Amandine Lebon
Le blog des élèves cinéphiles du Lycée Pierre BAYEN (Chalons-en-Champagne): "Projet Méliès", initiation aux Arts du Cinéma, Festival War on Screen, partenariat pédagogique avec le cinéma La Comète...
lundi 22 janvier 2018
L'ellipse finale
De
quelle façon Jean Pierre Melville a-t-il manié l'ellipse pour vous
piéger et vous surprendre dans la fin du Samouraï ?
Dans
le premier plan, Jeff Costello se trouve dans sa voiture, un insert
sur son arme nous montre qu'elle est chargée, il est prêt a tirer.
Ensuite nous suivons Costello dans la salle de jazz sans transition,
grâce à un montage cut. Là est l'ellipse.
Nous
continuons à suivre Costello avec un panoramique épaule. Il donne
son chapeau à l'hôtesse des vestiaires mais laisse le ticket qui
lui permet de récupérer son emblématique chapeau.
Mais
pourquoi donc?
Nous
accompagnons Jeff Costello : un plan d'ensemble nous fait entrer dans
la salle de jazz, bondée. Costello se dirige vers le bar. Il met ses
gants ostensiblement, il va commettre un meurtre et ne le cache pas.
Un champ contre champ s'effectue pour mettre en valeur le regard
terrifié du barman qui pense que Costello vient pour le tuer et le
regard fixe sans émotion de Costello.
La
pianiste entre en scène, un panoramique suit son arrivée puis un
plan d'ensemble montre l'orchestre au complet. Le plan rapproché sur
le visage de la pianiste nous dévoile un sourire et une incrédulité
concernant les événements à venir.
Nous
revenons au point de vue de Costello : le champ contre champ perdure
avec dans le regard les mêmes craintes du barman et la même
impassibilité de Costello.
Un
panoramique épaule nous amène à la pianiste en suivant les pas de
Jeff. Un très gros plan sur les visages de la pianiste et de
Costello nous souligne l'étonnement de la pianiste de voir Costello
face à elle. Un champ contre champ mime l'échange de regard entre
les deux personnages. Puis un insert avec panoramique vertical nous
dévoile l'arme de Jeff Costello. Le champ contre champ entre les
regards des deux protagonistes continue puis il y a un coup de feu
hors champ. Costello est tué.
Un
plan d'ensemble sur la salle de jazz nous montre le calme qui fait
place à l'affolement. L'insert sur l'arme de Costello nous dévoile
que le chargeur est vide, sans aucune balle.
Vous
vous attendiez à ce que Costello tue la pianiste? Eh bien non,
Melville vous a bien eu ! En entrant dans le club de jazz, Costello
savait pertinemment que la mort l'attendait. L'ellipse nous a caché
le moment où Costello vide le chargeur de son arme. Lorsque Costello
laisse son ticket de vestiaire, c'est parce qu'il sait qu'il ne
reviendra pas le chercher. De même quand il met ses gants il les met
sans se cacher du barman car il sait que dorénavant il n'a rien à
perdre. Les longs échanges de regards avec la pianiste étaient-ils
des adieux ?
Lorsque
le coup de feu retentit hors champ, les choses s'éclaircissent et
nous comprenons que c'est Costello qui est touché. Quand le policier
ouvre l'arme de Costello vidée de ses balles, tout se met en place
dans l'esprit du spectateur : tel un samouraï Costello s'est donné
la mort car il avait refusé les ordres de son maître qui étaient
de tuer la pianiste.
Suicidaire,
Jeff Costello était amoureux de sa mort, il s'est rendu à elle sans
hésitation. Il était amoureux de la pianiste... comme l'affirmait
lui-même Jean-Pierre Melville : «L’homme porte sa propre mort en
lui, mais dans mon film la Mort est personnifiée par Cathy Rosier….
dont Delon va tomber amoureux. »
Morgane Bouraquil et Salomé Bailly--Gautron
samedi 20 janvier 2018
Twinkle stars
Qu'est-ce
qu'une "star" de Cinéma ?
Tout
d'abord, le terme "star" est un terme anglo-saxon qui
apparaît lors de la grande période du cinéma hollywoodien au début
du XXème siècle. Le "star system" a pour but
de tout faire pour que les acteurs deviennent très connus en faisant
parler d’eux dans les médias. Il faut donner de soi une image qui
fasse rêver. Même dans la vraie vie, les stars doivent donc jouer
un rôle afin de montrer une personnalité qui plaît au public. Même
dans les interviews, leurs réponses sont parfois préparées pour
que les gens retiennent ce qu'ils disent.
Ce
terme vient de l'expression "Star billing" qui signifie
"tête d'affiche", mais il peut simplement être traduit
par "vedette".
Alain
Delon est une grande star du cinéma français, il a notamment tourné
dans de grands films, comme Mélodie En Sous-sol sorti en 1963
avec Jean Gabin et MauriceBiraud ou Le clan des Siciliens
sorti en 1969 avec Encore avec
Jean Gabin et Lino Ventura, et bien sûr dans Le Samouraï
réalisé par Jean-Pierre Melville.
Timothé
Béliard et Arthur Bricout
vendredi 19 janvier 2018
Le soir de notre mort...
Comme
tous les soirs je suis assise derrière mon piano, dans ma bulle, je
rejoue ce morceau pour la énième fois, ce morceau qui me fait tant
chavirer.
Soudain
j'aperçois sa silhouette avancer pas à pas vers le comptoir. Il est
là... affalé sur le haut tabouret. Je ne vois que sa nuque brune
offerte à la lumière blanche et froide.
