lundi 22 janvier 2018

En cage

Planche de manga: le lien fort entre Jeff Costello et l'oiseau !



Amandine Lebon

L'ellipse finale

De quelle façon Jean Pierre Melville a-t-il manié l'ellipse pour vous piéger et vous surprendre dans la fin du Samouraï ?


 
Dans le premier plan, Jeff Costello se trouve dans sa voiture, un insert sur son arme nous montre qu'elle est chargée, il est prêt a tirer. Ensuite nous suivons Costello dans la salle de jazz sans transition, grâce à un montage cut. Là est l'ellipse.

Nous continuons à suivre Costello avec un panoramique épaule. Il donne son chapeau à l'hôtesse des vestiaires mais laisse le ticket qui lui permet de récupérer son emblématique chapeau.

Mais pourquoi donc?

Nous accompagnons Jeff Costello : un plan d'ensemble nous fait entrer dans la salle de jazz, bondée. Costello se dirige vers le bar. Il met ses gants ostensiblement, il va commettre un meurtre et ne le cache pas. Un champ contre champ s'effectue pour mettre en valeur le regard terrifié du barman qui pense que Costello vient pour le tuer et le regard fixe sans émotion de Costello.

La pianiste entre en scène, un panoramique suit son arrivée puis un plan d'ensemble montre l'orchestre au complet. Le plan rapproché sur le visage de la pianiste nous dévoile un sourire et une incrédulité concernant les événements à venir. 

Nous revenons au point de vue de Costello : le champ contre champ perdure avec dans le regard les mêmes craintes du barman et la même impassibilité de Costello. 

Un panoramique épaule nous amène à la pianiste en suivant les pas de Jeff. Un très gros plan sur les visages de la pianiste et de Costello nous souligne l'étonnement de la pianiste de voir Costello face à elle. Un champ contre champ mime l'échange de regard entre les deux personnages. Puis un insert avec panoramique vertical nous dévoile l'arme de Jeff Costello. Le champ contre champ entre les regards des deux protagonistes continue puis il y a un coup de feu hors champ. Costello est tué.

Un plan d'ensemble sur la salle de jazz nous montre le calme qui fait place à l'affolement. L'insert sur l'arme de Costello nous dévoile que le chargeur est vide, sans aucune balle. 

Vous vous attendiez à ce que Costello tue la pianiste? Eh bien non, Melville vous a bien eu ! En entrant dans le club de jazz, Costello savait pertinemment que la mort l'attendait. L'ellipse nous a caché le moment où Costello vide le chargeur de son arme. Lorsque Costello laisse son ticket de vestiaire, c'est parce qu'il sait qu'il ne reviendra pas le chercher. De même quand il met ses gants il les met sans se cacher du barman car il sait que dorénavant il n'a rien à perdre. Les longs échanges de regards avec la pianiste étaient-ils des adieux ? 

Lorsque le coup de feu retentit hors champ, les choses s'éclaircissent et nous comprenons que c'est Costello qui est touché. Quand le policier ouvre l'arme de Costello vidée de ses balles, tout se met en place dans l'esprit du spectateur : tel un samouraï Costello s'est donné la mort car il avait refusé les ordres de son maître qui étaient de tuer la pianiste.

Suicidaire, Jeff Costello était amoureux de sa mort, il s'est rendu à elle sans hésitation. Il était amoureux de la pianiste... comme l'affirmait lui-même Jean-Pierre Melville : «L’homme porte sa propre mort en lui, mais dans mon film la Mort est personnifiée par Cathy Rosier…. dont Delon va tomber amoureux. »

  
Morgane Bouraquil et Salomé Bailly--Gautron

samedi 20 janvier 2018

Twinkle stars

Qu'est-ce qu'une "star" de Cinéma ?

Tout d'abord, le terme "star" est un terme anglo-saxon qui apparaît lors de la grande période du cinéma hollywoodien au début du XXème siècle. Le "star system" a pour but de tout faire pour que les acteurs deviennent très connus en faisant parler d’eux dans les médias. Il faut donner de soi une image qui fasse rêver. Même dans la vraie vie, les stars doivent donc jouer un rôle afin de montrer une personnalité qui plaît au public. Même dans les interviews, leurs réponses sont parfois préparées pour que les gens retiennent ce qu'ils disent.

 Ce terme vient de l'expression "Star billing" qui signifie "tête d'affiche", mais il peut simplement être traduit par "vedette". 

Alain Delon est une grande star du cinéma français, il a notamment tourné dans de grands films, comme Mélodie En Sous-sol sorti en 1963 avec Jean Gabin et MauriceBiraud ou Le clan des Siciliens sorti en 1969 avec Encore avec Jean Gabin et Lino Ventura, et bien sûr dans Le Samouraï réalisé par Jean-Pierre Melville.


Timothé Béliard et Arthur Bricout

vendredi 19 janvier 2018

Le soir de notre mort...

Comme tous les soirs je suis assise derrière mon piano, dans ma bulle, je rejoue ce morceau pour la énième fois, ce morceau qui me fait tant chavirer.

Soudain j'aperçois sa silhouette avancer pas à pas vers le comptoir. Il est là... affalé sur le haut tabouret. Je ne vois que sa nuque brune offerte à la lumière blanche et froide.

