lundi 7 décembre 2015

KING OF COMEDY
De Martin Scorsese


Le film s'ouvre sur une émission télévisée de Jerry Langford, s'en suit la sortie de son animateur qui peine à avancer dans la foule de fans qui l'attendait et le supplie pour un autographe. Sous une rafale de flashs de photos, Jerry arrive à entrer dans sa voiture grâce à la protection de ses gardes du corps. Cependant, Masha, une fan qui avait réussi à s'introduire dans sa voiture auparavant, lui saute dessus. Jerry parvient à se défaire de son emprise et, avec l'aide d'un homme, sort de la voiture tandis que Masha tape sur la vitre pour rejoindre Jerry, comme s'il s'agissait d'un écran de télévision dans lequel elle voudrait entrer. Cet homme, plus calme que les autres parmi la foule, c'est Rupert Pupkin. Retenez-bien son nom.

King of comedy traite de la folie de son personnage principal, Rupert Pupkin, et joue sur une confusion entre le réel et l'irréel. En effet, des scènes entières sortent de l'imagination de ce chasseur d'autographes qui rêve de devenir le "Roi du rire" ("King of comedy" en anglais) et qui parle à des pancartes représentant des célébrités. Très vite, ses visions obsessionnelles deviennent des affabulations et l'homme qui paraissait tout à fait sain d'esprit au début se révèle en tant que fanatique. Son délire entraîne le spectateur dans le doute : il ne sait plus ce qui est réel et ce qui appartient à l'imaginaire de Pupkin, notamment avec la mère, comme une référence à Psychose de Hitchcock. On l'entend mais elle n'apparaît jamais à l'écran. Cette voix est-elle le fruit de l'imagination de Pupkin ? Ment-il en disant dans son numéro que sa mère est morte ? Le doute culmine à la fin du film où le spectateur doit choisir ou rester dans l'indécision.

Martin Scorsese livre une oeuvre qui s'attaque à un sujet complètement différent de ses films précédents et dirige pour la cinquième fois Robert de Niro, très loin de son rôle de gangster de Mean Streets, même si la figure du anti-héros est toujours bien présente. Jerry Lewis, un célèbre comique américain à l'époque, joue le rôle de Langford, qu'il interprète, paradoxalement, avec beaucoup de sérieux. Scorsese filme la détermination implacable de Pupkin en soulignant sa démence et sa solitude, notamment en utilisant le travelling arrière pour montrer Pupkin qui s'entraîne devant une affiche, imaginant les rires de l'auditoire.

L'aspect dramatique du film se mêle à une dimension comique ; Scorsese utilise le gag, tel que l'écorchement systématique du nom de Pupkin, qui participe à la création d'une réflexion tragique sur l'hypocrisie du monde télévisuel : le manque de reconnaissance, en dépit du talent, et la part de chance pour atteindre le succès. C'est donc une satire que nous offre ici Scorsese. De plus, le personnage de Masha est lui aussi comique car elle est complètement folle et instable : elle peut passer du rire aux pleurs, du calme à l'hystérie très rapidement. Néanmoins, alors que la folie de Masha est flagrante, celle de Pupkin est insoupçonnable de prime abord et n'éveille pas la méfiance. Qui est le pire entre Masha et Pupkin ?


Marion Pourrier, 1L2.

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