Pendant
plusieurs secondes il ne bouge pas. Tout à coup, je le vois se
mettre en marche. Il s'approche de moi lentement. Est-ce déjà la
fin ? Je ne suis pas encore prête. Il me regarde droit dans les
yeux. Je le laisse m'admirer. Ces yeux me transpercent, sa présence
me traverse mais je ne bouge pas. Il sort son arme en la pointant
vers moi mais je ne le crains pas. Une fois de plus il ne me parle
pas. Cet homme est si froid... Il est mon ennemi, c'est vrai. Lui et
moi sommes si différents mais à la fois si semblables...
Tout
à coup, j'entends un coup de feu. Il s'écroule.
Je
le savais mais je ne voulais pas y croire. Est-il vraiment mort ?
Dire que cela était déjà joué d'avance, nos destins étaient
finalement scellés. Moi figée sur ma banquette, et lui étendu à
mes pieds, sans vie, je me rends compte que mon amour pour lui était
vraiment sincère, bien au-delà des jeux qui nous attiraient l'un
vers l'autre. Ce soir là une partie de moi s'est envolée avec lui.
Comme
tous les soirs je suis assise derrière mon piano, enfermée entre
les parois miroitantes de ce monde froid. Le morceau que jouent mes
doigts ne me fera plus jamais rêver.
Marine
Colmart et Amel Cherit
L'alibi
Jane ouvrit la porte. Jef se faufila à l'intérieur. Son chapeau laissait entrevoir sa mâchoire saillante et énergique, mais la raideur de sa démarche traduisait sa tension intérieure.
Il vérifia d'un regard rapide si l'appartement était vide, puis se tourna calmement vers la jeune femme. Celle-ci ne parut pas choquée de son comportement, le laissant entrer sans aucune réticence. Il lui demanda d'un ton égal d'affirmer en cas d'enquête qu'ils étaient restés ensemble de 19h15 à 1h 45. La jeune femme ne parut pas surprise et acquiesça sans un mot.
La tête haute, visage fermé, il se dirigea vers la porte de l'appartement et prit le temps d'échanger un dernier regard avec sa complice.
Il patienta en silence sur le palier jusqu'à ce que résonne le bourdonnement de la porte d'entrée. D'un geste délibéré, il sortit de l'ombre où il s'était caché pour croiser l'arrivant sous la lumière du néon.
Dehors, il se dirigea d'un pas mécanique vers une rue sombre et déserte, les yeux en alerte sous la visière de son chapeau, les poings enfoncés dans les poches de son imperméable.
Inès Martinez et Eva Gautron
The samurai is a loner... Really ?!
"Avec
son tueur à gages mystérieux et presque mutique interprété par
Alain Delon qui endosse ici l'un des rôles phares de sa carrière,
son style minimaliste et précis, sa capacité à élever un film, le
film noir, au niveau d'une tragédie antique, ce chef-d’œuvre
glacé et cinéphile est devenu un immense réservoir de motifs dans
lequel de nombreux cinéastes sont venus puiser, de Jim Jarmusch
(Ghost Dog The way of the samurai) à Jhon Woo (The Killer),
en passant par Alain Corneau (Police Python 357) ou encore
Michael Mann (Heat).”
(Jean-Baptiste
THORET)
THE
SAMURAI IS A LONER…
...Is he?
Pierre
Melville's The Samurai (“Le Samouraï”) was a real
success… Actually, the story, which is really deep, inspired many
film producers, and not only in the genre of the “film noir” but also with some recurring themes such as plot, references to the Way Of The Samurai, the
hit-man as main character,… Let's have a closer look at some of these “Melville's
Samurai-inspired films” !
In
1976, Alain Coneau, another French film producer, released, on March
31st, Police Python 357. It tells the story of a
French police inspector starring Yves Montand who is leading
a murder investigation in which he is the chief suspect…
Then,
it's John Woo's turn with The Killer (1989, Hong Kong), which
is probably the best known film inspired by The Samurai… A
disillusioned hit-man accepts one last murder in hope of using his
gains to heal a singer he accidentally has blinded, only to be
betrayed by his boss.
Michael
Mann's Heat (1996) which shows a group of professional bank
robbers tracked by the police after having left a clue during their
last heist, while both sides are trying to find a way to balance
between personal and professional life…
And,
eventually, Jim Jarmusch with his Ghost Dog (The Way Of The
Samurai) (1999) : an Afro-Amercan hit-man who models himself after
the ancient Japanese samurai way finds
himself targeted by the mob…
So,
if you liked The Samurai, you can try to watch one of these
masterpieces, unless you have already watched all of them…
Amandine
PAYANT & Léa DEBOUYS
De l'ombre de Costello à la lumière du samouraï
L'affiche du film Le Samouraï avec comme vedette Alain Delon a été rénovée l'année dernière. L'ancienne affiche datant de la date de sortie du film, en 1967, est complètement opposée à la nouvelle.
L'affiche de 1967 comporte un fond blanc sur lequel le titre ressort par sa
couleur rouge sang, en référence au travail du tueur à gages. La couleur de
l'arrière plan met en avant la posture carrée et fermée de Jef
Costello. Il ne laisse passer aucune émotion et paraît concentré
tel un samouraï. Son attitude sèche et fermée, due au fait qu'il
fronce les sourcils, cache ses yeux; évoque d'une manière subtile
son travail de mercenaire. Son imperméable deviendra par la suite
un élément emblématique du film.
La
version restaurée de l'affiche est dans un style totalement
différent : les couleurs sont ternes et froides, tonalités qui resteront
présentes tout au long du film. Le seul point de lumière se trouve
derrière le personnage, illuminant son visage et semble être sa seule
échappatoire, la mort. Le personnage est entouré d'obscurité
représentant son enfermement dans son travail et sa solitude.
