Critique du film "Notre terrible pays"
Ce documentaire, filmé
caméra à l’épaule, nous entraîne au cœur de la vie en Syrie pendant la révolte
contre le régime de Bachar Al Assad. Nous suivons le parcours de Ziad Hamsi,
jeune de 24 ans et réalisateur du film, et de l’écrivain et dissident Yassin Haj
Saleh lors de leur périple de Damas en Syrie
jusqu’à la ville de Raqqa, aux mains de l'Etat Islamique.
Le concept de ce film est très intéressant. Les images
tremblantes et les paroles en arabe sont l’essentiel du reportage de
guerre. Sans censure, cela nous offre la
sincérité et la douleur des hommes dont la caméra croise le chemin. Ils se
révèlent et nous livrent également l'histoire difficile et compliquée de leur
pays. Leur témoignage est poignant et nous montre l'autre côté de la rébellion.
On ne peut qu’être ému devant l'histoire de Yassin, arrêté lorsqu’il avait
seulement 20 ans et retenu pendant 16 ans dans les geôles syriennes, qui
rejoint clandestinement Raqqa dans l’espoir de retrouver son frère enlevé par
l’État Islamique. Par le regard de Ziad, celui de la jeunesse combattant pour
la liberté, nous découvrons la vie dans les villes aux mains des rebelles libres
et dorénavant hors de danger, les habitants les ont pourtant désertées et ne
sont pas revenus. La caméra nous fait découvrir une ville fantôme dont les
immeubles sont à moitié démolis, édifiante de silence et figée à tout jamais
dans l'horreur du conflit. Le documentaire, très touchant, nous ramène vraiment
à la réalité à travers ce triste spectacle qui fait froid dans le dos. Yassin nous fait visiter ce no
man's land : des enfants continuent à jouer dans les rues de cette ville morte,
où le conflit faisait rage quelque temps auparavant. Un sentiment de solitude
et d'accablement s'abat sur nous, spectateurs confortablement installés dans notre siège et pourtant transportés en Syrie en compagnie de Ziad et Yassin.
A
travers ce documentaire, Mohammad Ali Atassi (le second caméraman) et Ziad
Hamsi nous font comprendre le tournant horrible qu'a pris le conflit en Syrie,
donnant naissance à l’État Islamique. Selon les jeunes réalisateurs, cet état
est autant l'ennemi que le régime, bien qu'il soit né de la révolte. La fin est émouvante comme cette scène au restaurant où Ziad et Yassin, dont nous avons
suivi tout le parcours, craquent finalement devant la caméra et se mettent à
pleurer. Le jeune homme nous dit que même s'il refuse de prendre les armes pour
l’État Islamique, il continuera toujours à se battre pour sa famille restée en
Syrie.
Marine et Nina
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