mercredi 15 mars 2017

Le personnage de San : enfant sauvage ou chamane ?

Dans Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki les thématiques abordées sont diverses : la nature, le chamanisme, le shintoïsme… Le personnage de San fait écho au monde sauvage et au chamanisme, mais est-elle une enfant sauvage ou un chamane

Les enfants sauvages sont appelés ainsi car ils ont été abandonnés dans les bois pendant de nombreuses années. Ils ont toujours suscité une attention particulière chez les scientifiques et les écrivains. Mais, selon Serge Aroles, un chirurgien qui s'est penché sur la question, le seul cas avéré d'enfant sauvage est celui de Marie-Angélique Le Blanc, appelée la fille de Songy. Retrouvée à l'âge de 20 ans dans le village de Songy dans la Marne, la jeune fille se comportait tel un animal mais a ensuite retrouvé ses facultés intellectuelles et a raconté son histoire avec la collaboration de Mme Hecquet. Le personnage de San reprend certaines caractéristiques de l'enfant sauvage dont l'attitude. Elle se comporte en effet à plusieurs reprises comme un singe et un chien-loup. Elle a d'ailleurs été élevée par Moro, une louve qui l'aime comme sa fille. On retrouve la même situation dans Le livre de la jungle avec Mowgli et sa mère-louve Raksha. Par ailleurs, on pourrait également rapprocher le personnage de San et le film Princesse Mononoké du poème de Victor Hugo « Elle était déchaussée ...» - même si San porte des chaussures ! En effet, le personnage de la fille sauvage y apparaît de manière fantasmagorique, or, on retrouve de nombreuses divinités et légendes dans le film. De plus, à la fin de son poème, Victor Hugo semble avoir apprivoisé la fille sauvage tout comme Ashitaka avec San.

Toutefois, même si le personnage de San peut faire penser à la figure de l'enfant sauvage, de nombreux éléments font référence au chamanisme. Le chamanisme est originaire de Sibérie et s’est développé dans la cadre de la religion animiste. Il montre beaucoup de similitudes avec des religions africaines ou amérindiennes. On retrouve dans ces pratiques une foi en la nature et une croyance aux esprits. Le titre même du film fait penser au chamanisme, car en japonais, mononoké évoque le monde des esprits ou des dieux de la forêt. A l'intérieur du film, on trouve également beaucoup de références au chamanisme comme la forge, mais ici, les forgerons sont contre la nature qu'ils détruisent afin d'avoir du fer. San fait elle aussi penser à un chamane mais son rôle diffère par rapport à la chamane du village d'Ashitaka. En effet, le chamane sert d' interface entre le monde des humains et le monde de la nature dans le but d'aider les hommes comme la chamane du village d'Ashitaka qui invoque l'esprit du sanglier pour mettre fin à la prophétie. San sert aussi d'interface entre ces deux mondes mais dans le but cette fois-ci d'aider la nature. De plus, lorsqu'elle décide de s'attaquer aux forges de Dame Eboshi avec les loups, son masque lui permet d'avoir l'esprit d'un animal. C'est à ce moment qu'elle se comporte comme un animal féroce et marche à quatre pattes.

Ainsi, le personnage de San se rapproche donc plus du chamane que de l'enfant sauvage. Mais, à travers ce personnage, Miyazaki nous fait comprendre son engagement pour la protection de la nature. Si San, en tant que chamane, aide la nature au lieu des hommes c'est peut être que la nature a besoin de plus d'aide que les humains et c'est pour cette raison qu'elle combat les hommes aux côtés des animaux.

Lilia Bernardin et Servane Francart, 1L2

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