Selon Jean-Pierre Melville, "Un créateur de cinéma est un monteur d'ombres. Il travaille dans le
noir." L'affiche
restaurée est une référence directe au défunt réalisateur,compte
tenu des jeux d'ombres qu'elle présente.
Dans
sa main droite, Jef Costello tient un revolver à peine perceptible à
cause du peu de luminosité. Cette arme symbolise qui il est, un
tueur à gages. L'élément emblématique de cette affiche n'est pas
le même que sur l'ancienne, ici c'est le chapeau, tout
aussi important que l'imperméable, avec une autre signification. Le
chapeau est toujours présent quand il sort, quoi qu'il se passe,
contrairement à son imperméable qu'il ne porte qu'a l'occasion du
meurtre du gérant du club de jazz ou encore quand l’intermédiaire
de ses commanditaires tente de le tuer. Ce chapeau évoque le casque
porté par les samouraïs. Sa manière de le mettre est semblable
implicitement au rituel de concentration du samouraï avant un combat
lorsqu’il revêt son armure. L'expression de son visage est fermée, comme sur l'ancienne affiche. La position en contre plongée de la
caméra rend le personnage puissant et intimidant.
Afin
de mieux faire comprendre la relation entre l'histoire et le titre, la
citation suivante a été rajoutée à l'affiche mais pas dans son
intégralité : « Il n'y a pas de solitude plus
grande que celle du samouraï sauf peut être celle d'un tigre dans
sa jungle » C'est un apocryphe de Jean-Pierre Melville,
présent dans la séquence d'ouverture du film. Le réalisateur s'est
inspiré du code d'honneur du samouraï, le Bushido, afin d'inventer
cette phrase.
Ainsi
la nouvelle affiche est plus représentative que l'ancienne de la vie austère que
mène Jef Costello.
Margot
Davallet et Naïla
Sadki
Photo : http://allofcinema.com/samuray-le-samourai-1967/
La fierté du samouraï
Pour
l'anniversaire
des quarante-cinq ans de sa mort, Jean-Pierre
Melville a accepté de répondre à quelques unes de nos questions
durant une interview pour notre magazine, Le
p'tit Yenba.
Vous
êtes mort en 1973, pouvez-vous nous retracer l'histoire de votre
vie, et de votre carrière ?
Oui,
bien sûr... Je suis né en en France en 1917, sous le nom de
Jean-Pierre Grumbach, dans une famille juive alsacienne. J'étais
scénariste et réalisateur. Imaginez ! A sept ans je recevais ma première
caméra ! Et à quinze, je découvrais le film Cavalcade, de
Frank Lloyd. Tous ces événements réunis m'ont donné l'envie de
faire ce métier de cinéaste, après avoir eu mon bac.
Avez-vous
consacré toute votre vie au cinéma ?
Non,
après avoir fait mon service militaire durant les années 1939 et
1940, je suis allé a Londres en 1942 où je me suis engagé dans la Résistance avec les Forces françaises libres. C'est aussi à ce
moment que j'ai troqué mon nom pour celui de Melville en hommage à
Herman Melville, l'auteur américain de Moby Dick,
qui était mon écrivain préféré. J'ai participé
aux campagnes d'Afrique et d'Italie, ainsi qu'au débarquement en
Provence, ma
participation à la guerre a forgé l'homme que j'étais.
L'homme
que vous étiez ?
J'étais
quelqu'un que l'on qualifierait de "control freak". J'ai toujours aimé
avoir le contrôle sur ce que je faisais, un vrai perfectionniste !
*rire*
J'écrivais, je réalisais, je produisais, je montais, je voulais
tout gérer. De plus j'étais anxieux, maniaque et hypocondriaque.
Vous
aviez un style particulier, n'est-ce pas, autant
dans vos films que dans votre personnage
?
J'ai
toujours adoré faire des films noirs. La plupart des thèmes qui
ressortaient de mes projets étaient souvent l’échec, la solitude
et/ou la mort.Ll'utilisation du noir et blanc les mettait bien en
valeur. Concernant mon style, j'adorais mes lunettes, mon stetson et
mes cigares, un vrai directeur américain.
Pensiez-vous
faire partie de la Nouvelle vague ?
Non,
mais je
pense avoir
marqué les jeunes cinéastes qui en ont fait partie ainsi
que ceux du Nouvel Hollywood. Maintenant que je suis mort, je réalise
avoir été leur père spirituel.
Pour
terminer, êtes-vous satisfait de la vie que vous avez eue ?
Oui,
je suis assez fier de mon parcours militaire et cinématographique,
d'avoir créé mes propres studios et d'avoir eu la possibilité d’être
acteur dans le film A
bout de souffle.
Après avoir eu de grand succès avec Le
samouraï,
Le cercle rouge, L’armée
des ombres, Deuxième
souffle, le
stress
dû à l’échec
d'un de mes films m'a causé un AVC à 56 ans. Je suis mort en 1973,
mais j’espère
avoir marqué les générations...
Marie-Amélie
et Océane
Sources :
De l'ombre à la lumière.
Le
Samouraï est un film noir, c'est-à-dire un film policier, réalisé
par Jean-Pierre Melville en 1967. Les acteurs principaux sont Alain
Delon, François Périer, Nathalie Delon et Cathy Rosier.C'est une
version originale en couleurs.
C'est
l'histoire d'un tueur solitaire appelé Jeff Costello, chargé
de tuer le patron d'une boîte de jazz à Paris.En sortant du bureau
où est le cadavre de sa victime, il croise la pianiste du club,
Valérie. Malgré son alibi, il devient le suspect numéro un de
l'enquête. Lors de l'interrogatoire, la pianiste nie le reconnaître. Il est donc relâché. Il est suivi par les policiers dans le métro, mais
réussit à les semer. Finalement, il retourne dans la boîte de nuit,
sort son revolver et le braque sur la pianiste.La police le tue avant de
découvrir que son revolver n'était pas chargé.
