mardi 30 octobre 2018

A l'intérieur du jury lycéen de War On Screen 2018



War On Screen 2018

6ème édition du festival international de cinéma dédié aux conflits
 

Photo J. Hugenell


J'ai eu la chance de participer à ce festival de cinéma en tant que jury lycéen. Après avoir rempli un dossier d'inscription méticuleusement et sans beaucoup d'espoir, je me suis retrouvée le 26 septembre 2018, entourée de 10 autres lycéens, de Joanna, Olivier Broche et Sadia. Nous avions été choisis et nous débutions notre travail de jury. Cet après-midi-là, nous avons visionné quelques courts métrages et organisé notre semaine.

Le premier jour, mardi 2 octobre, fut le commencement d'une expérience folle. Rendez-vous à 18h, pour le départ de ce magnifique festival, pour la cérémonie d'ouverture. M. Philippe Bachman nous présente le déroulé du festival, les sélections, les jurys, les événements insolites et nous invite à voir le film d'ouverture Un peuple et son roi, film français de Pierre Schoeller présentant la Révolution française du point de vue du peuple et de certains personnages historiques au sein de la nouvelle Assemblée nationale.

Le lendemain matin, mercredi 3 octobre, nous avions rendez-vous à midi. Mais étant élève à Bayen, lycée abritant une partie du festival, et ayant accès à la totalité du festival, je suis allée voir un documentaire au lycée, rassemblant des archives vidéo et photographiques venant du SPCA sur la Grande Guerre de 1914-1918. Le réalisateur était présent et a pu réagir aux questions du public après la projection. Le midi, j'ai retrouvé mon jury à la cantine, où nous avons pu faire plus ample connaissance. La cantine était le lieu où j'ai pu faire pas mal de rencontres, avec les programmateurs de La Comète et du festival et des bénévoles. Puis à 13h, j'ai pu voir le premier film en compétition internationale, Chris the Swiss. Ce film de Anja Kofmel, une femme, était très intéressant cinématographiquement parlant. Il mélangeait prises de vue réelles, images d'archives et images d'animation, et parlait de la guerre de Yougoslavie. Nous avons ensuite été dans les bureaux de La Comète, dans lesquels nous avons lu la gazette du jour, créée par des étudiants de Science Po Reims, et nous avons parlé cinéma. 15h, deuxième film de la compétition internationale, Men of honor, film anglais, jouant sur l'attente des soldats avant une offensive. Un film prenant. 17h, Frantz, François Ozon, film de la sélection Grande guerre et grandes amours. Remake d'un film et d'une pièce de théâtre, cette version nous plongeait dans le regard d'Adrien. Nous avons ensuite fait l’expérience de la réalité virtuelle, et j'ai pu voir le court Deathtolls experience d'Ali Eslami. C'était super de vivre ça avec d'autres personnes et de voir les différentes réactions. Je l'ai trouvé vraiment impressionnant, techniquement et scéniquement parlant.

Jeudi 4 octobre, nous nous sommes retrouvés pour assister à la projection de L'Ile aux chiens. Cette animation est magnifique. Ce film de Wes Anderson, classé dans la catégorie Jeune public nous a « scotché ». Nous ne nous attendions pas à voir un film aussi intéressant plastiquement et au niveau du scénario, qui peut être différemment interprété. J'ai adoré assister à des séances qui nous montraient pleins de facettes du cinéma, nous avons vu beaucoup de genres différents. Nous avons pu parler avec Hervé Bougon à la cantine, programmateur des longs métrages. Nous avons vu La scandaleuse de Berlin de Billy Wilder et c'est à ce moment que j'ai compris la difficulté de rester attentif devant autant de films par jour. Cendre et diamants, de Andrzej Wajda, que nous avons vu après, nous a malheureusement tous endormi. Nous n'avions pas compris l'histoire et nous ne connaissions pas le conflit de Pologne à la fin de la Seconde Guerre. Mais heureusement que Joanna était là, elle a pu nous expliquer plus tard toute l'histoire, qui était en réalité très intéressante sur les bases d'une tragédie grecque. Nous sommes ensuite allés voir Dilili à Paris, de Michel Ocelot, qui a aussi réalisé les Kirikou et Azur et Asmar. Il a une empreinte plastique très reconnaissable et nous avons aimé. Le soir je suis allée voir en plus Scream for me Sarajevo de Tarik Hodzić. Ce documentaire m'a particulièrement touchée, il était poignant. Il a retourné toute la salle et une partie de l'équipe du film était présente. Il était très émouvant et parlait en même temps de musique, de rock et de concert, thème rarement abordé pour témoigner de la guerre.