Pendant plusieurs secondes il ne bouge pas. Tout à coup, je le vois se mettre en marche. Il s'approche de moi lentement. Est-ce déjà la fin ? Je ne suis pas encore prête. Il me regarde droit dans les yeux. Je le laisse m'admirer. Ces yeux me transpercent, sa présence me traverse mais je ne bouge pas. Il sort son arme en la pointant vers moi mais je ne le crains pas. Une fois de plus il ne me parle pas. Cet homme est si froid... Il est mon ennemi, c'est vrai. Lui et moi sommes si différents mais à la fois si semblables...

Tout à coup, j'entends un coup de feu. Il s'écroule.

Je le savais mais je ne voulais pas y croire. Est-il vraiment mort ? Dire que cela était déjà joué d'avance, nos destins étaient finalement scellés. Moi figée sur ma banquette, et lui étendu à mes pieds, sans vie, je me rends compte que mon amour pour lui était vraiment sincère, bien au-delà des jeux qui nous attiraient l'un vers l'autre. Ce soir là une partie de moi s'est envolée avec lui.

Comme tous les soirs je suis assise derrière mon piano, enfermée entre les parois miroitantes de ce monde froid. Le morceau que jouent mes doigts ne me fera plus jamais rêver.


Marine Colmart et Amel Cherit

L'alibi

Jane ouvrit la porte. Jef se faufila à l'intérieur. Son chapeau laissait entrevoir sa mâchoire saillante et énergique, mais la raideur de sa démarche traduisait sa tension intérieure. 

Il vérifia d'un regard rapide si l'appartement était vide, puis se tourna calmement vers la jeune femme. Celle-ci ne parut pas choquée de son comportement, le laissant entrer sans aucune réticence. Il lui demanda d'un ton égal d'affirmer en cas d'enquête qu'ils étaient restés ensemble de 19h15 à 1h 45. La jeune femme ne parut pas surprise et acquiesça sans un mot.

La tête haute, visage fermé, il se dirigea vers la porte de l'appartement et prit le temps d'échanger un dernier regard avec sa complice.

Il patienta en silence sur le palier jusqu'à ce que résonne le bourdonnement de la porte d'entrée. D'un geste délibéré, il sortit de l'ombre où il s'était caché pour croiser l'arrivant sous la lumière du néon.

Dehors, il se dirigea d'un pas mécanique vers une rue sombre et déserte, les yeux en alerte sous la visière de son chapeau, les poings enfoncés dans les poches de son imperméable.


Inès Martinez et Eva Gautron

The samurai is a loner... Really ?!

"Avec son tueur à gages mystérieux et presque mutique interprété par Alain Delon qui endosse ici l'un des rôles phares de sa carrière, son style minimaliste et précis, sa capacité à élever un film, le film noir, au niveau d'une tragédie antique, ce chef-d’œuvre glacé et cinéphile est devenu un immense réservoir de motifs dans lequel de nombreux cinéastes sont venus puiser, de Jim Jarmusch (Ghost Dog The way of the samurai) à Jhon Woo (The Killer), en passant par Alain Corneau (Police Python 357) ou encore Michael Mann (Heat).”

  (Jean-Baptiste THORET)



THE SAMURAI IS A LONER…

...Is he?


Pierre Melville's The Samurai (“Le Samouraï”) was a real success… Actually, the story, which is really deep, inspired many film producers, and not only in the genre of the “film noir” but also with some recurring themes such as plot, references to the Way Of The Samurai, the hit-man as main character,… Let's have a closer look at some of these “Melville's Samurai-inspired films” !

In 1976, Alain Coneau, another French film producer, released, on March 31st, Police Python 357. It tells the story of a French police inspector starring Yves Montand  who is leading a murder investigation in which he is the chief suspect…

Then, it's John Woo's turn with The Killer (1989, Hong Kong), which is probably the best known film inspired by The Samurai… A disillusioned hit-man accepts one last murder in hope of using his gains to heal a singer he accidentally has blinded, only to be betrayed by his boss.

Michael Mann's Heat (1996) which shows a group of professional bank robbers tracked by the police after having left a clue during their last heist, while both sides are trying to find a way to balance between personal and professional life…

And, eventually, Jim Jarmusch with his Ghost Dog (The Way Of The Samurai) (1999) : an Afro-Amercan hit-man who models himself after the ancient Japanese samurai way finds himself targeted by the mob…

So, if you liked The Samurai, you can try to watch one of these masterpieces, unless you have already watched all of them…


Amandine PAYANT & Léa DEBOUYS

De l'ombre de Costello à la lumière du samouraï

http://allofcinema.com/wp-content/uploads/2016/03/Luchshie-filmyi-v-retsenziyah-Samuray-Le-samourai-1967.jpg 
L'affiche du film Le Samouraï avec comme vedette Alain Delon a été rénovée l'année dernière. L'ancienne affiche datant de la date de sortie du film, en 1967, est complètement opposée à la nouvelle.
 
L'affiche de 1967 comporte un fond blanc sur lequel le titre ressort par sa couleur rouge sang, en référence au travail du tueur à gages. La couleur de l'arrière plan met en avant la posture carrée et fermée de Jef Costello. Il ne laisse passer aucune émotion et paraît concentré tel un samouraï. Son attitude sèche et fermée, due au fait qu'il fronce les sourcils, cache ses yeux; évoque d'une manière subtile son travail de mercenaire. Son imperméable deviendra par la suite un élément emblématique du film. 
 