Certes,
ce film se caractérise
par le
générique de début puis l'accumulation
de longues scènes sans dialogue comme par exemple la poursuite dans
le métro. Le
regard du personnage principal est très fermé durant
tout le film.
Cependant la musique est très présente. Il y a un bon choix des personnages principaux, ainsi qu'une histoire prenante. On peut constater que Jeff Costello lutte contre la police afin d'arriver à ses fins, ce qui fait que ce film est très attractif. Il y a du suspense tout au long du film grâce aux missions que donne l'homme de la passerelle à Jeff.
Cependant la musique est très présente. Il y a un bon choix des personnages principaux, ainsi qu'une histoire prenante. On peut constater que Jeff Costello lutte contre la police afin d'arriver à ses fins, ce qui fait que ce film est très attractif. Il y a du suspense tout au long du film grâce aux missions que donne l'homme de la passerelle à Jeff.
Ainsi,
nous vous conseillons de regarder ce film attachant et mystérieux.
Amandine Urbanczyk et Esther Vatageot
Source image : https///2.bp.blogspot.co
Acteur ou comédien ?
Interview
imaginaire d'Alain Delon
Un comédien est un acteur plus particulièrement spécialisé dans la comédie. Cette distinction n’est plus retenue dans le langage courant : l’art de l’acteur est aujourd’hui désigné sous le nom générique de comédie.
Un comédien est un acteur plus particulièrement spécialisé dans la comédie. Cette distinction n’est plus retenue dans le langage courant : l’art de l’acteur est aujourd’hui désigné sous le nom générique de comédie.
Journaliste :
« Pourquoi avez-vous choisi de devenir acteur plutôt que comédien
? »
Alain
Delon : « Je pense qu'en étant acteur, cela me permet de montrer aux spectateurs un jeu de regards ne pouvant pas être vu par tout
le monde au théâtre. »
Journaliste : « Est-ce donc cela qui vous a fait accepter le rôle de Jeff
Costello proposé par Jean Pierre Melville ? »
Alain
Delon : « Oui, car j ai vu que dans les premières minutes du film
je n'allais pas avoir de dialogue, juste un jeu de regard ainsi
qu'une scène gestuelle avec le chapeau. »
Journaliste : « Que préférez-vous dans le jeu d'acteur ? »
Alain
Delon : « Face à la caméra le jeu est simple, léger, plus réaliste et
je peux laisser aller mon personnage comme je le sens. Contrairement
au théâtre, où l'on ne peut pas refaire les prises : c'est du
direct ! »
Mathilde David et Sandra Robert- -Paulin
Delon, un samouraï ?
Ce
film sorti en 1967 est un film à intrigue policière. C'est une
adaptation réalisée par Jean Pierre Melville du roman The Ronin
de Gaon Mcleod, avec comme personnage le grand Alain Delon sous le
nom de Jef et sa femme Nathalie dans le rôle de Jane.
Ce
long métrage raconte l'histoire d'un tueur à gages solitaire,
froid... Il lutte pour sa survie,ne se consacre qu'à son travail et
ne se rattache à aucune réalité, ne vivant que dans l'ombre et la
solitude.
Il
tombe amoureux de Valérie, la pianiste du bar de jazz, tout en ayant
une relation très complice avec Jane, la femme qui l'aide dans ses
coups. Nous éprouvons de l'incertitude lors du déroulement du film
sur les sentiments qu'éprouve le tueur envers les deux femmes.
Certes,
ce film met beaucoup de temps à se mettre en place, il faut attendre
près de quatre minutes avant les premiers dialogues, ce qui n'a pas
plu à tout le monde ! Cependant, même avec si peu de paroles, le
film permet de cerner le personnage et de se rendre compte de sa lourde
solitude, semblable à celle d'un samouraï.
Jeff
Costello est comparé à un «loup blessé» mais nous pouvons tout
aussi bien dire qu'il est semblable au serpent, du fait de son
impassibilité, de ses mouvements rapides et surtout de son regard
froid qui paralyse les témoins. Sa prestance est intimidante. Son
regard hypnotique est mis en valeur par les nombreux plans rapprochés
visage, Alain Delon jouant son rôle à la perfection.
D’autre
part le silence qui règne dans certaines séquences du film nous y
plonge d'autant plus, nous permettant de mieux observer les scènes,
de mieux entendre les détails comme le chant de l’oiseau dans sa
cage..
Enfin
ce film est intéressant par son esthétisme grâce aux couleurs qui
rajoutent de la froideur et donnent presque l'impression d'un film en
noir et blanc.
Gwenaelle
Collin et Chloé Richelet
Le tigre et le requin
http://srv2.betterparts.org/images/citroen-ds-06.jpg
La Citroën DS21 est mise en avant dans Le samouraï car elle est la seule que Jef Costello vole dans la rue. La DS21 est une voiture de Citroën commercialisée entre 1955 et 1975 d'abord en berline, puis en break et cabriolet .
Le
nom de cette voiture a une histoire car son premier nom est Citroën
ID ( le D venant du nom de son moteur de série D ). Elle fut rebaptisée DS pour des raisons publicitaires car
son nom nous rappelle une déesse : c'est la reine des voitures !
La DS a été dessinée par le sculpteur et designer italien Falminio Bertoni en collaboration avec André Lefebre. À l'origine, son long capot est prévu pour accueillir un moteur 6-cylindres mais le projet n'a pas abouti…Elle est l'une des voiture les plus révolutionnaires de son siècle, arrive en troisième position du concours Car of the Century et a été même élue « plus belle voiture de tous les temps » par le magazine britannique Classic&Sports Car.
