mercredi 15 mars 2017

L'étrange univers de Miyazaki

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Princesse Mononoké est un film d'animation réalisé par Hayao Miyazaki. sorti en 2000 dans les salles françaises. Il a bénéficié d'un immense succès au Japon avant de s'exporter en France.

Ashitaka, le héros de notre histoire, se retrouve blessé lors d'un combat contre un sanglier maudit à l'apparence répugnante et angoissante. Pour soigner sa plaie et rompre la malédiction qui le ronge, il part à l'aventure afin de trouver un remède. Sur son chemin, il croise la route de Dame Eboshi, la gérante d'une forge qui lutte contre San, alias Princesse Mononoké, élevée parmi les loups. Ashitaka se lie avec cette jeune fille. Il se bat à ses côtés pour protéger le Dieu Cerf du sanglier maudit et de Dame Eboshi, qui aveuglée par son ambition risque de détruire l'équilibre de la forêt.

Ce film peut être perturbant pour les Occidentaux formatés par l'univers Disney, pour qui un film d'animation est majoritairement destiné aux enfants. Or ce film de Miyazaki fait en réalité très peur. En effet, les sangliers maudits sont très angoissants. Le réalisateur ne lésine pas sur les détails crus comme le sang, des tentacules visqueux et gluants  et le caractère dur de ses personnages, issus de la culture japonaise. On se sent du coup moins proche du héros Ashitaka, toujours sérieux et solennel, et sa quête pour survivre nous laisse indifférents.

Cependant l'univers empreint de magie dans lequel il évolue est plaisant, avec toutes les petites divinités qui nous font sourire malgré tout. Les sylvains sont d'adorables créatures miniatures, leur nudité nous amuse. Ils sont tout blancs et leur tête gigote en faisant un bruit d'osselets. L'image des femmes dans ce film est positive, Princesse Mononoké est une jeune fille combative, ambitieuse et déterminée, qui est prête à sacrifier sa vie pour celle des autres. Une autre femme, Dame Eboshi, contrôle les hommes de sa forge : ce film montre ainsi une position de pouvoir du sexe féminin, ce qui surprend un aficionado de l'univers Disney. Par rapport au début qui laisse présager une fin obscure, le film se clôt de façon inattendue, la nature reprend le dessus et tous ses droits, « tout est bien qui finit bien », le seul véritable point commun avec l’univers Disney auquel nous sommes plus familiers en tant qu'Européens.

Par ailleurs, Joe Hisaishi compose une musique à la fois épique et empreinte d'onirisme. L'orchestre donne de la majesté à la bande-son et nous entraîne dans l'action des personnages. Sans la musique, les péripéties seraient moins captivantes. On voit également l'influence japonaise dans la mélodie qui évoque celle de la tradition nippone par la lenteur et la douceur des notes.

Le travail fourni autour du dessin ne peut-être que salué. Les nombreux détails accordés au graphisme occupent l’œil tout au long du film, par exemple les tentacules grouillants du sanglier maudit. Cependant l'animation est nettement moins fluide que celle des Disney qui pratiquent la rotoscopie. Les personnages ne bougent pas très vite, leurs mouvements sont comme mécanisés, c'est moins agréable. Néanmoins, les couleurs sont bien choisies pour exprimer les sentiments et l'univers du film: le noir et le rouge pour la terreur du sanglier maudit, le vert, le bleu et quelques touches de jaune pour l’univers paisible de la forêt et le blanc pour les divinités. On comprend pourquoi Miyazaki met autant de temps à préparer ses films d'animation.

Amateurs du studios Ghibli, courez-voir ce film. Pour les autres, une préparation sera nécessaire afin de l'apprécier à sa juste valeur. Cependant, pour tous ceux qui détestent l'animé japonais, courez voir autre chose. Il est important de noter que ce film ne s'adresse pas à un public trop jeune.

Léa HUSSON & Manon PETIOT 1L2

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