Comme
tous les soirs je suis assise derrière mon piano, dans ma bulle, je
rejoue ce morceau pour la énième fois, ce morceau qui me fait tant
chavirer.
Soudain
j'aperçois sa silhouette avancer pas à pas vers le comptoir. Il est
là... affalé sur le haut tabouret. Je ne vois que sa nuque brune
offerte à la lumière blanche et froide.
Pendant
plusieurs secondes il ne bouge pas. Tout à coup, je le vois se
mettre en marche. Il s'approche de moi lentement. Est-ce déjà la
fin ? Je ne suis pas encore prête. Il me regarde droit dans les
yeux. Je le laisse m'admirer. Ces yeux me transpercent, sa présence
me traverse mais je ne bouge pas. Il sort son arme en la pointant
vers moi mais je ne le crains pas. Une fois de plus il ne me parle
pas. Cet homme est si froid... Il est mon ennemi, c'est vrai. Lui et
moi sommes si différents mais à la fois si semblables...
Tout
à coup, j'entends un coup de feu. Il s'écroule.
Je
le savais mais je ne voulais pas y croire. Est-il vraiment mort ?
Dire que cela était déjà joué d'avance, nos destins étaient
finalement scellés. Moi figée sur ma banquette, et lui étendu à
mes pieds, sans vie, je me rends compte que mon amour pour lui était
vraiment sincère, bien au-delà des jeux qui nous attiraient l'un
vers l'autre. Ce soir là une partie de moi s'est envolée avec lui.
Comme
tous les soirs je suis assise derrière mon piano, enfermée entre
les parois miroitantes de ce monde froid. Le morceau que jouent mes
doigts ne me fera plus jamais rêver.
Marine
Colmart et Amel Cherit
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