La DS a été dessinée par le sculpteur et designer italien Falminio Bertoni en collaboration avec André Lefebre. À l'origine, son long capot est prévu pour accueillir un moteur 6-cylindres mais le projet n'a pas abouti…Elle est l'une des voiture les plus révolutionnaires de son siècle, arrive en troisième position du concours Car of the Century et a été même élue « plus belle voiture de tous les temps » par le magazine britannique Classic&Sports Car.
La Citroën DS apparaît dans nombreux films au cinéma. On
la retrouve quasiment dans tous les films européens entre 1955 et
1980. Elle apparaît aussi dans des nombreux films américains ou
britanniques, par exemple on la retrouve dans Retour vers le futur
2 employée comme taxi du futur, ou bien dans Dark city.
Dans Le samouraï, on peut supposer que Melville a choisi cette voiture de préférence à toutes les autres car elle était la voiture la plus populaire de son époque. En outre, étant une voiture de marque française, elle attira Melville en raison de des nombreux prix qu'elle avait gagnés et qui témoignent d'une popularité internationale.
Dans Le samouraï, on peut supposer que Melville a choisi cette voiture de préférence à toutes les autres car elle était la voiture la plus populaire de son époque. En outre, étant une voiture de marque française, elle attira Melville en raison de des nombreux prix qu'elle avait gagnés et qui témoignent d'une popularité internationale.
Le samouraï est évoqué comme un loup solitaire et le profil aérodynamique de la voiture la fait ressembler à un requin, le fauve solitaire du fond des mers.C'est donc la seule voiture qui pouvait convenir à Jef Costello...
Dorian Haoues et Charmila Aboudou
Un samouraï des temps modernes ?
« Il n'y a pas plus profonde solitude
que celle du samouraï à part peut-être celle du tigre dans la
jungle. » - Bushidō,
l'âme du Japon de Inazo Nitobe
Melville,
réalisateur du célèbre film Le Samouraï ! Ce
«samouraï» est Jef Costello, joué par Alain Delon, mais ce tueur
à gages, peut-on le considérer comme un véritable samouraï ?
Suit-il le bushido comme il le faudrait ?
Un samouraï était jadis un guerrier qui se battait pour son empereur. Cette caste guerrière fut créée à la fin de l'ère Nara pour conquérir de nouvelles terres puis pendant tout l'ère Heian, ses nobles soldats devaient surveiller les provinces afin d'éviter les révoltes paysannes. Ici, on peut dire que Jef Costello est un samouraï puisqu'il tue afin d'éviter les révoltes envers son maître.
Pendant tout le film, ce samouraï des
temps modernes respecte trois des sept principes du bushido, le
code d'honneur de samouraï, soit la loyauté envers son maître puis
plus tard envers ses sentiments, la droiture lors de ses meurtres
quasiment parfaits et le courage afin d'effectuer son travail avec
assurance.
Les quatre autres principes du bon
samouraï, notre tueur à gages va les acquérir plus ou moins durant
tout le film. Tout d'abord, le seul principe qu'il ne va pas
totalement respecter est la politesse. Le seul moment où il
respecte cette règle est le moment où il fait aussi preuve de
sincérité envers la pianiste qui l'a aidé.
Pour finir, lorsque que Costello fait
son seppuku, soit « hara-kiri », il acquiert les
dernières vertus inscrites dans le code d'honneur de samouraï, la
bienveillance et l'honnêteté envers la pianiste en refusant de la
tuer bien que ce soit sa mission. Et tout à la fin, l'honneur lui est
dû car il assume les crimes qu'il a commis, réunissant toutes
les vertus d'un vrai samouraï.
Bérénice Rouland et Charlotte Masson
Le film noir
Le
film noir est un genre cinématographique. Ce terme est utilisé
principalement pour la fiction américaine. Ce sont les Français qui
ont forgé cette expression qui a été adoptée ensuite par les
Américains. Cette expression fait référence à la collection des
romans de la Série Noire.
Ce
genre est l'âge d'or du cinéma criminel américain.
Les
thèmes privilégiés du film noir sont le meurtre et le crime, la
jalousie, la trahison, l'infidélité et le fatalisme. Les
personnages se ressemblent : chapeau en feutre, imperméable
gris, cigarette, humour froid, impassibilité de surface, solitude…
Le
film noir met généralement en scène un personnage emprisonné dans
des situations qu'il n'a pas choisies, reliées à des décisions
désespérées.
Les
angoisses de l'époque se retrouvent dans ces films (1940-1950). On y
retrouve la ville au climat malsain avec la criminalité et la
corruption, l'incertitude et l'angoisse, la faiblesse du héros
masculin, le rôle destructeur de la femme fatale et le réalisme
social.
L'esthétique
des films noirs leurs est bien spécifique, la narration est parfois
fondée sur un retour arrière, les dialogues ne sont pas
spécialement présents, un personnage raconte son histoire grâce à
la «voix off». L'utilisation de la caméra peut être objective,
sèche et brutale et souvent consacrée à l'impassibilité du
regard. L'éclairage, lui, est fondé sur les ombres et les lumières.
Les angles de prises de vues sont influencé par l'expressionnisme
Allemand,
La
ville est l'espace du film noir, la femme est le passé de l'homme,
elle incarne la mort, le mensonge et la dualité féminine.
L'adoption
du noir et blanc et de toute une technique particulière aboutit donc
à accroître un sentiment
de menace, d'étouffement,
de paranoïa propres au genre. Même si le film noir disparaît à
proprement parler à la fin des années cinquante, sa thématique est
reprise par les cinéastes modernes.
