Le
cinéma est né en 1895 avec la création du premier projecteur de
cinéma et la première projection publique payante à Paris. Le premier film est «La sortie de l'usine Lumière à Lyon»
Avant
les années 30
Le cinématographe est
introduit au Japon en 1897 par les Frères Lumière, fondé sur la
représentation de la réalité (scènes de rue), mais aussi de l'art
le plus populaire dans le pays, le théâtre de Kabuki. En 1899,
Tsukenichi Shibata enregistre une célèbre pièce de Kabuki,
Promenade sous les feuilles d'érable , dont subsiste un
extrait sauvegardé de 6 minutes.
Mais, très vite, les
cinéastes japonais se tournent vers Hollywood et le cinéma européen, essentiellement l'Allemagne et la France. De Mille lui-même
dirige l'acteur Sesshu (Sessue) Hayakawa dans le célèbre Forfaiture
(1915), où il incarne un prince birman, caricature de l'Asiatique
"raffiné et pervers".
Un cinéma de genre
A l'opposé de ces films
"occidentalisés", qui plaisent à l'élite intellectuelle,
le public japonais de base est plus friand de films d'époque tournés
à Kyoto dans les nombreux studios de compagnies alors en plein essor
(Nikkatsu, Shochiku, Makino, etc), et vient en masse pour voir les
films, mais surtout écouter les fameux "benshis"
(commentateurs), parfois plus célèbres que les acteurs eux-mêmes. Cette tradition des benshis remonte au kamishibai, «pièce
de théâtre sur papier», qui est un genre narratif japonais, une sorte de
théâtre ambulant où des artistes racontent des histoires en
faisant défiler des illustrations devant les spectateurs.
A la fin des années
vingt, très marquées par les idées progressistes venues d'Europe,
se développe ce que les Japonais appellent le "keiko-eiga"
(film à tendance), dont les principaux représentants sont Daisuke
Ito, Masahiro Makino et Tomu Uchida. En réaction contre le Kabuki
traditionnel et le Shimpa, ces cinéastes prennent pour héros des
personnages de samouraïs rebelles, ou ronins (samouraïs errants),
et de voleurs populaires style Robin des Bois.
Daisuke Ito fut l'un
des maîtres du genre, avec des films comme Carnets de voyage
(1927), ou Jirokichi, le chevalier-voleur (1931), incarnés
par la super-star Denjiro Okochi, où il mettait aussi en vedette une
caméra déchaînée, dans les spectaculaires scènes de Chambara
(combats de sabres).
L'un des héros les plus
populaires de cette tendance fut pourtant La Chauve-souris
cramoisie (Benikomori), dans le film de Tsuruhiko Tanaka (1931),
qui contait, d'après un feuilleton paru dans la presse, les
aventures épuisantes d'un samouraï audacieux et patriote, avec une
extraordinaire vigueur narrative. C'est l'un des rares exemples de
film de genre de cette époque qui soit parvenu jusqu'à nous en bon
état.
L'ancien onnagata
(acteur interprétant des rôles de femmes) Teinosuke Kinugasa, passé
à la réalisation en 1922, tourne une Une Page folle en 1926,
d'après une idée de l'écrivain Yasunari Kawabata, sans aucun
intertitre, et qui montre la folie des hommes dans un asile
psychiatrique. Un exercice époustouflant de "cinéma pur"
de modernité et de liberté créatrice. Deux ans plus tard, il
tourne Carrefour (Jujiro), tentative de récit expressionniste
plus classique mais tout aussi atypique Il part de lui-même, sa
copie sous le bras, montrer son film à Moscou et Berlin, alors en
pleine ébullition cinématographique. Kinugasa y rencontre
Eisenstein et Fritz Lang, alors qu'en Europe, la plupart des gens
ignorent jusqu'à l'existence d'un cinéma japonais.
Les années 30
Jusqu'aux années
trente, l'industrie cinématographique japonaise est dominée par
deux compagnies, la Nikkatsu et la Kokkatsu. La première a une
production culturelle traditionnelle fondée sur un style simple :
plans moyens filmés en continu, de façon à réduire le montage au
maximum.
Sous l'influence du
cinéma américain, d'autres compagnies voient le jour et cherchent à
introduire un peu de modernité. Elles engagent des actrices
(auparavant les hommes tenaient tous les rôles) et, au début des
années 30, elles ne font plus appel aux benshi.
Le Ier septembre 1923,
un tragique tremblement de terre détruit une grande partie de Tokyo,
faisant plus de 100 000 morts. L'activité du cinéma japonais est
transférée à Kyoto, qui devient du coup le Hollywood japonais.
Bien que le parlant ait
fait officiellement son entrée avec Mon amie et mon épouse,
de Heinosuke Gosho (1931), on tourna des films muets jusqu'en 1935, à
cause de la résistance des cinéastes (c'est le cas d'Ozu), mais
surtout à cause de celle des benshis, qui voyaient leur échapper
notoriété et gagne-riz. Il reste d'ailleurs aujourd'hui quelques
écoles de benshis, notamment ceux de la famille Matsuda, dont les
élèves organisent régulièrement des séances de films muets
commentés.
Le Japon en guerre
Avec le début de la
guerre sino-japonaise, les conditions de travail des cinéastes
japonais deviennent de plus en plus difficiles. En juillet 1938, le
gouvernement incite le cinéma à se détourner des thèmes
individualistes, des comportements occidentaux, pour privilégier la
tradition familiale, le respect de l'autorité, l'esprit de
sacrifice, au nom des exigences de la nation. La censure se fait plus
pesante dès l'écriture de scénario. Mizoguchi lui-même est
contraint de tourner un film qui exalte le patriotisme, Roei no Uta
(1938).
L'après guerre
En 1944, les
bombardements ayant détruit la majorité des salles, la production
des studios est considérablement ralentie. Dès la fin août 1945,
l’armée américaine crée la "Direction de l’information et
de l’éducation civique" dont la section cinéma et théâtre
est chargée de contrôler l’industrie cinématographique. Son
directeur, David Conde, convoque ainsi une quarantaine de cinéastes
et professionnels de l’industrie afin de présenter ses directives.
La plupart ont pour but d’abolir le militarisme et le nationalisme
à l’écran, d’assurer la liberté de croyance, d’opinion et
d’expression politique, d’encourager les activités à tendances
libérales et d’établir les conditions nécessaires pour que le
Japon ne redevienne pas une menace.
Les années 2000
Les années 2000 voient
l'arrivée à maturité de cinéastes nés au debut des années
sosixantes : Nobuhiro Suwa (né en 1960) donne Mother
(1999), Un
couple parfait (2005),
Hirokazu Kore-Eda (né en 1962) réalise Nobody
knows en 2004,
Satoshi Kon (né en 1963 et révélé par Perfect
Blue en
1997) réalise Paprika
en 2006, Shinji Aoyama (né en 1964) réalise Eureka
en 2000, Ishii
Katsuhito (né en 1964) réalise Taste
of tea en 2004
et Naomi Kawase (née en 1969), La
forêt de Mogari
en 2007.
Ysaline Lefevre et Cassandra Grué
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