samedi 14 décembre 2019

Dracula : succion ou séduction ?

Exposition sur les vampires à la Cinémathèque de Paris, qui montre leurs différentes facettes et traverse leurs histoires.


La Cinémathèque française située à Bercy a été fondée par Henri Langlois en 1936. Elle est initialement une association de récupération des vieux films muets, délaissés après l’apparition du cinéma parlant en 1927. Elle stocke et récupère encore aujourd’hui les films anciens, mais possède d’autres fonctions, avec sa bibliothèque contenant des ouvrages sur l’histoire du cinéma, la projection d’un film chaque jour, et l’accueil d’expositions thématiques comme « Vampires, de Dracula à Buffy », réalisée par Matthieu Orléan. C’est une exposition chronologique sur le mythe de Dracula. Les vampires sont des êtres fantastiques qui se nourrissent de sang humain et qui sont immortels. Pour les faire fuir, il suffit d’utiliser de l’eau bénite, ou encore de l’ail ou un crucifix. Pour les tuer, il faut procéder à la décapitation et à l’enfoncement d’un pieu dans le corps. Dans les films de vampires, la morsure est l’élément déclencheur du fantastique, c’est-à-dire que le réalisateur joue sur les ombres, le brouillard, l’ambiance, la musique, ainsi que sur les décors ténébreux et gothiques. L'exposition tente d'analyser la passion du cinéma pour les vampires.

L'ombre de Nosferatu sur les murs 
de la Cinémathèque


Les vampires apparaissent au cinéma dès le début du XXème siècle. Le premier film mettant en scène Dracula, inspiré du Dracula de Bram Stocker, roman paru en 1897, est Nosferatu, un film allemand et muet de Murnau sorti en 1922. Sur une photographie extraite du film de Murnau, l’ombre de Nosferatu monte les escaliers d’une maison. On voit que le travail sur les ombres est important.


Nosferatu est un être bossu, avec un nez pointu, et il a le pouvoir de se transformer en chauve-souris, en rat, en loup ou même en brume. Herzog propose en 1979 un remake de Nosferatu, intitulé Nosferatu, fantôme de la nuit, qui présente de grandes similitudes avec le film de Murnau. L’exposition propose une comparaison entre les deux. Chez Murnau, le jeu de l’acteur est meilleur, montrant un lien érotique et physique du vampire avec sa victime, rapprochant le vampire d’un violeur. Chez Herzog, le personnage de Nosferatu est plus douloureux, notamment lors de son agonie au lever du soleil, ce qui suscite notre compassion pour lui.

Dans les années 1920, Theda Bara est l’une des actrices les plus célèbres de son époque, l’un des sex-symbol de l’écran. C’est la première vamp, c’est-à-dire une femme à la fois séductrice et dangereuse, une femme fatale qui use de son charme pour se servir des hommes.

Le mythe des vampires est surtout popularisé dans les années 30, après qu’Universal a acquis les droits d’exploitation du roman de Bram Stocker. Le premier Dracula parlant arrive donc en 1931 avec le célèbre acteur Bela Lugosi. Il incarne l’aspect séducteur de Dracula et fait donc évoluer l’image de Nosferatu. L’acteur, marqué par le rôle de Dracula, l’interprète par la suite à trois reprises.

Christopher Lee, un acteur britannique, interprète Dracula en 1958 dans Le Cauchemar de Dracula, le premier film en couleurs à mettre le vampire en scène, suivi de beaucoup d’autres. Il devient donc un acteur populaire planétaire dans le monde du cinéma avec ces films anglais osant plus de violence et d’érotisme.

Andy Warhol, l’un des principaux représentants du pop-art, conçoit plusieurs films sur Dracula comme Kiss en 1963 ou encore Du Sang pour Dracula en 1974. Dans ce dernier film, le fait que le mort-vivant se maquille et essaie d’être vivant nous montre un premier paradoxe. Le second paradoxe naît de l’idée que le vampire se regarde dans un miroir alors qu’il n’a pas de reflet.

De nombreux films de vampires sont tournés dans le monde entier, qui gardent cet aspect de trouble entre désir et violence. Chaque fois le personnage est modifié en fonction du pays et de sa culture, lui donnant un aspect très divers.

Gary Oldman incarnant le vieux comte Dracula dans le film de Coppola
Dessin de Morgane Torki
 
Dans la suite de l’exposition, on retrouve la flamboyance des costumes du film de Francis Ford Coppola en 1992, ainsi que ceux du film Entretien avec un vampire de Neil Jordan en 1994. Avec ces adaptations cinématographiques, le vampire devient banal, familier, et vivant parmi les hommes. Devenu populaire, il revient dans beaucoup de films et de séries comme Twilight (2009), Buffy contre les vampires (1997) ou encore The Vampire Diaries (2009).

Ainsi les vampires font désormais partie de l’univers du cinéma. L’exposition informe les visiteurs tout en les divertissant avec de grands écrans animés montrant des extraits de films. L’obscurité qui règne dans les salles met le visiteur dans l’ambiance ténébreuse propre à ce mythe sanglant. « Vampires de Dracula à Buffy » est une très belle exposition qui regroupe tous les visages du vampire nés du Dracula de Bram Stoker. Les cinéastes du monde entier montrent de l’intérêt à cette icône sombre et sexy, qui n’influence pas seulement le cinéma, mais aussi la peinture, la littérature, ou encore les séries télévisées.

Faustine Foulain, 1ère D
Photos de Laurine Pigeon et J.H.

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