En
quoi le Samouraï est t-il un film noir ?
Le
Samouraï respecte presque toutes les caractéristiques du film noir,
en commençant par le personnage principal Jeff Costello, vêtu d'un
chapeau de feutre et d'un imperméable. Il fume, il est très seul et
il est froid, il ne parle presque jamais. Le
Samouraï
respecte aussi le mythe de la femme fatale avec la pianiste Valérie
grâce à qui la faiblesse de Jeff Costello se ressent car il va se
laisser tuer pour cette femme. La mort et le crime sont les deux
thèmes principaux. Le film est aussi beaucoup centré sur la ville
de Paris. On y voit beaucoup de détails qui représentent le
réalisme social de l'époque. On remarque également que le dialogue
n'est pas présent et la caméra met en valeur les jeux de regards.
Le film reste dans l'angoisse constamment, ce qui correspond tout à
fait aux films noirs.
Jeanne
Degret et Amélie Bouvet
Sources
http://www.ac-nice.fr/lettres/index.php/ressources-en-lettres/audiovisuel/textes-generaux/119-les-genres-le-film-noir
http://www.ac-nice.fr/lettres/index.php/ressources-en-lettres/audiovisuel/textes-generaux/119-les-genres-le-film-noir
https://fr.wikipedia.org/wiki/Film_noir
Le Japon, une influence pour la France !
Le Japonisme en France depuis
le XIX° siècle
Déjà,
qu'est-ce que le japonisme ? Le japonisme, c'est l'influence de la
civilisation et de l'art japonais sur les écrivains et les artistes
occidentaux qui ont commencé à imiter le style et la manière de
faire des artistes et artisans japonais. A la fin du XIX° siècle
ce mouvement gagna tous les pays occidentaux, en particulier
l'Angleterre et la France.
En
1858 le traité du commerce entre la France et le Japon est signé et
prend immédiatement effet. Le commerce est essentiellement basé sur
l'importation d'armes et d'objets d'arts provenant du Japon vers la
France.
Les
objets sont essentiellement des vases, de la porcelaine, qui sont faits
main à cette époque. Sur ces vases et porcelaines nous pouvons
observer des dessins très beaux représentant la nature pour la plupart. Nous pouvons d’ailleurs le voir très clairement sur ce
vase en porcelaine japonaise bleue et blanc de Makuzu Kosan.
Mais
l'importation de soie et de laques est aussi très fréquente, tandis que les éventails sont moins appréciés.
L'importation d'armes comme les Katanas, les sabres de samouraï, obtient un très grand succès, en particulier chez les collectionneurs.
Vous
devez sûrement vous demander pourquoi cet article ne parle toujours
pas des estampes, je me trompe ? Eh bien c'est tout simplement parce
qu'à l'époque les estampes japonaises n'avaient aucune valeur pour
les Japonais. Si vous voulez, c'était pour eux l’équivalent de
notre papier journal. Ils l'utilisaient pour envelopper les objets
fragiles qui devaient être importés en France ou dans les autres
pays d'Occident.
Les
estampes vont produire une révolution visuelle chez les Européens.
Logique, dirons-nous aujourd'hui puisque les couleurs n'étaient pas
les mêmes, tout comme la manière de dessiner et la mise en page. Cette dernière donne souvent un effet de dissymétrie mais le
format lui aussi était très différent, puisque pour certains dessins était utilisé un
format Kakemono qui est un format allongé qui va étonnamment
influencer la photographie. En effet les paysages représentés sur
certaines estampes ont l'air si réaliste que l'on pourrait croire
qu'ils existent réellement et que ces estampes sont en réalité des
photos que les Occidentaux ou que les Japonais auraient prises.
Les
Japonais vont aussi beaucoup influencer l'Occident dans leur manière
de peindre, notamment les Impressionnistes, les Nabis, les Fauvistes et
les peintres de ce que l'on apelle l'Art Nouveau qui est un mouvement
artistique de la fin du XIX° siècle et du début du XX° siècle
qui s'appuie sur l'esthétique des lignes et des courbes.
Les impressionnistes ont été les plus influencés par le
japonisme qui perdura longtemps. Le mouvement
Nabi est mouvement post-impressioniste d'avant-garde, né en marge de
la peinture académique de la fin du XIX° et du début du XX°
siècle.
Le
japonisme en tant que tel est un mouvement qui a surtout touché des
artistes et des peintres amateurs.
En
1905, l'Europe découvre que le Japon est une super puissance
quand il gagna contre la Russie.
Le
Japon fit fantasmer les Européens, qui voyaient en lui un pays arrêté dans la pureté de son passé et de sa culture, et qui pensaient que le contact avec l'Occident allait lui faire perdre son originalité. En réalité l'Occident n'aura aucune influence sur les traditions qui resteront
intactes. Le Japon restera donc authentique malgré le contact avec l'Occident.
Avant l'ouverture du pays aux influences occidentales, durant l'époque appelé Edo (1603-1868), un artiste s'est fait remarquer
par son véritable talent, il s'agit bien sûr d'Hokusai. La manga
d'Hokuzai est un ensemble de carnets de croquis destinés à servir
de modèle aux disciples du peintre et de banque de données au
peintre lui-même. Elle était très appréciée des gens du peuple et
des artisans et collectionnée par les seigneurs. Les estampes où sont
représentées des réalités éphémères sont appelées Ukiyo-e ou "images du monde flottant", et sont représentatives d'un mouvement artistique de
l'époque Edo.
Les
estampes ne sont pas des œuvres uniques, elles peuvent être
reproduites à l'infini grâce au Hangi (planche à trait) qui est en
bois de merisier recyclable. Le shita-e qui est le
dessin de l'estampe que l'on veut reproduire est validé par
l'éditeur avant d'être placé par le graveur à l'envers sur le hangi frotté d'encre. On peut considérer ce procédé comme de l'impression
d'estampes.
