vendredi 19 janvier 2018

De l'ombre de Costello à la lumière du samouraï

http://allofcinema.com/wp-content/uploads/2016/03/Luchshie-filmyi-v-retsenziyah-Samuray-Le-samourai-1967.jpg 
L'affiche du film Le Samouraï avec comme vedette Alain Delon a été rénovée l'année dernière. L'ancienne affiche datant de la date de sortie du film, en 1967, est complètement opposée à la nouvelle.
 
L'affiche de 1967 comporte un fond blanc sur lequel le titre ressort par sa couleur rouge sang, en référence au travail du tueur à gages. La couleur de l'arrière plan met en avant la posture carrée et fermée de Jef Costello. Il ne laisse passer aucune émotion et paraît concentré tel un samouraï. Son attitude sèche et fermée, due au fait qu'il fronce les sourcils, cache ses yeux; évoque d'une manière subtile son travail de mercenaire. Son imperméable deviendra par la suite un élément emblématique du film. 
 
La version restaurée de l'affiche est dans un style totalement différent : les couleurs sont ternes et froides, tonalités qui resteront présentes tout au long du film. Le seul point de lumière se trouve derrière le personnage, illuminant son visage et semble être sa seule échappatoire, la mort. Le personnage est entouré d'obscurité représentant son enfermement dans son travail et sa solitude.

Selon Jean-Pierre Melville, "Un créateur de cinéma est un monteur d'ombres. Il travaille dans le noir." L'affiche restaurée est une référence directe au défunt réalisateur,compte tenu des jeux d'ombres qu'elle présente.

Dans sa main droite, Jef Costello tient un revolver à peine perceptible à cause du peu de luminosité. Cette arme symbolise qui il est, un tueur à gages. L'élément emblématique de cette affiche n'est pas le même que sur l'ancienne, ici c'est le chapeau, tout aussi important que l'imperméable, avec une autre signification. Le chapeau est toujours présent quand il sort, quoi qu'il se passe, contrairement à son imperméable qu'il ne porte qu'a l'occasion du meurtre du gérant du club de jazz ou encore quand l’intermédiaire de ses commanditaires tente de le tuer. Ce chapeau évoque le casque porté par les samouraïs. Sa manière de le mettre est semblable implicitement au rituel de concentration du samouraï avant un combat lorsqu’il revêt son armure. L'expression de son visage est fermée, comme sur l'ancienne affiche. La position en contre plongée de la caméra rend le personnage puissant et intimidant. 
 
Afin de mieux faire comprendre la relation entre l'histoire et le titre, la citation suivante a été rajoutée à l'affiche mais pas dans son intégralité : « Il n'y a pas de solitude plus grande que celle du samouraï sauf peut être celle d'un tigre dans sa jungle » C'est un apocryphe de Jean-Pierre Melville, présent dans la séquence d'ouverture du film. Le réalisateur s'est inspiré du code d'honneur du samouraï, le Bushido, afin d'inventer cette phrase.

Ainsi la nouvelle affiche est plus représentative que l'ancienne de la vie austère que mène Jef Costello.

Margot Davallet et Naïla Sadki


Photo : http://allofcinema.com/samuray-le-samourai-1967/

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