Un
soir de pluie, je me suis abrité dans une vieille salle sombre et
abandonnée. Je passais devant elle tous les jours, sans même m’en
rendre compte. En y entrant, j’ai été submergé par une odeur
d’humidité étrangement agréable. J’ai allumé mon téléphone
pour éclairer les lieux, et ce que mes yeux ont vu les a ébahis.
Dans cette salle étaient entreposées des reliques d’un temps
passé ; dans cette salle étaient entreposés les restes des
débuts du cinéma.
J’ai
d’abord contemplé les affiches accrochées au mur. Elles
étaient rongées
par l’humidité, mais
on
distinguait toutefois des titres : Les
Temps Modernes,
qui semblent aujourd’hui si lointains ; Psychose,
et ma tête se met à tourner ; La
grande
Vadrouille,
et je me mets à chanter. Je découvrais un monde nouveau.
J’ai
ensuite percuté un tourne-disque
rouillé ; par je ne sais quel miracle, il fonctionnait encore.
Je n’ai trouvé qu’un seul disque à écouter. Le
grand choral,
de Georges Delerue, résonne encore dans mon esprit. Peut-être
l’ai-je écouté une heure, peut-être deux. Peut-être même me
suis-je endormi, peut-être même ai-je dansé au beau milieu de ces
débris.
Mais
ma plus grande trouvaille est la suivante. Au fond de cette salle, un
meuble se cachait derrière une pile de bobines. Ce coffre au trésor
renfermait des fragments du passé. Les cassettes se ressemblaient
toutes, elles donnaient un sentiment d’infini. Deux d’entre elles
se sont glissées dans mon sac. Ce soir de pluie, où maintenant le
soleil régnait, je suis rentré chez moi.
Je
me suis endormi en repensant à cette trouvaille, à ce trésor caché
dans un simple village français, plus si banal qu’avant. Je me
suis endormi en repensant à l’atmosphère apaisante de cette salle
en ruines, où tout le monde peut entrer mais où personne ne va
jamais, devant laquelle les passants se contentent de passer.
Finalement, la situation de cette salle rejoint celle du septième
art : on le voit tous les jours, mais sans vraiment s’y
intéresser, à tort.
Les
soirs de pluie, les passants s’abritent dans cette vieille salle
sombre et rénovée. A chaque fois qu’ils passent devant elle, leur
regard est attiré. Cette vieille salle dégage une odeur d’humidité,
étrangement réconfortante. Quelques néons pour éclairer les
lieux, nous ébahir le temps d’une averse. Dans cette salle sont
exposées des reliques d’un temps passé. Dans cette salle sont
exposés les débuts du plus beaux des arts. J’y passe mes soirées,
mes week-ends et mes après-midis. Toujours là pour accueillir
quelques nouveaux compagnons ; le temps d’une averse, danser
avec eux. Le temps d’un soir, les accompagner dans leurs voyages ;
le temps d’une heure, peut-être deux, leur faire découvrir ma
plus grande passion ; le temps d’une vie, les plonger dans le
cinéma.
Emeric Chamarac, 1ère D
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