La
reconnaissance d'Hokuzai comme grand artiste est venu des Européens.
Degas, un peintre européen, s'est d'ailleurs inspiré de la manga
d'Hokusai pour présenter le corps des femme du peuple.
Les
shunga, ou «images de printemps» sont des gravures érotiques
appréciées par les Européens qui aujourd'hui peuvent paraître
choquantes, mais dont s'amusaient les Japonais, hommes et femmes, de l'époque Edo.
La
dernière œuvre exécutée par Hokusai avant de mourir à 89 ans est
un tigre sur la neige. Certains historiens suppose que le tigre
serait un autoportrait d'Hokusai.
Pour
en savoir plus sur la Japon et sa culture je vous conseille d'aller
voir l'article sur le Bushido que vous trouverez sûrement
intéréssant.
Louise
Nunes et Laura Pamart
Source image www.pinterest.com
L'univers du loup solitaire
Analyse de la séquence d'ouverture du film (0 à 3'44")
Dès
le premier plan, un plan d'ensemble, nous sommes tout de suite
plongés dans l'univers sombre et solitaire du Samouraï, Jeff
Costello, interprété par Alain Delon. Ce dernier est à peine
perceptible dans cette grande pièce qui n'est autre que sa chambre,
aussi froide et renfermée que lui. Elle apparaît presque carcérale
et grisâtre, comme son imperméable et son chapeau, reflétant bien
sa personnalité. Il est allongé dans son lit en fumant et paraît
petit face à la grandeur de la pièce. D'ailleurs, Jean-Pierre
Melville à demandé à son décorateur d'exagérer la hauteur de la
pièce car il voulait vraiment donner un effet d'immensité. On ne le
distingue presque pas, comme dans son métier, il est invisible même
dans son intimité. Il se fond dans le décor. On ne perçoit que la
fumée qui s'échappe de sa bouche, il est silencieux et pensif. La
caméra est placée au milieu du « quatrième mur », ne
bouge pas et reste fixe pour le moment, ce qui crée une atmosphère
lourde et pesante. De plus, la pièce est à peine éclairée malgré
la lumière qui traverse les fenêtres. Le silence règne, seuls
l'oiseau placé au milieu de l'espace et la pluie battante brisent ce
calme perturbant et cette atmosphère glaciale. L'oiseau apparaît
comme la seule présence vivante de la chambre et la pluie renforce
l'esprit triste et morbide de ce début de film. De plus, on entend
légèrement le brouhaha de la ville de Paris, malgré cela, Costello
n'est absolument pas perturbé et reste dans son monde, ce qui
accentue le caractère solitaire du personnage.
« Il
n'y a pas de plus profonde solitude que celle d'un Samouraï si ce
n'est celle d'un tigre dans la jungle… peut-être... » :
cette citation est censée être extraite du Bushido,
le livre des samouraï, mais a été en réalité inventée par le
réalisateur. Elle est présente lors des premières minutes du film
et annonce la fin du plan fixe d'ouverture.
Puis
pendant quelques secondes, une musique angoissante brise le silence
et la caméra se met à bouger de façon brusque et abstraite, avec
des effets de légers grossissements. L'ambiance change et paraît
encore plus pesante que précédemment. Puis le plan d'ensemble
revient et le Samouraï bouge enfin. Il se lève et le plan change
d'objectif, on voit un gros plan sur des billets déchirés qu'il
tient dans la main. C'est alors qu'on aperçoit le personnage
principal de plus près et plus clairement, la lumière est beaucoup
plus forte que dans le premier plan. Un gros plan est ensuite fait
sur la cage et l'oiseau, qu'on peut comparer aux premières minutes
du film quand Costello semble ''enfermé'' dans cette grande
chambre.
C'est
à ce moment que le personnage se déplace enfin dans la pièce. Il
fait d'ailleurs un mouvement qu'on ne relève pas au premier abord
mais qui pourtant semble anodin et sans intérêt pour un homme qui a
pour habitude de toujours contrôler ses faits et gestes : il
frotte ses billets contre la cage.
La
caméra le suit alors dans son déplacement avec un plan rapproché
taille, il cache son argent et se dirige vers la porte. S'ensuit un
plan poitrine où on le voit dans un miroir, il met son imperméable
et son fedora avec des gestes précis et calculés. Son visage paraît
fermé et sans émotions. Il sort alors de son appartement de façon
déterminée et se lance dans l'action du film.
Mathéo
BOVAY et Juliette PHILIPPE
Jeff Costello, de Thésée au samouraï
Tout
d'abord expliquons le choix du titre de notre article. Dans le
mythe antique, Thésée est enfermé dans un labyrinthe gardé par le
monstrueux Minotaure. Ce titre vise à mettre en évidence
l'enfermement mental et le cercle de la mort qui emprisonne le
personnage principal Jeff Costello.
Dans
la chambre de Costello, premier décor à apparaître à l'écran, il
n'y a aucun objet personnel, uniquement le strict minimum au niveau
du mobilier. La chambre est disproportionnée : un petit lit,
une armoire et, au centre de la pièce, une cage avec un oiseau, qui
représente la seule présence de vie. Les plafonds sont hauts et les
fenêtres rectangulaires. Il semble vivre anormalement, il est comme
enfermé dans une boîte. Dans ce décor qui ouvre le film, on
observe une source de lumière : les fenêtres. Celles-ci font
ressortir une lueur bleutée, la fumée de la cigarette entamée par
Jeff. On voit à travers cet appartement austère une certaine
solitude.
