L'affiche du film Le Samouraï avec comme vedette Alain Delon a été rénovée l'année dernière. L'ancienne affiche datant de la date de sortie du film, en 1967, est complètement opposée à la nouvelle.
L'affiche de 1967 comporte un fond blanc sur lequel le titre ressort par sa
couleur rouge sang, en référence au travail du tueur à gages. La couleur de
l'arrière plan met en avant la posture carrée et fermée de Jef
Costello. Il ne laisse passer aucune émotion et paraît concentré
tel un samouraï. Son attitude sèche et fermée, due au fait qu'il
fronce les sourcils, cache ses yeux; évoque d'une manière subtile
son travail de mercenaire. Son imperméable deviendra par la suite
un élément emblématique du film.
La
version restaurée de l'affiche est dans un style totalement
différent : les couleurs sont ternes et froides, tonalités qui resteront
présentes tout au long du film. Le seul point de lumière se trouve
derrière le personnage, illuminant son visage et semble être sa seule
échappatoire, la mort. Le personnage est entouré d'obscurité
représentant son enfermement dans son travail et sa solitude.
Selon Jean-Pierre Melville, "Un créateur de cinéma est un monteur d'ombres. Il travaille dans le
noir." L'affiche
restaurée est une référence directe au défunt réalisateur,compte
tenu des jeux d'ombres qu'elle présente.
Dans
sa main droite, Jef Costello tient un revolver à peine perceptible à
cause du peu de luminosité. Cette arme symbolise qui il est, un
tueur à gages. L'élément emblématique de cette affiche n'est pas
le même que sur l'ancienne, ici c'est le chapeau, tout
aussi important que l'imperméable, avec une autre signification. Le
chapeau est toujours présent quand il sort, quoi qu'il se passe,
contrairement à son imperméable qu'il ne porte qu'a l'occasion du
meurtre du gérant du club de jazz ou encore quand l’intermédiaire
de ses commanditaires tente de le tuer. Ce chapeau évoque le casque
porté par les samouraïs. Sa manière de le mettre est semblable
implicitement au rituel de concentration du samouraï avant un combat
lorsqu’il revêt son armure. L'expression de son visage est fermée, comme sur l'ancienne affiche. La position en contre plongée de la
caméra rend le personnage puissant et intimidant.
Afin
de mieux faire comprendre la relation entre l'histoire et le titre, la
citation suivante a été rajoutée à l'affiche mais pas dans son
intégralité : « Il n'y a pas de solitude plus
grande que celle du samouraï sauf peut être celle d'un tigre dans
sa jungle » C'est un apocryphe de Jean-Pierre Melville,
présent dans la séquence d'ouverture du film. Le réalisateur s'est
inspiré du code d'honneur du samouraï, le Bushido, afin d'inventer
cette phrase.
Ainsi
la nouvelle affiche est plus représentative que l'ancienne de la vie austère que
mène Jef Costello.
Margot
Davallet et Naïla
Sadki
Photo : http://allofcinema.com/samuray-le-samourai-1967/
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