La version restaurée de l'affiche est dans un style totalement différent : les couleurs sont ternes et froides, tonalités qui resteront présentes tout au long du film. Le seul point de lumière se trouve derrière le personnage, illuminant son visage et semble être sa seule échappatoire, la mort. Le personnage est entouré d'obscurité représentant son enfermement dans son travail et sa solitude.

Selon Jean-Pierre Melville, "Un créateur de cinéma est un monteur d'ombres. Il travaille dans le noir." L'affiche restaurée est une référence directe au défunt réalisateur,compte tenu des jeux d'ombres qu'elle présente.

Dans sa main droite, Jef Costello tient un revolver à peine perceptible à cause du peu de luminosité. Cette arme symbolise qui il est, un tueur à gages. L'élément emblématique de cette affiche n'est pas le même que sur l'ancienne, ici c'est le chapeau, tout aussi important que l'imperméable, avec une autre signification. Le chapeau est toujours présent quand il sort, quoi qu'il se passe, contrairement à son imperméable qu'il ne porte qu'a l'occasion du meurtre du gérant du club de jazz ou encore quand l’intermédiaire de ses commanditaires tente de le tuer. Ce chapeau évoque le casque porté par les samouraïs. Sa manière de le mettre est semblable implicitement au rituel de concentration du samouraï avant un combat lorsqu’il revêt son armure. L'expression de son visage est fermée, comme sur l'ancienne affiche. La position en contre plongée de la caméra rend le personnage puissant et intimidant. 
 
Afin de mieux faire comprendre la relation entre l'histoire et le titre, la citation suivante a été rajoutée à l'affiche mais pas dans son intégralité : « Il n'y a pas de solitude plus grande que celle du samouraï sauf peut être celle d'un tigre dans sa jungle » C'est un apocryphe de Jean-Pierre Melville, présent dans la séquence d'ouverture du film. Le réalisateur s'est inspiré du code d'honneur du samouraï, le Bushido, afin d'inventer cette phrase.

Ainsi la nouvelle affiche est plus représentative que l'ancienne de la vie austère que mène Jef Costello.

Margot Davallet et Naïla Sadki


Photo : http://allofcinema.com/samuray-le-samourai-1967/

La fierté du samouraï

Pour l'anniversaire des quarante-cinq ans de sa mort, Jean-Pierre Melville a accepté de répondre à quelques unes de nos questions durant une interview pour notre magazine, Le p'tit Yenba.


Vous êtes mort en 1973, pouvez-vous nous retracer l'histoire de votre vie, et de votre carrière ?

Oui, bien sûr... Je suis né en en France en 1917, sous le nom de Jean-Pierre Grumbach, dans une famille juive alsacienne. J'étais scénariste et réalisateur. Imaginez ! A sept ans je recevais ma première caméra ! Et à quinze, je découvrais le film Cavalcade, de Frank Lloyd. Tous ces événements réunis m'ont donné l'envie de faire ce métier de cinéaste, après avoir eu mon bac.


Avez-vous consacré toute votre vie au cinéma ?

Non, après avoir fait mon service militaire durant les années 1939 et 1940, je suis allé a Londres en 1942 où je me suis engagé dans la Résistance avec les Forces françaises libres. C'est aussi à ce moment que j'ai troqué mon nom pour celui de Melville en hommage à Herman Melville, l'auteur américain de Moby Dick, qui était mon écrivain préféré. J'ai participé aux campagnes d'Afrique et d'Italie, ainsi qu'au débarquement en Provence, ma participation à la guerre a forgé l'homme que j'étais.


L'homme que vous étiez ?

J'étais quelqu'un que l'on qualifierait de "control freak". J'ai toujours aimé avoir le contrôle sur ce que je faisais, un vrai perfectionniste ! *rire* J'écrivais, je réalisais, je produisais, je montais, je voulais tout gérer. De plus j'étais anxieux, maniaque et hypocondriaque.


Vous aviez un style particulier, n'est-ce pas, autant dans vos films que dans votre personnage ?

J'ai toujours adoré faire des films noirs. La plupart des thèmes qui ressortaient de mes projets étaient souvent l’échec, la solitude et/ou la mort.Ll'utilisation du noir et blanc les mettait bien en valeur. Concernant mon style, j'adorais mes lunettes, mon stetson et mes cigares, un vrai directeur américain.


Pensiez-vous faire partie de la Nouvelle vague ?

Non, mais je pense avoir marqué les jeunes cinéastes qui en ont fait partie ainsi que ceux du Nouvel Hollywood. Maintenant que je suis mort, je réalise avoir été leur père spirituel.


Pour terminer, êtes-vous satisfait de la vie que vous avez eue ?

Oui, je suis assez fier de mon parcours militaire et cinématographique, d'avoir créé mes propres studios et d'avoir eu la possibilité d’être acteur dans le film A bout de souffle. Après avoir eu de grand succès avec Le samouraï, Le cercle rouge, L’armée des ombres, Deuxième souffle, le stress dû à l’échec d'un de mes films m'a causé un AVC à 56 ans. Je suis mort en 1973, mais j’espère avoir marqué les générations...



Marie-Amélie et Océane


Sources :

De l'ombre à la lumière.

Le Samouraï est un film noir, c'est-à-dire un film policier, réalisé par Jean-Pierre Melville en 1967. Les acteurs principaux sont Alain Delon, François Périer, Nathalie Delon et Cathy Rosier.C'est une version originale en couleurs.