Ensuite,
dans tout le film, Costello est enfermé dans plusieurs types de
cages. En effet, l'acteur ne cesse de se déplacer : il monte
dans des cages d'escaliers, il ouvre puis ferme des portes, dont
celles de l'ascenseur qu’il doit lui-même refermer. Nous pourrions
faire un parallèle entre les portes qu'il ferme et la mort qui se
referme sur lui. Il semble toujours emprisonné dans des sortes de
boîtes de tailles différentes un peu comme des poupées russes. Il
s'enferme jusqu'à trouver une issue : tuer la pianiste puis
mourir, ou bien mourir seul. Ce cercle vicieux et cette solitude sont
en fait une torture. En plus, Costello n'extériorise aucun
sentiment. Il est donc difficile de comprendre son état d'esprit.
Pour preuve de son enfermement, on a ses tocs réguliers comme la
manière de mettre son chapeau, mettre ses gants, de vérifier si on
ne l'espionne pas.
Il
tourne dans un labyrinthe infini…En effet, il parcourt des
kilomètres de quais et de couloirs de métro. Souvent un panneau
« sortie » apparaît et pourtant, Jeff Costello se dirige
invariablement vers un autre escalier : il ne peut pas ou ne
veut pas s'enfuir. Dans le commissariat où Costello se fait arrêter,
le Commissaire ne cesse de passer de pièce en pièce – de boîte
en boîte- et Jeff lui ne bouge pas. Il sait qu'il n'a pas
d’échappatoire possible : c'est un bandit, il est payé pour
tuer. Après avoir été relâché du poste de police, le bras droit
de son patron ne lui donne pas ce qu'il lui doit et tente de le tuer.
Costello prend donc les devants et abat son chef. A partir de ce
moment, Jeff sait que le temps lui est compté : il mourra. Il
sera abattu par la police si celle-ci prouve qu'il est le tueur, ou
bien les hommes de son patron le tueront. La fin est tragique car
elle comporte les codes d'un film de tragédie : une fin triste
avec une prise de décision entre deux issues horribles.
Noor
Chehboun et Cécile Capide
Le roman policier, une littérature populaire
Même
si l'on peut considérer la tragédie de Sophocle Œdipe roi
comme la première enquête policière de la littérature occidentale, même si dans
Zadig Voltaire met en scène un personnage qui reconstitue un
événement à partir de l'observation d'indices, le roman policier proprement dit (appelé aussi « polar » en France) est né
au XIXème siècle. Il s'est développé grâce à la
presse qui diffusait sous forme de feuilletons les chapitres de ces
romans, ce qui entraînait l'enthousiasme du public qui devait
attendre la suite de sa lecture.
Le
récit est fondé sur une intrigue et sur une recherche méthodique
de preuves, la plupart du temps au cours d’une enquête policière
ou menée par un détective privé. Il comporte six invariants :
le crime ou le délit, le(s) coupable(s), le mobile, la victime, le
mode opératoire et l'enquête.
Edgar Allan Poe (1809-1849) a inventé certaines des caractéristiques essentielles de ce genre.Tout d'abord il a créé un détective aussi intelligent qu’ excentrique, Auguste Dupin, qui est devenu l'ancêtre du Sherlock Holmes chez Arthur Conan Doyle ou encore d’Hercule Poirot chez Agatha Christie .
Le
roman policier offre deux formes majeures qui sont le roman à énigme
et le roman noir .
Le
roman à énigme consiste à rétablir l'ordre de la logique à
l’aide d'explications rationnelles, il ramène l'inconnu au connu.
Le héros a des caractéristiques physiques minimales (dans le cas de
Dupin) ou réduites à quelques manies (dans le cas de Sherlock
Holmes). Il est porteur d'un discours moral où la découverte
du criminel débarrasse le monde d'un être mauvais qu'il fallait
punir.
Le
roman noir met en scène un anti-héros, dénonçant les violences
sociales avec une écriture brutale. Le héros porte un regard sans
complaisance sur le monde, a souvent une clientèle douteuse et
côtoie tous les milieux dans une atmosphère urbaine et inquiétante.
Ce type de roman policier décrit la dégradation d'une humanité
sans illusion, qui ne croit plus à la raison. Il a connu le succès
après la guerre de 1914-1918.
Le
roman policier connaît une évolution durant le XXème
siècle, il perd son aspect moral et change les caractères des
personnages : les détectives intelligents, droits et honnêtes
laissent place à des personnages moins recommandables. Les
« méchants », c'est-à-dire les voleurs ou les
criminels, occupent le devant de la scène et prennent leur revanche.
L'attention se déplace ainsi du détective au criminel, allant même
parfois jusqu’à voler la vedette à l’enquêteur, voire à le
rendre ridicule.
Aujourd'hui
le roman policier fait partie des meilleures ventes et il est dans
les préférences des lecteurs, ce qui lui permet de remporter de
nombreux prix d'écriture.
Par
exemple :
- Le
grand prix de littérature policière, qui consiste à récompenser
les meilleurs romans policiers français et étrangers.
- Le
prix Sang d'encre décerné chaque année depuis 1995 lors du
Festival de Vienne en Isère.
- Le
grand prix Paul-Féval de littérature populaire créé par la Société
des gens de lettres.
Le
roman policier n'est pas seulement une lecture divertissante, il sert
aussi à dénoncer la société dans laquelle nous vivons, comme
Thierry Jonquet qui dénonce dans ses livres la barbarie et la bêtise
de l'homme ou encore la politique qui délaisse les plus faibles. Ainsi,
Le Samouraï de Jean Pierre Melville dénonce
l'enfermement des hommes dans une société où l'on ne peut
s'épanouir
Lucie
Hénin et Marine Le Gras
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