Le
film Rebecca
d'Alfred
Hitchcock est un thriller et un drame sorti en 1940. Il est adapté
du roman éponyme de Daphné du Maurier qui a été publié en 1938.
Il raconte l'histoire d'une jeune femme qui rencontre un riche veuf.
Ils vont rapidement se marier et s'installer dans la demeure de
celui-ci où la présence de feue Rebecca habite les lieux. Dans
cette séquence, la nouvelle Madame de Winter entre dans la chambre
de Rebecca. La gouvernante, Mme Danvers, la surprend dans la pièce
et la lui fait visiter. Cette scène est étrange et véhicule un
sentiment d'oppression.
Cette
scène est en effet, très riche en révélations sur le personnage
qu'est Mme Danvers. Dès son apparition, la gouvernante revêt un
aspect fantomatique comme si elle ne vivait que pour veiller sur la
chambre de Rebecca. Cet aspect est mis en avant par le fait qu'elle
n'émet aucun son en marchant, Mme de Winter ne l'entend pas arriver,
le spectateur non plus. Mme Danvers est donc inquiétante dès le
début de la scène. Le plan large où elle apparaît avec sa robe
noire derrière le fin rideau blanc qui sépare la chambre renforce
cet aspect fantomatique, sa silhouette devient celle d'un spectre.
Durant toute la scène elle reste froide comme le montrent les jeux
de lumières qui viennent du bas et accentuent son teint pâle. Son
visage reste sans expression hormis quand elle parle de Rebecca,
notamment quand elle présente ses vêtements à Mme de Winter.
Son impassibilité est montrée par des plans resserrés sur son
visage, où l'on peut voir que son regard reste toujours le même, ce
qui insiste une nouvelle fois sur son aspect inquiétant.
La dévotion que semble porter Mme
Danvers à Rebecca est sans limite. La chambre est montrée comme un
sanctuaire dédié à la défunte Mme de Winter. Les très grandes
fenêtres et les hauts plafonds de la pièce visibles dans de
nombreux plans donnent un aspect de cathédrale à la chambre. La
coiffeuse où la gouvernante a laissé toutes les affaires en place
devient alors un autel en l'honneur de Rebecca. La très grande
mémoire de Mme Danvers et l'importance qu'elle accorde à chaque
habitude de son ancienne maîtresse sont effarantes et révèlent
qu'elle y était très attachée. Mais cette relation devient
inquiétante au moment où elle ouvre la penderie. Tous les vêtements
y sont conservés, elle sort un manteau en fourrure pour le présenter
à Mme de Winter. S'ensuit un gros plan où elle se caresse la joue
avec la manche, puis caresse celle de son interlocutrice. Cette
dimension malsaine de leur relation est soulignée au moment où elle
déplie la nuisette et l'admire comme si elle voyait encore Rebecca
la porter.
Cette
fascination pour l'ancienne Mme de Winter la pousse à la comparer
avec la nouvelle. En effet, elle lui fait revivre ce que Rebecca
faisait, notamment au moment où elle la fait s'asseoir et lui montre
comment elle coiffait son ancienne maîtresse. Elle lui fait visiter
les moindres recoins de la pièce, lui montre et lui explique chaque
détail. De plus elle la pousse à toucher les vêtements, comme avec
la manche du manteau ou avec la nuisette. Elle compare également la
relation de la défunte avec M. de Winter à celle qu'il a avec sa
nouvelle femme, notamment quand elle dit qu'il ne lui offrait que des
choses très précieuses. Elle dresse ainsi un portrait extrêmement
flatteur de Rebecca, la présente comme une femme très aimée et
très aimante envers son mari. Une pression sur la nouvelle Mme de
Winter se fait alors ressentir, elle est oppressée et quitte la
pièce en pleurant. Mais avant de partir elle est retenue par Mme
Danvers qui dit toujours entendre Rebecca, renforçant ainsi la
pression qu'elle met sur elle.
Ainsi dans cet
extrait Mme Danvers est présentée comme une personne très
inquiétante, totalement dévouée à son ancienne maîtresse. Cette
dévotion est presque malsaine à certains moments et se répercute
sur la nouvelle Mme de Winter, qui est dévalorisée et subit une
énorme pression quand aux nombreuses différences présentes entre
elle et la défunte.
Hugo
Roger & Margot Romero
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