C'est l'histoire d'un tueur solitaire appelé Jeff Costello, chargé de tuer le patron d'une boîte de jazz à Paris.En sortant du bureau où est le cadavre de sa victime, il croise la pianiste du club, Valérie. Malgré son alibi, il devient le suspect numéro un de l'enquête. Lors de l'interrogatoire, la pianiste nie le reconnaître. Il est donc relâché. Il est suivi par les policiers dans le métro, mais réussit à les semer. Finalement, il retourne dans la boîte de nuit, sort son revolver et le braque sur la pianiste.La police le tue avant de découvrir que son revolver n'était pas chargé.
Certes, ce film se caractérise par le générique de début puis l'accumulation de longues scènes sans dialogue comme par exemple la poursuite dans le métro. Le regard du personnage principal est très fermé durant tout le film.

Cependant la musique est très présente. Il y a un bon choix des personnages principaux, ainsi qu'une histoire prenante. On peut constater que Jeff Costello lutte contre la police afin d'arriver à ses fins, ce qui fait que ce film est très attractif. Il y a du suspense tout au long du film grâce aux missions que donne l'homme de la passerelle à Jeff.
Ainsi, nous vous conseillons de regarder ce film attachant et mystérieux. 


Amandine Urbanczyk et Esther Vatageot

Source image : https///2.bp.blogspot.co

Acteur ou comédien ?

Interview imaginaire d'Alain Delon





Un comédien est un acteur plus particulièrement spécialisé dans la comédie. Cette distinction n’est plus retenue dans le langage courant : l’art de l’acteur est aujourd’hui désigné sous le nom générique de comédie.


Journaliste : « Pourquoi avez-vous choisi de devenir acteur plutôt que comédien ? »

Alain Delon : « Je pense qu'en étant acteur, cela me permet de montrer aux spectateurs un jeu de regards ne pouvant pas être vu par tout le monde au théâtre. »

Journaliste : « Est-ce donc cela qui vous a fait accepter le rôle de Jeff Costello proposé par Jean Pierre Melville ? »

Alain Delon : « Oui, car j ai vu que dans les premières minutes du film je n'allais pas avoir de dialogue, juste un jeu de regard ainsi qu'une scène gestuelle avec le chapeau. »

Journaliste : « Que préférez-vous dans le jeu d'acteur ? »

Alain Delon : « Face à la caméra le jeu est simple, léger, plus réaliste et je peux laisser aller mon personnage comme je le sens. Contrairement au théâtre, où l'on ne peut pas refaire les prises : c'est du direct ! »


Mathilde David  et  Sandra Robert- -Paulin

Delon, un samouraï ?

Ce film sorti en 1967 est un film à intrigue policière. C'est une adaptation réalisée par Jean Pierre Melville du roman The Ronin de Gaon Mcleod, avec comme personnage le grand Alain Delon sous le nom de Jef et sa femme Nathalie dans le rôle de Jane. 
 
Ce long métrage raconte l'histoire d'un tueur à gages solitaire, froid... Il lutte pour sa survie,ne se consacre qu'à son travail et ne se rattache à aucune réalité, ne vivant que dans l'ombre et la solitude.

Il tombe amoureux de Valérie, la pianiste du bar de jazz, tout en ayant une relation très complice avec Jane, la femme qui l'aide dans ses coups. Nous éprouvons de l'incertitude lors du déroulement du film sur les sentiments qu'éprouve le tueur envers les deux femmes.
 
Certes, ce film met beaucoup de temps à se mettre en place, il faut attendre près de quatre minutes avant les premiers dialogues, ce qui n'a pas plu à tout le monde ! Cependant, même avec si peu de paroles, le film permet de cerner le personnage et de se rendre compte de sa lourde solitude, semblable à celle d'un samouraï.

Jeff Costello est comparé à un «loup blessé» mais nous pouvons tout aussi bien dire qu'il est semblable au serpent, du fait de son impassibilité, de ses mouvements rapides et surtout de son regard froid qui paralyse les témoins. Sa prestance est intimidante. Son regard hypnotique est mis en valeur par les nombreux plans rapprochés visage, Alain Delon jouant son rôle à la perfection. 
 
D’autre part le silence qui règne dans certaines séquences du film nous y plonge d'autant plus, nous permettant de mieux observer les scènes, de mieux entendre les détails comme le chant de l’oiseau dans sa cage..

Enfin ce film est intéressant par son esthétisme grâce aux couleurs qui rajoutent de la froideur et donnent presque l'impression d'un film en noir et blanc.


Gwenaelle Collin et Chloé Richelet

Le tigre et le requin

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La Citroën DS21 est mise en avant dans Le samouraï car elle est la seule que Jef Costello vole dans la rue. La DS21 est une voiture de Citroën commercialisée entre 1955 et 1975 d'abord en berline, puis en break et cabriolet .

Le nom de cette voiture a une histoire car son premier nom est Citroën ID ( le D venant du nom de son moteur de série D ). Elle fut rebaptisée DS pour des raisons publicitaires car son nom nous rappelle une déesse : c'est la reine des voitures !                                             

La DS a été dessinée par le sculpteur et designer italien Falminio Bertoni en collaboration avec André Lefebre. À l'origine, son long capot est prévu pour accueillir un moteur 6-cylindres mais le projet n'a pas abouti…Elle est l'une des voiture les plus révolutionnaires de son siècle, arrive en troisième position du concours Car of the Century et a été même élue « plus belle voiture de tous les temps » par le magazine britannique Classic&Sports Car.

