les 60’s. C’était un de mes préférés du festival, il était coloré et nous amenait dans un autre univers. A la fin, c’était la course pour manger et arriver à l’heure pour CAHIER AFRICAIN à la comète, long-métrage de la compétition. Emma et moi n’étions pas dérangées par tous les déplacements et les petites pauses, on était déjà trop excitées de regarder des films tous les jours pendant le festival ! C’était un documentaire suisse sur les exactions commises en République centrafricaine entre 2002 et 2003, dont nous n’avions jamais entendu parler. Nous en sommes sorties retournées, par la longueur et les faits relatés, l’ambiance était différente du film vu précédemment, mais il nous a mises au courant sur ce qu’il s’était passé et la souffrance des populations. Après un moment de silence, nous avons débattu de nos impressions devant la comète, sur les bancs. Nous y étions presque tout le temps, et cela nous permettait de rencontrer des gens qui passent sur le festival et d’engager la conversation. On se sentait amenés à le faire, aller vers les gens, la taille du festival le rend plus convivial et l’agencement des coins de repos était bien pensé. Vers 15h15, début des choses sérieuses : rendez-vous avec Johanna pour recevoir nos sacs wos 2017, photos et interviews pour l’Union. On a passé du temps avec l’équipe de jurés, on a partagé nos impressions du premier jour, on se rapprochait petit à petit. A 16h, tout ce petit monde est allé voir LOW TIDE, autre long-métrage de la compétition. Il était filmé de manière extrêmement réaliste, c’était tout ce que j’ai aimé dans ce long-métrage. Il m’a paru incompréhensible et je ne l’ai entièrement compris que par la gazette du festival (merci !) qui m’a apporté un regard neuf sur ce film, mais il n’était clairement pas dans mes favoris du festival. Vers 18h30 commença la cérémonie d’ouverture ! Ce fut une longue cérémonie mais qui nous présentait intégralement le festival et les films projetés, leur intérêt … S’ensuivit l’inauguration d’une exposition au dernier étage de la comète, dont l’œuvre principale était une fresque superbe. Sur cette dernière nous pouvions voir les visages de différents personnages photographiés, les uns à côtés des autres, sans qu’ils soient sur la même photographie à la base, le tout en noir et blanc. Le regard des soldats était très bien reproduit, c’est ce qui m’a plu. Après notre coupe de champagne, l’équipe est partie à la cantine avant la projection du film d’ouverture AU REVOIR LA HAUT. J’ai vraiment trouvé ce film beau. Les images étaient colorées, les thématique des masques et des oiseaux étaient touchantes et riches et les acteurs sont doués : j’en connaissais la plupart, mais j’ai à nouveau découvert le talent de Nahuel Perez Biscayart. Ce film mêlait habilement humour et gravité.

J'étais exténuée mais satisfaite !



Jeudi 05/10/2017 :

Après un réveil difficile, Emma et moi étions en forme pour la projection de WOMEN OF THE WEEPING RIVER à la comète à 10h. Ce film montrait très bien la réalité des conflits entre chrétiens et musulmans, contenait des passages très touchants, mais d’autres très longs, trop longs. Nous n’avions aucun film de prévu avant 15h45, donc nous sommes allées sur les canapés devant, pour que je fasse mon journal de bord (celui-là même que vous êtes en train de lire). Nous avons appris à connaître les vigiles ce jour-là, ils étaient très avenants derrière leurs habits noirs. Après avoir mangé, Emma et moi avons travaillé, et oui c’est possible, et de la philo qui plus est. Le coin réservé au bar au sous-sol de la comète était très silencieux, ce qui nous a permis de nous concentrer assez facilement. LES AILES DU DESIR de Wim Wenders était le film projeté à 15h45. Je ne regrette pas d’être allée le voir : le parallèle entre le monde des anges et des hommes, le noir et blanc et les couleurs, les monologues poétiques sont tant de choses que j’ai aimées. Nous enchaînions ensuite avec une projection de court-métrage en réalité virtuelle, première expérience de réalité virtuelle pour moi, je ne tenais pas en place. J’en suis ressortie impressionnée mais déçue : l’image était trop pixellisée, cela m’a provoqué un mal de crâne. L’objet du court-métrage était la bombe atomique et l’action se passait en Australie mais je n’ai pas saisi le but du court-métrage, qui était trop condensé pour être intelligible. Après une pause carnet de bord et un passage à la cantine, nous sommes allées avec Emma et Maxence, un jury du lycée Ozanam, voir le film COLONEL REDL d’Istvan Szabo. Sous l’empire austro-hongrois, un soldat montant les échelons dans l'armée progressivement refoule son homosexualité. Les combats intérieurs qu’il avait à mener m’ont touchée, je le haïssais parfois mais je comprenais ses actes. J’ai beaucoup apprécié de voir un film « ancien », de voir une manière de tourner différente. Cette journée était encore plus fatigante que celle d’hier, mais nous étions euphoriques de vivre ce festival, alors on oubliait la fatigue, je n’ai jamais dormi pendant une seule projection d'ailleurs!


