samedi 7 mars 2020

La recette d’un bon film par François Truffaut

François Truffaut est un célèbre cinéaste français qui a débuté sa carrière sous les ailes de André Bazin, un grand critique du cinéma français et surtout un des fondateurs des Cahiers du Cinéma. C’est pourquoi Truffaut a intégré la rédaction de cette revue cinématographique qui lui a donné la notoriété et qui a permis l’émancipation d’un cinéma d’un nouveau genre, moins strict. Truffaut tourne La Nuit américaine en 1973 qui a connu un succès monumental. Truffaut a été oscarisé en 1974 pour cette réalisation qui est considérée comme un chef-d’œuvre. Les spectateurs ont adoré l’hommage d’un réalisateur passionné par le cinéma, comme le montre le titre qui évoque une technique cinématographique. Cette comédie dramatique est un exemple très populaire de film contenant un film, car le synopsis raconte l’histoire d’un réalisateur sourd d’une oreille nommé Ferrand qui tourne un mélodrame appelé Je vous présente Pamela dans les studios de la Victorine à Nice. On y rencontre la vie des professionnels du cinéma et les nombreux problèmes qui se cachent derrière le tournage d’un film. 
Certes la présence des histoires d’amour entre les acteurs est trop importante, au point de mettre parfois de côté l'aspect documentaire de la découverte d’un tournage. Même si le but était de représenter les problèmes de la vie des hommes et des femmes travaillant dans le cinéma, l’action est trop concentrée sur l’amour, que ce soit entre Julie Baker et le docteur ou entre Alphonse et Liliane dont les scènes sont trop nombreuses et agaçantes.

Mais dans ce film on observe les faces cachées du tournage grâce à la mise en abyme « du film dans le film », à travers les moyens des techniciens utilisés pour tourner les scènes ou le travail des acteurs. Par exemple la pluie artificielle qui change d’intensité, le feu de cheminée alimenté par une bouteille de butane mais aussi l’usage du porte-voix pour modifier l’allure d’un passant ou l’apprentissage du texte la veille de la scène devant le miroir, toutes ces scènes permettent de répondre à de nombreuses questions sur le déroulement du tournage. On nous montre à quel point chaque détail est important pour le réalisateur qui ne s’empêche pas de recommencer les scènes. Certains moyens sont trouvés au dernier moment : les bougies, le chat, la mousse pour la neige et même parfois le texte des acteurs… Tout est utilisé pour rendre le film le plus vivant et instructif possible, et on peut dire que ça fonctionne car on voit le travail immense qui se cache derrières les images que l’on regarde.

De plus, on peut souligner le phénoménal jeu des acteurs, que ce soit pour le personnage de Liliane qui joue la femme rebelle avec le besoin de changer de vie, ou celui d’Alphonse, l’acteur principal, méprisable du fait de son caractère enfantin, égoïste et apeuré, ou encore du réalisateur Ferrand que l’on voit débordé mais qui n’éprouve aucune détresse, il doit garder son sang-froid puis prendre des décisions rapides et il le fait parfaitement bien. La Nuit américaine en devient totalement immersive pour les spectateurs, car on ressent les émotions de tout le personnel du tournage comme si on était avec eux : le stress du manque du temps, la joie de la fin du tournage des scènes car elles peuvent prendre beaucoup de temps, comme la scène où le chat ne veut pas boire le lait qui a été recommencée une dizaine de fois, ou encore la pitié quand rien ne se déroule comme prévu.

Enfin, il ne faut pas oublier le but de Truffaut, qui à travers ce film veut partager sa passion. C’est pourquoi il joue lui-même le personnage de Ferrand comme réalisateur. Certains spectateurs le trouvent égocentrique mais Truffaut veut simplement montrer la réalité de ces deux univers entre tournage et image. Bien sûr, il montre les aspects positifs du tournage et la joie qu’on éprouve lorsque l’on fait un film en tant que producteur, mais il veut aussi montrer la solitude qu’il ressent car il doit tout gérer seul, comme le fait Ferrand face à tous les imprévus que ce soit la perte d’un décor, le planning surchargé, des acteurs qui ne veulent ou ne peuvent plus jouer : c’est le réalisateur et personne ne ressent la pression autour de lui, il est seul.

Ainsi, même si le film la Nuit Américaine peut paraître agaçant à cause de son aspect sentimental, Truffaut est pardonné car il nous partage entièrement les dessous d’un tournage que ce soit dans le domaine technique ou à travers la vie du personnel parfois troublé. De plus, ce film nous plonge dans l’univers cinématographique, Truffaut donne l’impression à ses spectateurs de faire partie de l’équipe de tournage en partageant les sentiments de chacun, mais surtout il n’oublie pas de partager ce qu’il ressent en tant que réalisateur car personne ne se rend compte à quel point il se sent seul. A travers ce film, François Truffaut rend un splendide hommage au cinéma qu’il admire, c’est un réalisateur passionné qui aime son métier et son film ou plutôt son chef-d’œuvre est le fruit de ce travail certes difficile. C’est un film rempli d’admiration pour le cinéma, un film qu’il faut à tout prix regarder au moins une fois dans sa vie. 
 

Brandon Tibource, 1ère D


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