La Citroën DS apparaît dans nombreux films au cinéma. On la retrouve quasiment dans tous les films européens entre 1955 et 1980. Elle apparaît aussi dans des nombreux films américains ou britanniques, par exemple on la retrouve dans Retour vers le futur 2 employée comme taxi du futur, ou bien dans Dark city.

Dans Le samouraï, on peut supposer que Melville a choisi cette voiture de préférence à toutes les autres car elle était la voiture la plus populaire de son époque. En outre, étant une voiture de marque française, elle attira Melville en raison de des nombreux prix qu'elle avait gagnés et qui témoignent d'une popularité internationale. 

Le samouraï est évoqué comme un loup solitaire et le profil aérodynamique de la voiture la fait ressembler à un requin, le fauve solitaire du fond des mers.C'est donc la seule voiture qui pouvait convenir à Jef Costello...


 Dorian Haoues et Charmila Aboudou



Un samouraï des temps modernes ?

« Il n'y a pas plus profonde solitude que celle du samouraï à part peut-être celle du tigre dans la jungle. » - Bushidō, l'âme du Japon de Inazo Nitobe

Melville, réalisateur du célèbre film Le Samouraï ! Ce «samouraï» est Jef Costello, joué par Alain Delon, mais ce tueur à gages, peut-on le considérer comme un véritable samouraï ? Suit-il le bushido comme il le faudrait ?


Un samouraï était jadis un guerrier qui se battait pour son empereur. Cette caste guerrière fut créée à la fin de l'ère Nara pour conquérir de nouvelles terres puis pendant tout l'ère Heian, ses nobles soldats devaient surveiller les provinces afin d'éviter les révoltes paysannes. Ici, on peut dire que Jef Costello est un samouraï puisqu'il tue afin d'éviter les révoltes envers son maître.

Pendant tout le film, ce samouraï des temps modernes respecte trois des sept principes du bushido, le code d'honneur de samouraï, soit la loyauté envers son maître puis plus tard envers ses sentiments, la droiture lors de ses meurtres quasiment parfaits et le courage afin d'effectuer son travail avec assurance.

Les quatre autres principes du bon samouraï, notre tueur à gages va les acquérir plus ou moins durant tout le film. Tout d'abord, le seul principe qu'il ne va pas totalement respecter est la politesse. Le seul moment où il respecte cette règle est le moment où il fait aussi preuve de sincérité envers la pianiste qui l'a aidé.

Pour finir, lorsque que Costello fait son seppuku, soit « hara-kiri », il acquiert les dernières vertus inscrites dans le code d'honneur de samouraï, la bienveillance et l'honnêteté envers la pianiste en refusant de la tuer bien que ce soit sa mission. Et tout à la fin, l'honneur lui est dû car il assume les crimes qu'il a commis, réunissant toutes les vertus d'un vrai samouraï.



Bérénice Rouland et Charlotte Masson

Le film noir

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Le film noir est un genre cinématographique. Ce terme est utilisé principalement pour la fiction américaine. Ce sont les Français qui ont forgé cette expression qui a été adoptée ensuite par les Américains. Cette expression fait référence à la collection des romans de la Série Noire.

Ce genre est l'âge d'or du cinéma criminel américain.

Les thèmes privilégiés du film noir sont le meurtre et le crime, la jalousie, la trahison, l'infidélité et le fatalisme. Les personnages se ressemblent : chapeau en feutre, imperméable gris, cigarette, humour froid, impassibilité de surface, solitude… 

Le film noir met généralement en scène un personnage emprisonné dans des situations qu'il n'a pas choisies, reliées à des décisions désespérées.

Les angoisses de l'époque se retrouvent dans ces films (1940-1950). On y retrouve la ville au climat malsain avec la criminalité et la corruption, l'incertitude et l'angoisse, la faiblesse du héros masculin, le rôle destructeur de la femme fatale et le réalisme social.

L'esthétique des films noirs leurs est bien spécifique, la narration est parfois fondée sur un retour arrière, les dialogues ne sont pas spécialement présents, un personnage raconte son histoire grâce à la «voix off». L'utilisation de la caméra peut être objective, sèche et brutale et souvent consacrée à l'impassibilité du regard. L'éclairage, lui, est fondé sur les ombres et les lumières. Les angles de prises de vues sont influencé par l'expressionnisme Allemand, 

La ville est l'espace du film noir, la femme est le passé de l'homme, elle incarne la mort, le mensonge et la dualité féminine.

L'adoption du noir et blanc et de toute une technique particulière aboutit donc à accroître un sentiment de menace, d'étouffement, de paranoïa propres au genre. Même si le film noir disparaît à proprement parler à la fin des années cinquante, sa thématique est reprise par les cinéastes modernes.


En quoi le Samouraï est t-il un film noir ? 
 