Vendredi 06/10/2017 :

Ce matin-là nous avions décidé avec Emma de voir un film d’animation, pour toucher un peu à tout et nous sommes donc allées voir LA BATAILLE GEANTE DE BOULES DE NEIGE ! L’histoire d’un groupe d’enfants qui font une guerre de boules de neige, en la prenant beaucoup trop au sérieux. Le chien, que tous les enfants appréciaient, meurt à la fin d’un énième conflit… ce passage était le plus triste du festival. C’était une leçon de vie, il y a des limites à tout et la représentation des rapports de force au sein d’un groupe d’enfants était bien faite, en plus de mettre en avant la question de l’égalité hommes/femmes. Suite à cette projection, nous sommes allées boire un café devant la comète (c’est notre manière d’oublier la fatigue, la somme café + euphorie), avant de retourner à Bayen pour voir ERA OF DANCE, qu’on attendait énormément. Ce film (qui était en vérité un documentaire) traitait d’une nouvelle esthétique musicale à la fin du mur de Berlin et de la guerre froide. Nous avions envie de savoir comment une sorte de diplomatie secrète s’était créée pour faire naître la dance et la techno en RDA. Tellement déçues par le fait que ce soit sous forme de documentaire, nous avons quitté la salle après les 10 premières minutes… J’avais honte, je n’aime pas faire ça mais dans un festival de films de guerre, ce que j’apprécie c’est de vivre les conflits par une histoire, la vivre en parallèle des personnages ou la sentir valable pour moi aussi. Je ne ressens pas ce sentiment avec des documentaires et c’est looooong. Les premières images ne m’ont vraiment pas plu, ce qui ne m’a pas retenu dans la salle. Après avoir mangé, nous avons croisé le jury étudiant qui était resté dans la salle de projection d’ERA OF DANCE, il paraît qu’il était génial. Bon, je le saurais pour le coup d’après, qu’il ne faut pas se borner aux premières impressions, mais je n’ai pas regretté d’avoir quitté la salle. Nous avons aussi souvent croisé Olivier BROCHE durant le festival, qui était un des programmateurs des courts-métrages. J’ai aimé la plupart des films qu’il nous conseillait et ses grands sourires nous faisaient, à Emma et moi, grand plaisir. Nous l’avons donc croisé avant la première séance de courts-métrages, nous étions pressées de commencer enfin à faire notre job ! Entre les 7 courts-métrages proposés, j’ai tout de suite eu mes préférences, mais c’était intéressant de savoir dire pourquoi je n’en avais pas aimé certains et préféré d’autres. Le temps de prise de notes était extrêmement court, mais cela nous forçait à synthétiser et à nous concentrer sur chaque projection, pour ne rien louper. Lors du débriefing, Estelle LARRIVAZ, présidente du jury lycéen, nous a donné des pistes d’analyse intéressantes sur tous les courts-métrages. J’étais contente de vivre ces débats, même si nous n’avions pas tous le même avis et que certains blablataient beaucoup pour pas grand-chose. Ce soir-là nous avons mangé avec Johanna, la responsable du jury lycéen, j’ai adoré qu’on parle tous ensembles. Je n’avais pas de projection de prévue je suis donc rentrée chez moi, j’ai même fait peur à ma mère parce qu’elle n’était pas habituée à ce que je rentre si tôt !



