samedi 29 novembre 2014

En quoi le film La nuit du chasseur évoque-t-il un conte merveilleux ?

            Ce film, La nuit du chasseur de Charles Laughton, réalisé en 1955, évoque par bien des aspects un conte pour enfants.

            Ce lien avec le conte merveilleux est tout d'abord montré par le schéma actantiel présentant un héros, John, ayant pour but de garder en secret l'argent de son père et de protéger sa petite sœur, Pearl. Le héros rencontre dans ce film quelques obstacles, provoqués par Harry Powell, le prêcheur et imposteur, qui veut récupérer l'argent que John et Pearl cachent en secret. Willa Harper, la mère des enfants, et Icey Spoon sont à leur tour les opposants de la quête de John. En revanche, le héros est aidé par Rachel Cooper qui les recueille à la suite de leur traversée de la rivière. Ils veulent échapper à Harry Powell qui les poursuit jusqu'à la résidence de cette femme.
            De plus, le schéma narratif de l'histoire s'apparente au conte : la situation finale est un dénouement heureux. En effet, l'imposteur est arrêté et condamné tandis que les enfants sont élevés par Rachel Cooper. Par ailleurs, la situations initiale, l'élément perturbateur, les péripéties et la résolution sont tout de même présents et forment le schéma narratif qui structure l'histoire comme si le film était un véritable conte merveilleux.
            D'autre part, la dimension onirique instaure une frontière entre la réalité et le rêve. Cela se retrouve au moment de la traversée de la forêt, mais aussi dans les gros plans sur les animaux pendant le périple des enfants sur la rivière. Ceci est également présent avec l'absence de localisation puisque le temps et l'espace sont abolis dans ce film : on ne sait pas où ni quand se déroule la traversée des enfants. De plus, l'absence d'êtres humains mais aussi le fait que cette traversée se déroule la nuit, sous un ciel étoilé, nous fait perdre toute notion du temps qui passe, entre leur départ du village et leur arrivée chez Rachel Cooper.
            Comme dans tout conte, le film repose aussi sur une visée didactique nous montrant l'opposition entre le bien et le mal mais également entre Dieu et le diable. Cela se traduit à l'écran par les jeux d'ombres et de lumières et par la fermeture à l'iris sur Harry Powell qui symbolise le mal, afin d'accentuer la menace qu'il représente pour le héros.
            En outre, la dimension orale est un élément principal du conte et le film y a recours : l'intervention de la narratrice dans le prologue et les personnages qui racontent une histoire à leur tour comme l'histoire de la vie contée par Harry Powell, l'histoire que Pearl raconte à la poupée dans la barque mais aussi celle de Rachel Cooper racontée aux enfants.
            Enfin, ce film fait de nombreux clins d'œil à certains contes comme celui de "Barbe Bleue" qui devient le surnom donné par le public à l'imposteur et faux prêcheur, au moment de son procès mais aussi le conte "La belle au bois dormant" que l'on retrouve lorsque Harry Powell progresse avec beaucoup de mal dans la forêt afin d'atteindre en vain les enfants dans leur barque. Cela rappelle le moment où, dans le conte, le prince tente d'entrer dans le château recouvert de ronces depuis cent ans pour délivrer la princesse prisonnière de son sommeil.

            Ce film évoque donc le conte merveilleux par des procédés appartenant au conte tels que le schéma actantiel et narratif, la dimension onirique et orale, la visée didactique finale et la référence aux contes merveilleux

Justine Carayon
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