Vendredi 5 octobre, nous avons vu Funan, film en compétition de Denis Do. J'ai trouvé génial le fait que le festival invite des gens qui ont participé à la création des films, cela rajoute vraiment quelque chose de pouvoir avoir des détails, des anecdotes, les sentiments de réalisateurs lorsqu'ils ont créé et tourné leur film. Denis Do était présent et a pu nous raconter son histoire qu'il a retranscrite dans son animation. Une fille du jury a pu aller le voir après pour parler études. Personnellement, c'est le point que j'ai le plus retenu du festival en tant que jury, faire des rencontres était magique. L'après-midi, les choses sérieuses commençaient. Nous avons rencontré notre présidente, Stéphanie Gillard, fait connaissance et vu les premiers courts métrages de la sélection. Nous avons ensuite discuté ensemble des courts et fait une première délibération temporaire. Cette séance s'est bien passée nous étions tous à peu près d'accord. J'ai fait la dernière réalité visuelle Les filles du Soleil, de Christian Stephen et Céline Tricart sur une unité de combat féminine. Nous avons ensuite écouté la lecture publique des scénarios de deux courts métrages, par Chloé Mons et Melvil Poupaud, pour le concours So Film, Canal +, le CNC et la Région Grand Est et nous avons eu la chance d'écouter celui qui sera primé et pourra être réalisé. Nous avons regardé The man who stole Banksy de Marco Proserpio, que nous n'avons pas forcément apprécié, il était très long, se perdait dans plusieurs sujets, n'était parfois pas très sérieux, nous nous sommes demandé après une discussion à la cantine (tout se passe à la cantine ) pourquoi il était dans la compétition internationale. Mais le sujet était intéressant et aurait pu être plus développé. J'ai assisté à la projection de la fiction Les confins de monde de Guillaume Nicloux que j'ai beaucoup aimé, malgré une certaine violence, les plans séquences sont vraiment magnifiques !

Samedi 6 octobre, je me suis réveillée pour aller à un atelier mash-up super intéressant où nous avons rencontré Julien Lahmi, directeur du Mashup film festival. Il nous a présenté six courts métrages, c'était passionnant, nous étions peu nombreux et avons pu parler avec lui, cela m'a inspirée pour un futur projet, et m'a ouvert à une nouvelle technique. Je n'ai pas pu assister à l'atelier création l'après-midi mais j'étais heureuse de ne pas louper celui-là. L'après-midi donc nous avons visionné nos derniers courts métrages pour la compétition. Les délibérations ont été extrêmement tendues, mais je pense que la plupart des jurys dira la même chose. Nous n'étions pas d'accord et il était difficile pour certains d'entendre la voix de la minorité. Nous voulions créer un ex aequo car nous n'arrivions pas à choisir.  Nous nous sommes entendus sur un palmarès, nous avons commencé notre discours, mais après une discussion avec Philippe Bachman, le directeur du festival, nous devions tout changer. J'ai été surprise de pouvoir parler avec des professionnels aussi gentils qui partageaient le même point de vue que moi, et de discuter de cinéma. Nous avons décidé d'attendre le lendemain et nous sommes allés le soir à la master class de Bertrand Blier. J'ai appris à le connaitre un peu mieux, c'était très enrichissant, c'est une personne incroyable et drôle.

Dimanche 7 octobre, dernier jour malheureusement, cette semaine est passée beaucoup trop vite, évidemment. Nous avons donc commencé par choisir notre palmarès définitif et notre coup de cœur. Nous avons été voir Parvana, animation riche de sens de Nora Twomey. Nous avons répété notre discours tous ensemble et sommes allés voir Cold war de Pawel Pawlikowski que j'ai adoré. Son format carré, son noir et blanc et ses plans étaient superbes. Nous avons ensuite participé à la cérémonie de clôture, dit notre discours, écouté les palmarès de chaque catégorie. Et nous avons partagé notre dernier repas tous ensemble, la nostalgie était présente. Nous avons fini cette semaine en beauté par The 12th man de Harald Zwart qui était là et nous a donné des anecdotes de tournage dans une Norvège glaciale. Ce film était prenant, l'histoire incroyable et un témoignage magnifique. Cette semaine a été magique ! J'ai fait de très belles rencontres, appris énormément, vécu une expérience inoubliable et suis très heureuse d'avoir eu cette chance.

Marie-Amélie

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