lundi 4 février 2019

Deux comédies en miroir

Après le visionnage des Demoiselles de Rochefort, une comédie musicale de Jacques Demy sortie sur les écrans en 1967, ainsi que la lecture de la comédie baroque de Corneille Le Menteur, créée à Paris durant la saison 1643 -1644, nous allons faire le rapprochement entre ces deux œuvres, en étudiant les différents points communs. 
 
Voyons premièrement le rapport au mensonge dans ces deux comédies. La comédie de Corneille souligne la présence de nombreux mensonges, notamment avec le personnage de Dorante, qui certes ment pour séduire et impressionner, ou pour échapper à un mariage arrangé, mais surtout pour devenir le personnage qu’il rêve d’être. On retrouve dans les Demoiselles un mensonge, avec le personnage d'Yvonne, qui prétend être partie vivre au Mexique, afin de pouvoir quitter Simon, afin que celui-ci ne cherche pas à la rejoindre et qu'il fasse le deuil de leur relation. C'est un mensonge plein d'amour, pour permettre à Simon de refaire sa vie. Par contre, lorsque Lancien ment à Delphine, il ment aussi par amour, mais par jalousie, afin d’empêcher Delphine de retrouver Maxence.

Deuxièmement, les deux œuvres répondent aux règles de la comédie. On retrouve dans les deux une fin heureuse, avec des retrouvailles entre personnages, ainsi qu'un double mariage. Dans les Demoiselles de Rochefort, le film se clôt sur ce qui semble être une cérémonie, avec d'un côté Yvonne et Simon, et de l'autre Solange et Andy, et aussi sur les retrouvailles suggérées entre Delphine et Maxence. Dans Le Menteur la comédie se termine avec le mariage de Dorante et Lucrèce, et celui d’ Alcippe et Clarice.

En troisième lieu, on retrouve dans les deux œuvres le même type de comique, c'est-à-dire un comique léger et fantaisiste, contraire à celui de la farce, et qui pousse simplement à divertir le spectateur sans le faire éclater de rire. Ainsi, dans les deux comédies, les situations s’entremêlent. Dans Les Demoiselles de Rochefort, le scenario est basé sur un enchaînement de chassés croisés entre les personnages, comme dans la comédie du Menteur, pleine de quiproquos et de péripéties : dans les deux œuvres l’intrigue est embrouillée, ce qui est amusant pour le spectateur. De plus, dans la comédie de Corneille, on retrouve l'utilisation des alexandrins, mais également dans la comédie musicale, qui utilise des alexandrins lors d'une scène de dîner en famille avec des amis, dans un café. Cette utilisation du vers par des personnages ordinaires donne de l’élégance, très loin de la grossièreté de la farce.

Ensuite on retrouve un aspect baroque dans chacune des comédies, notamment dans les costumes des personnages avec les chapeaux extravagants que portent les deux sœurs dans Les Demoiselles. L'atmosphère de la comédie musicale rappelle celle de la pièce, avec par exemple les décors du film. On retrouve cet aspect baroque avec l'effet de miroir, présent dans la comédie du Menteur, ainsi que dans la comédie musicale de Demy, avec les deux jumelles qui sont chacune le reflet de l’autre, comme Lucrèce et Clarice chez Corneille. Enfin, le personnage baroque de Dom Juan, soumis au « change », est présent dans le personnage de Dorante dans Le Menteur, avec sa double séduction de Lucrèce et de Clarice, ainsi que de son avance à Sabine, juste après son mariage avec Lucrèce. Cet aspect est de nouveau présent dans la comédie musicale, avec les deux forains Bill et Etienne, qui séduisent Solange et Delphine, ainsi que les deux foraines Esther et Judith qui elles partent avec les premiers hommes venus.

Léane Maire et Lara Michel, 1ère L2


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