jeudi 6 décembre 2018

De Menabilly à Manderley, l'histoire de Rebecca

Interview imaginaire de Daphne du Maurier

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- Bonjour madame du Maurier. Nous vous accueillons aujourd'hui dans le cadre d'une projection de l'adaptation de votre livre Rebecca qui a eu lieu il y a de cela quelques jours et que nous avons eu l'honneur de visionner. Nous allons donc procéder à une interview pour notre magazine Marie Marcelle. Nous savons que vous êtes née le 13 mai 1907 à Londres et que vous êtes romancière mais également nouvelliste ou encore dramaturge britannique ! Votre œuvre Rebecca a eu un grand succès. Pourriez-vous nous parlez de Manderley le lieu central de cette histoire ?

- Pour tout vous dire, c'est une manoir délabré qui m'a inspiré ce lieu qui n'existe pas. Mon père avait une propriété en Cornouailles et lors d'une promenade, j'ai eu un coup de foudre pour ce lieu situé près de notre propriété. J'ai donc pris l'initiative de louer cette demeure et de la faire rénover. Ce manoir s'appelait Menabilly. L'histoire du fantôme de la dame en bleu, le carnage qui se déroula pendant la Guerre Civile, sa grande fenêtre face à la mer ainsi que son isolement loin du monde m'avaient frappée. L'histoire de ce lieu me semblait être le bon endroit où mettre en scène l'histoire à laquelle je pensais... J'ai un peu honte de l'admettre, mais je crois que je préfère « Mena » aux gens.

- Vous aimez ce lieu à ce point ! En parlant d'inspiration, pouvez-vous nous en dire plus à propos du prénom Rebecca, qui alors qu'il n'est pas commun est utilisé plusieurs fois dans vos différentes œuvres ?

-Il est vrai que je l'ai utilisé plusieurs fois. La première fois c'était pour ma nouvelle La Poupée et pour la protagoniste qui nourrit un lourd secret et pour qui il fallait un prénom puissant et envoûtant. J'en ai essayé plusieurs comme Jane, Olga, Lola mais aussi May, je désespérais d'en trouver un qui convenait mais lorsque j'ai écrit le prénom Rebecca sans y penser, j'ai su que c'était le bon. Je l'ai réutilisé dans Rebecca car il convenait parfaitement au personnage.

- Et à travers Rebecca, que vouliez- vous faire vivre à vos lecteurs ?

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- Eh bien, je pense qu’inconsciemment j'ai voulu faire vivre ce que je ressens pour Menabilly mais également mettre certains des éléments qui font son charme à l'écran, comme la proximité à la mer ou bien même le fantôme de la dame en bleu que Hitchcock à part ailleurs réutilisé dans son affiche du film !


- Êtes-vous satisfaite de l'adaptation que Hitchcock a faite de votre roman ?

- Par rapport à l'adaptation de ma nouvelle Les Oiseaux, elle est bien plus fidèle à mon œuvre et ne reprend pas uniquement son canevas. De plus, Hitchcock respecte bien l'ambiance qui règne à Manderley ainsi que ses autres caractéristiques, ce qui est très important car c'est l'élément central de l'histoire. Je trouve aussi que les acteurs sont également bien choisis, notamment Mrs. Danvers qui réussit à inspirer le malaise lors de ses apparitions, ce qui je pense ne doit pas être la chose la plus évidente à jouer.

- Nous nous demandions aussi quel avait été le passage le plus marquant à écrire…

- Essayez de deviner !

- C'est peut-être la première scène lorsque l'on voit les ruines de Manderley et que l'on ne sait pas si la personne qui parle est vivante ou non ; ou bien le passage où Mrs. Danvers perd complètement l'esprit et où elle décide d'incendier la maison ; voire lorsque Mme de Winter découvre pour la première fois la chambre de Rebecca.
- C'est à vous de vous faire votre propre opinion car je pense qu'il faut conserver une part de mystère, comme je l'ai toujours fait dans mes romans.


Margaux Hélin et Joséphine Sosson


Images
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