Le terme allemand "Mitteleuropa" désigne à l'origine la partie médiane du continent européen, mais c'est une dénomination géographique peu précise, et le mot a évolué pour désigner une période aussi bien historique que culturelle en Europe centrale, qui se caractérise par une diffusion de l'art et une interaction entre les artistes. C'est aussi une époque où les cultures se mélangent, les différents pays sont solidaires et tolérants. C'est donc une période d'âge d'or, que beaucoup regrettent, comme Stefan Zweig. Wes Anderson s'en inspire dans son film The Grand Budapest Hotel, il y fait beaucoup de références.
La nostalgie est très rapidement présente dans ce film, incarnée par le personnage de Zéro qui raconte son histoire et semble regretter que cette période soit révolue. L'intrigue se déroule durant la Mitteleuropa, en 1932. Ce contexte historique et culturel est donc le pilier du film.
Monsieur Gustave est le personnage qui incarne le mieux cette époque, son raffinement et son amour pour la poésie en témoignent. Sa façon de charmer les femmes avec ses manières en font un personnage romanesque. Il ne quitte jamais sa manière d'être même en prison, puisqu'il est très courtois avec les prisonniers, qui vont l'aider à s'évader. Cela montre que son comportement n'est pas une façade, il est réellement ainsi, ce n'est pas que pour plaire aux clients de l'hôtel. Pour illustrer cet état d'esprit, une scène est marquante, celle où il sort de prison. En effet la première chose qu'il réclame en sortant est son parfum, «L'Air de Panache». On retrouve ce raffinement chez la majorité des personnages, ce qui traduit l'état d'esprit présent durant la Mitteleuropa.
La relation entre Monsieur Gustave et Zéro témoigne également de cette époque. Rien ne les relie à part l'hôtel puisque Zéro est un réfugié et un simple groom, tandis que Monsieur Gustave qui le dirige est originaire de Zubrowka. Pourtant ils se lient d'amitié, Gustave enseignant son métier a Zéro. Ils se sauvent mutuellement la vie à plusieurs reprises, et ne sont séparés que pendant l'incarcération de Monsieur Gustave. Celui-ci va même marier Zéro et Agatha.
Dans la transmission entre Gustave et Zéro on retrouve celle de la poésie. A différents moments dans le film Gustave récite des poèmes, puis Zéro tente également de composer des vers. Cette transmission s'étend aussi à Agatha. La poésie est tellement importante qu'elle ouvre et clôture l'histoire de Zéro, quand Monsieur Gustave récite un poème à Madame D. et avant sa mort dans le wagon de train. La poésie semble donc être la dernière chose qui rattache les personnages à l'humanité dans un monde où la guerre arrive de nouveau.
En plus de la poésie, la peinture et l'art sont présents dans le film. L'intrigue se construit en partie autour d'un tableau ayant une valeur inestimable Le Jeune Homme à la pomme qui est une référence à une œuvre de Raphaël. On retrouve également d'autres références, à Gustave Klimt et Egon Schiele, deux célèbres peintres viennois.
Ce que l'on retrouve le plus dans le film, et qui témoigne le mieux de la Mitteleuropa, est la littérature. Celle-ci ouvre et clôture le film. En effet l'histoire racontée par Zéro est celle du livre que l'on voit dans la première scène. On suit également l'auteur de ce livre à deux périodes de sa vie avant qu'il ne l'écrive et après sa publication. Le film est découpé en plusieurs parties qui rappellent les chapitres d'un livre, chacune possédant un titre romanesque inscrit sur des "cartons" qui scandent le récit.
Mais la montée des régimes totalitaires abrège cette période, ce que l'on retrouve dans le film. Les scènes qui illustrent le mieux ce phénomène sont celles qui se déroulent dans le train. Dans la première, les militaires qui les arrêtent les laissent continuer leur voyage, grâce à leur chef qui connaît Monsieur Gustave depuis son enfance. Mais dans la deuxième, qui apparaît plus tard dans le film, les militaires tuent Monsieur Gustave. La référence aux régimes totalitaires est très forte quand l'armée occupe le Budapest, on y voit un symbole présent sur les drapeaux et les uniformes rappelant le régime nazi.
Ainsi, en tant que contexte historique du film la Mitteleuropa est très présente. On retrouve ses caractéristiques culturelles, comme l'importance de la littérature et de l'art et l'échange, la solidarité entre les personnages. Mais ses caractéristiques historiques sont aussi évoquées, comme la montée des régimes totalitaires.
Margot Romero et Sana Benallel
Sources des images
https://www.ledevoir.com/culture/musique/405260/disque-the-grand-budapest-hotel-alexandre-desplat
http://justcinema.net/2014/02/critique-the-grand-budapest-hotel.html
http://noiselesschatter.com/2013/10/21/analyzing-the-grand-budapest-hotel-trailer/
https://www.arretsurimages.net/articles/wes-anderson-et-la-peinture-un-mysterieux-mystere
http://www.seuilcritiques.com/2014/02/the-grand-budapest-hotel.html
http://justcinema.net/2014/02/critique-the-grand-budapest-hotel.html
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