Le Samouraï respecte presque toutes les caractéristiques du film noir, en commençant par le personnage principal Jeff Costello, vêtu d'un chapeau de feutre et d'un imperméable. Il fume, il est très seul et il est froid, il ne parle presque jamais. Le Samouraï respecte aussi le mythe de la femme fatale avec la pianiste Valérie grâce à qui la faiblesse de Jeff Costello se ressent car il va se laisser tuer pour cette femme. La mort et le crime sont les deux thèmes principaux. Le film est aussi beaucoup centré sur la ville de Paris. On y voit beaucoup de détails qui représentent le réalisme social de l'époque. On remarque également que le dialogue n'est pas présent et la caméra met en valeur les jeux de regards. Le film reste dans l'angoisse constamment, ce qui correspond tout à fait aux films noirs.


 Jeanne Degret  et Amélie Bouvet
Sources

http://www.ac-nice.fr/lettres/index.php/ressources-en-lettres/audiovisuel/textes-generaux/119-les-genres-le-film-noir
https://fr.wikipedia.org/wiki/Film_noir

Le Japon, une influence pour la France !

Le Japonisme en France depuis le XIX° siècle

Déjà, qu'est-ce que le japonisme ? Le japonisme, c'est l'influence de la civilisation et de l'art japonais sur les écrivains et les artistes occidentaux qui ont commencé à imiter le style et la manière de faire des artistes et artisans japonais. A la fin du XIX° siècle ce mouvement gagna tous les pays occidentaux, en particulier l'Angleterre et la France.

En 1858 le traité du commerce entre la France et le Japon est signé et prend immédiatement effet. Le commerce est essentiellement basé sur l'importation d'armes et d'objets d'arts provenant du Japon vers la France.

Les objets sont essentiellement des vases, de la porcelaine, qui sont faits main à cette époque. Sur ces vases et porcelaines nous pouvons observer des dessins très beaux représentant la nature pour la plupart. Nous pouvons d’ailleurs le voir très clairement sur ce vase en porcelaine japonaise bleue et blanc de Makuzu Kosan.
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Mais l'importation de soie et de laques est aussi très fréquente, tandis que les éventails sont moins appréciés. L'importation d'armes comme les Katanas, les sabres de samouraï, obtient un très grand succès, en particulier chez les collectionneurs.

Vous devez sûrement vous demander pourquoi cet article ne parle toujours pas des estampes, je me trompe ? Eh bien c'est tout simplement parce qu'à l'époque les estampes japonaises n'avaient aucune valeur pour les Japonais. Si vous voulez, c'était pour eux l’équivalent de notre papier journal. Ils l'utilisaient pour envelopper les objets fragiles qui devaient être importés en France ou dans les autres pays d'Occident.

Les estampes vont produire une révolution visuelle chez les Européens. Logique, dirons-nous aujourd'hui puisque les couleurs n'étaient pas les mêmes, tout comme la manière de dessiner et la mise en page. Cette dernière donne souvent un effet de dissymétrie mais le format lui aussi était très différent, puisque pour certains dessins était utilisé un format Kakemono qui est un format allongé qui va étonnamment influencer la photographie. En effet les paysages représentés sur certaines estampes ont l'air si réaliste que l'on pourrait croire qu'ils existent réellement et que ces estampes sont en réalité des photos que les Occidentaux ou que les Japonais auraient prises. 

Les Japonais vont aussi beaucoup influencer l'Occident dans leur manière de peindre, notamment les Impressionnistes, les Nabis, les Fauvistes et les peintres de ce que l'on apelle l'Art Nouveau qui est un mouvement artistique de la fin du XIX° siècle et du début du XX° siècle qui s'appuie sur l'esthétique des lignes et des courbes.

Les impressionnistes ont été les plus influencés par le japonisme qui perdura longtemps. Le mouvement Nabi est mouvement post-impressioniste d'avant-garde, né en marge de la peinture académique de la fin du XIX° et du début du XX° siècle.

Le japonisme en tant que tel est un mouvement qui a surtout touché des artistes et des peintres amateurs.

En 1905, l'Europe découvre que le Japon est une super puissance quand il gagna contre la Russie.
Le Japon fit fantasmer les Européens, qui voyaient en lui un pays arrêté dans la pureté de son passé et de sa culture, et qui pensaient que le contact avec l'Occident allait lui faire perdre son originalité. En réalité l'Occident n'aura aucune influence sur les traditions qui resteront intactes. Le Japon restera donc authentique malgré le contact avec l'Occident.

Avant l'ouverture du pays aux influences occidentales, durant l'époque appelé Edo (1603-1868), un artiste s'est fait remarquer par son véritable talent, il s'agit bien sûr d'Hokusai. La manga d'Hokuzai est un ensemble de carnets de croquis destinés à servir de modèle aux disciples du peintre et de banque de données au peintre lui-même. Elle était très appréciée des gens du peuple et des artisans et collectionnée par les seigneurs. Les estampes où sont représentées des réalités éphémères sont appelées Ukiyo-e ou "images du monde flottant", et sont représentatives d'un mouvement artistique de l'époque Edo.

Les estampes ne sont pas des œuvres uniques, elles peuvent être reproduites à l'infini grâce au Hangi (planche à trait) qui est en bois de merisier recyclable. Le shita-e qui est le dessin de l'estampe que l'on veut reproduire est validé par l'éditeur avant d'être placé par le graveur à l'envers sur le hangi frotté d'encre. On peut considérer ce procédé comme de l'impression d'estampes.

La reconnaissance d'Hokuzai comme grand artiste est venu des Européens. Degas, un peintre européen, s'est d'ailleurs inspiré de la manga d'Hokusai pour présenter le corps des femme du peuple.

