Pour
l'anniversaire
des quarante-cinq ans de sa mort, Jean-Pierre
Melville a accepté de répondre à quelques unes de nos questions
durant une interview pour notre magazine, Le
p'tit Yenba.
Vous
êtes mort en 1973, pouvez-vous nous retracer l'histoire de votre
vie, et de votre carrière ?
Oui,
bien sûr... Je suis né en en France en 1917, sous le nom de
Jean-Pierre Grumbach, dans une famille juive alsacienne. J'étais
scénariste et réalisateur. Imaginez ! A sept ans je recevais ma première
caméra ! Et à quinze, je découvrais le film Cavalcade, de
Frank Lloyd. Tous ces événements réunis m'ont donné l'envie de
faire ce métier de cinéaste, après avoir eu mon bac.
Avez-vous
consacré toute votre vie au cinéma ?
Non,
après avoir fait mon service militaire durant les années 1939 et
1940, je suis allé a Londres en 1942 où je me suis engagé dans la Résistance avec les Forces françaises libres. C'est aussi à ce
moment que j'ai troqué mon nom pour celui de Melville en hommage à
Herman Melville, l'auteur américain de Moby Dick,
qui était mon écrivain préféré. J'ai participé
aux campagnes d'Afrique et d'Italie, ainsi qu'au débarquement en
Provence, ma
participation à la guerre a forgé l'homme que j'étais.
L'homme
que vous étiez ?
J'étais
quelqu'un que l'on qualifierait de "control freak". J'ai toujours aimé
avoir le contrôle sur ce que je faisais, un vrai perfectionniste !
*rire*
J'écrivais, je réalisais, je produisais, je montais, je voulais
tout gérer. De plus j'étais anxieux, maniaque et hypocondriaque.
Vous
aviez un style particulier, n'est-ce pas, autant
dans vos films que dans votre personnage
?
J'ai
toujours adoré faire des films noirs. La plupart des thèmes qui
ressortaient de mes projets étaient souvent l’échec, la solitude
et/ou la mort.Ll'utilisation du noir et blanc les mettait bien en
valeur. Concernant mon style, j'adorais mes lunettes, mon stetson et
mes cigares, un vrai directeur américain.
Pensiez-vous
faire partie de la Nouvelle vague ?
Non,
mais je
pense avoir
marqué les jeunes cinéastes qui en ont fait partie ainsi
que ceux du Nouvel Hollywood. Maintenant que je suis mort, je réalise
avoir été leur père spirituel.
Pour
terminer, êtes-vous satisfait de la vie que vous avez eue ?
Oui,
je suis assez fier de mon parcours militaire et cinématographique,
d'avoir créé mes propres studios et d'avoir eu la possibilité d’être
acteur dans le film A
bout de souffle.
Après avoir eu de grand succès avec Le
samouraï,
Le cercle rouge, L’armée
des ombres, Deuxième
souffle, le
stress
dû à l’échec
d'un de mes films m'a causé un AVC à 56 ans. Je suis mort en 1973,
mais j’espère
avoir marqué les générations...
Marie-Amélie
et Océane
Sources :
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