Samedi 07/10/2017 :

Ce samedi matin, je suis allée avec Maxence voir JEANNE D’ARC d’Otto PREMINGER. Notre trio était incomplet, Emma ne s’étant effectivement pas réveillée pour la projection de 10h (ça fatigue de regarder des films toutes la journée, soyez prêts si vous souhaitez le faire !). J’ai beaucoup apprécié le fait qu’il soit tourné en noir et blanc, en plus du jeu de Jean SEBERG. Elle était émouvante, cela la rendait encore plus belle d’incarner une jeanne d’arc convaincue et habitée par le saint esprit, qui critique l’Eglise de l’époque : on sentait en elle quelque chose de pur. Après la cantine, le café, le journal de bord, Johanna nous avait conseillé d’aller voir les courts-métrages sélectionnés dans la programmation du Poitiers Films Festival, où sont projetés des courts-métrages réalisés par des étudiants en école de cinéma. Ce fut une des plus belles expériences du festival. Je découvrais vraiment la richesse du court-métrage, chacun d’eux passait un message, était rythmé et parfois un court-métrage en dit plus qu’un film. Pour une après-midi de courts-métrages, c’en fut une : il s’ensuivit la dernière séance de projection des courts-métrages de la compétition, séance encore une fois très riche. Puis vint les délibérations finales. C’était compliqué, très compliqué. Il a fallu faire des compromis, on est obligé de prendre sur soi et on apprend des autres. Finalement nous avons fait un choix judicieux en décernant le prix du meilleur court-métrage à BATTALION TO MY BEAT, qui montre le rêve naïf d’une jeune algérienne de s’engager dans l’armée pour sauver son pays de l’occupation, et le prix du jury à TEMOINS, court-métrage qui traite d’une photographie mal interprétée en Occident sur les combats contre Daesh en Syrie, qui va avoir des conséquences pour la photographe. Après ces délibérations, on est tous allés manger, j’ai pris un café pour tenir lors de la projection de THE BOMB, à 22h. Il a provoqué en moi de l’horreur et de la fascination, devant cet objet, la bombe nucléaire, ayant le pouvoir de tout détruire.



Dimanche 08/10/2017 :

Ce dernier jour de festival a commencé par un long métrage de la compétition : WESTERN. Il racontait l’histoire d’Allemands s’installant en Bulgarie et ayant des difficultés à sympathiser avec les habitants.  Le film était très long, mais l’acteur principal m’a touchée, il tentait de briser les barrières entre les deux groupes en conflit, maladroitement mais il essayait et il a réussi. A 16h était prévu THE YELLOW BIRDS, mais à cause d’un problème technique la projection a été annulée… Plus qu’à attendre la cérémonie de clôture pour enfin évacuer le stress dû à la prise de parole pour annoncer notre choix, nous petits lycéens, mais grand jury. Après le café, le journal de bord et des répéts de notre show, nous avons retrouvé Johanna à 18h pour un dernier débriefing. L’ambiance y était conviviale, c’était un festival qui s’achevait, on avait tous appris à se connaître, on allait annoncer les résultats ce soir, on angoissait un peu. La cérémonie était magique, les prix étaient justement décernés : l’acteur dans le film WESTERN a obtenu un prix pour son jeu ! On a cartonné pour la remise des prix, des bons retours sur notre prestation nous sont parvenus après la cérémonie. La cérémonie était agréable à vivre, en tant que jeunes on ne se sentait pas à l’écart, au contraire ! Le cocktail de clôture nous a permis de dire au revoir à Johanna, c’était un beau moment, je n’oublierais pas cette euphorie que j’ai ressentie pendant le festival. Le film de clôture traitait d’un sujet trop peu abordé, le génocide arménien. Le problème c’est qu’il avait les particularités d’un blockbuster : une fin prévisible, des personnages toujours très beaux et un trio d’acteurs connus… En sortant du film nous étions dépitées avec Emma et Maxence, WOS c’était fini. Nous avons croisé Paola Caretta, la coordinatrice générale de la comète, avec qui nous avions déjà brièvement parlé. On a discuté des courts-métrages, de leur intérêt, des trop longs films, des blockbusters, etc. et c’était agréable ! Elle nous a encouragés à nous déplacer à Clermont et à Poitiers pour en regarder et être immergé dans les festivals de courts-métrages!

En conclusion, tentez cette expérience, je vous souhaite vraiment de la vivre, on a tout à y gagner.

Aénor

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