Les shunga, ou «images de printemps» sont des gravures érotiques appréciées par les Européens qui aujourd'hui peuvent paraître choquantes, mais dont s'amusaient les Japonais, hommes et femmes, de l'époque Edo.

La dernière œuvre exécutée par Hokusai avant de mourir à 89 ans est un tigre sur la neige. Certains historiens suppose que le tigre serait un autoportrait d'Hokusai.


Pour en savoir plus sur la Japon et sa culture je vous conseille d'aller voir l'article sur le Bushido que vous trouverez sûrement intéréssant.


Louise Nunes et Laura Pamart
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L'univers du loup solitaire

Analyse de la séquence d'ouverture du film (0 à 3'44")

Dès le premier plan, un plan d'ensemble, nous sommes tout de suite plongés dans l'univers sombre et solitaire du Samouraï, Jeff Costello, interprété par Alain Delon. Ce dernier est à peine perceptible dans cette grande pièce qui n'est autre que sa chambre, aussi froide et renfermée que lui. Elle apparaît presque carcérale et grisâtre, comme son imperméable et son chapeau, reflétant bien sa personnalité. Il est allongé dans son lit en fumant et paraît petit face à la grandeur de la pièce. D'ailleurs, Jean-Pierre Melville à demandé à son décorateur d'exagérer la hauteur de la pièce car il voulait vraiment donner un effet d'immensité. On ne le distingue presque pas, comme dans son métier, il est invisible même dans son intimité. Il se fond dans le décor. On ne perçoit que la fumée qui s'échappe de sa bouche, il est silencieux et pensif. La caméra est placée au milieu du « quatrième mur », ne bouge pas et reste fixe pour le moment, ce qui crée une atmosphère lourde et pesante. De plus, la pièce est à peine éclairée malgré la lumière qui traverse les fenêtres. Le silence règne, seuls l'oiseau placé au milieu de l'espace et la pluie battante brisent ce calme perturbant et cette atmosphère glaciale. L'oiseau apparaît comme la seule présence vivante de la chambre et la pluie renforce l'esprit triste et morbide de ce début de film. De plus, on entend légèrement le brouhaha de la ville de Paris, malgré cela, Costello n'est absolument pas perturbé et reste dans son monde, ce qui accentue le caractère solitaire du personnage. 

« Il n'y a pas de plus profonde solitude que celle d'un Samouraï si ce n'est celle d'un tigre dans la jungle… peut-être... » : cette citation est censée être extraite du Bushido, le livre des samouraï, mais a été en réalité inventée par le réalisateur. Elle est présente lors des premières minutes du film et annonce la fin du plan fixe d'ouverture.
 
Puis pendant quelques secondes, une musique angoissante brise le silence et la caméra se met à bouger de façon brusque et abstraite, avec des effets de légers grossissements. L'ambiance change et paraît encore plus pesante que précédemment. Puis le plan d'ensemble revient et le Samouraï bouge enfin. Il se lève et le plan change d'objectif, on voit un gros plan sur des billets déchirés qu'il tient dans la main. C'est alors qu'on aperçoit le personnage principal de plus près et plus clairement, la lumière est beaucoup plus forte que dans le premier plan. Un gros plan est ensuite fait sur la cage et l'oiseau, qu'on peut comparer aux premières minutes du film quand Costello semble ''enfermé'' dans cette grande chambre. 
 
C'est à ce moment que le personnage se déplace enfin dans la pièce. Il fait d'ailleurs un mouvement qu'on ne relève pas au premier abord mais qui pourtant semble anodin et sans intérêt pour un homme qui a pour habitude de toujours contrôler ses faits et gestes : il frotte ses billets contre la cage. 
 
La caméra le suit alors dans son déplacement avec un plan rapproché taille, il cache son argent et se dirige vers la porte. S'ensuit un plan poitrine où on le voit dans un miroir, il met son imperméable et son fedora avec des gestes précis et calculés. Son visage paraît fermé et sans émotions. Il sort alors de son appartement de façon déterminée et se lance dans l'action du film. 


Mathéo BOVAY et Juliette PHILIPPE

Jeff Costello, de Thésée au samouraï

Tout d'abord expliquons le choix du titre de notre article. Dans le mythe antique, Thésée est enfermé dans un labyrinthe gardé par le monstrueux Minotaure. Ce titre vise à mettre en évidence l'enfermement mental et le cercle de la mort qui emprisonne le personnage principal Jeff Costello.

Dans la chambre de Costello, premier décor à apparaître à l'écran, il n'y a aucun objet personnel, uniquement le strict minimum au niveau du mobilier. La chambre est disproportionnée : un petit lit, une armoire et, au centre de la pièce, une cage avec un oiseau, qui représente la seule présence de vie. Les plafonds sont hauts et les fenêtres rectangulaires. Il semble vivre anormalement, il est comme enfermé dans une boîte. Dans ce décor qui ouvre le film, on observe une source de lumière : les fenêtres. Celles-ci font ressortir une lueur bleutée, la fumée de la cigarette entamée par Jeff. On voit à travers cet appartement austère une certaine solitude.

