samedi 4 octobre 2014

Notre terrible pays

Critique du film "Notre terrible pays"

          Ce documentaire, filmé caméra à l’épaule, nous entraîne au cœur de la vie en Syrie pendant la révolte contre le régime de Bachar Al Assad. Nous suivons le parcours de Ziad Hamsi, jeune de 24 ans et réalisateur du film, et de l’écrivain et dissident Yassin Haj Saleh lors de leur périple de Damas en Syrie  jusqu’à la ville de Raqqa, aux mains de l'Etat Islamique.

            Le concept de ce film est très intéressant. Les images tremblantes et les paroles en arabe sont l’essentiel du reportage de guerre.  Sans censure, cela nous offre la sincérité et la douleur des hommes dont la caméra croise le chemin. Ils se révèlent et nous livrent également l'histoire difficile et compliquée de leur pays. Leur témoignage est poignant et nous montre l'autre côté de la rébellion. On ne peut qu’être ému devant l'histoire de Yassin, arrêté lorsqu’il avait seulement 20 ans et retenu pendant 16 ans dans les geôles syriennes, qui rejoint clandestinement Raqqa dans l’espoir de retrouver son frère enlevé par l’État Islamique. Par le regard de Ziad, celui de la jeunesse combattant pour la liberté, nous découvrons la vie dans les villes aux mains des rebelles libres et dorénavant hors de danger, les habitants les ont pourtant désertées et ne sont pas revenus. La caméra nous fait découvrir une ville fantôme dont les immeubles sont à moitié démolis, édifiante de silence et figée à tout jamais dans l'horreur du conflit. Le documentaire, très touchant, nous ramène vraiment à la réalité à travers ce triste spectacle qui fait froid  dans le dos. Yassin nous fait visiter ce no man's land : des enfants continuent à jouer dans les rues de cette ville morte, où le conflit faisait rage quelque temps auparavant. Un sentiment de solitude et d'accablement s'abat sur nous, spectateurs confortablement installés dans notre siège et pourtant transportés en Syrie en compagnie de Ziad et Yassin.


            A travers ce documentaire, Mohammad Ali Atassi (le second caméraman) et Ziad Hamsi nous font comprendre le tournant horrible qu'a pris le conflit en Syrie, donnant naissance à l’État Islamique. Selon les jeunes réalisateurs, cet état est autant l'ennemi que le régime, bien qu'il soit né de la révolte. La fin est émouvante comme cette scène au restaurant où Ziad et Yassin, dont nous avons suivi tout le parcours, craquent finalement devant la caméra et se mettent à pleurer. Le jeune homme nous dit que même s'il refuse de prendre les armes pour l’État Islamique, il continuera toujours à se battre pour sa famille restée en Syrie.

Marine et Nina

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