Ensuite, dans tout le film, Costello est enfermé dans plusieurs types de cages. En effet, l'acteur ne cesse de se déplacer : il monte dans des cages d'escaliers, il ouvre puis ferme des portes, dont celles de l'ascenseur qu’il doit lui-même refermer. Nous pourrions faire un parallèle entre les portes qu'il ferme et la mort qui se referme sur lui. Il semble toujours emprisonné dans des sortes de boîtes de tailles différentes un peu comme des poupées russes. Il s'enferme jusqu'à trouver une issue : tuer la pianiste puis mourir, ou bien mourir seul. Ce cercle vicieux et cette solitude sont en fait une torture. En plus, Costello n'extériorise aucun sentiment. Il est donc difficile de comprendre son état d'esprit. Pour preuve de son enfermement, on a ses tocs réguliers comme la manière de mettre son chapeau, mettre ses gants, de vérifier si on ne l'espionne pas.

Il tourne dans un labyrinthe infini…En effet, il parcourt des kilomètres de quais et de couloirs de métro. Souvent un panneau « sortie » apparaît et pourtant, Jeff Costello se dirige invariablement vers un autre escalier : il ne peut pas ou ne veut pas s'enfuir. Dans le commissariat où Costello se fait arrêter, le Commissaire ne cesse de passer de pièce en pièce – de boîte en boîte- et Jeff lui ne bouge pas. Il sait qu'il n'a pas d’échappatoire possible : c'est un bandit, il est payé pour tuer. Après avoir été relâché du poste de police, le bras droit de son patron ne lui donne pas ce qu'il lui doit et tente de le tuer. Costello prend donc les devants et abat son chef. A partir de ce moment, Jeff sait que le temps lui est compté : il mourra. Il sera abattu par la police si celle-ci prouve qu'il est le tueur, ou bien les hommes de son patron le tueront. La fin est tragique car elle comporte les codes d'un film de tragédie : une fin triste avec une prise de décision entre deux issues horribles.


Noor Chehboun et Cécile Capide

Le roman policier, une littérature populaire

Même si l'on peut considérer la tragédie de Sophocle Œdipe roi comme la première enquête policière de la littérature occidentale, même si dans Zadig Voltaire met en scène un personnage qui reconstitue un événement à partir de l'observation d'indices, le roman policier proprement dit (appelé aussi « polar » en France) est né au XIXème siècle. Il s'est développé grâce à la presse qui diffusait sous forme de feuilletons les chapitres de ces romans, ce qui entraînait l'enthousiasme du public qui devait attendre la suite de sa lecture.

Le récit est fondé sur une intrigue et sur une recherche méthodique de preuves, la plupart du temps au cours d’une enquête policière ou menée par un détective privé. Il comporte six invariants : le crime ou le délit, le(s) coupable(s), le mobile, la victime, le mode opératoire et l'enquête.

Edgar Allan Poe (1809-1849) a inventé certaines des caractéristiques essentielles de ce genre.Tout d'abord
il a créé un détective aussi intelligent qu’ excentrique, Auguste Dupin, qui est devenu l'ancêtre du Sherlock Holmes chez Arthur Conan Doyle ou encore d’Hercule Poirot chez Agatha Christie .

Le roman policier offre deux formes majeures qui sont le roman à énigme et le roman noir .

Le roman à énigme consiste à rétablir l'ordre de la logique à l’aide d'explications rationnelles, il ramène l'inconnu au connu. Le héros a des caractéristiques physiques minimales (dans le cas de Dupin) ou réduites à quelques manies (dans le cas de Sherlock Holmes). Il est porteur d'un discours moral où la découverte du criminel débarrasse le monde d'un être mauvais qu'il fallait punir.

Le roman noir met en scène un anti-héros, dénonçant les violences sociales avec une écriture brutale. Le héros porte un regard sans complaisance sur le monde, a souvent une clientèle douteuse et côtoie tous les milieux dans une atmosphère urbaine et inquiétante. Ce type de roman policier décrit la dégradation d'une humanité sans illusion, qui ne croit plus à la raison. Il a connu le succès après la guerre de 1914-1918.

Le roman policier connaît une évolution durant le XXème siècle, il perd son aspect moral et change les caractères des personnages : les détectives intelligents, droits et honnêtes laissent place à des personnages moins recommandables. Les « méchants », c'est-à-dire les voleurs ou les criminels, occupent le devant de la scène et prennent leur revanche. L'attention se déplace ainsi du détective au criminel, allant même parfois jusqu’à voler la vedette à l’enquêteur, voire à le rendre ridicule.

Aujourd'hui le roman policier fait partie des meilleures ventes et il est dans les préférences des lecteurs, ce qui lui permet de remporter de nombreux prix d'écriture.

Par exemple : 
 
- Le grand prix de littérature policière, qui consiste à récompenser les meilleurs romans policiers français et étrangers.
- Le prix Sang d'encre décerné chaque année depuis 1995 lors du Festival de Vienne en Isère.
- Le grand prix Paul-Féval de littérature populaire créé par la Société des gens de lettres.

Le roman policier n'est pas seulement une lecture divertissante, il sert aussi à dénoncer la société dans laquelle nous vivons, comme Thierry Jonquet qui dénonce dans ses livres la barbarie et la bêtise de l'homme ou encore la politique qui délaisse les plus faibles. Ainsi, Le Samouraï de Jean Pierre Melville dénonce l'enfermement des hommes dans une société où l'on ne peut s'épanouir


Lucie Hénin et Marine Le Gras