Israélienne
ou Palestinienne ?
Self Made raconte l’histoire de deux femmes. L’une est
israélienne, Michal, c’est une artiste
connue qui, suite à une opération, se retrouve amnésique. L’autre, Nadine, est
palestinienne, elle vit chez sa tante et doit passer un check-point pour aller
travailler à l’arrière d’un entrepôt. Les deux sont introverties et vivent dans
un monde qui leur est propre. Michal, totalement perdue, cherche à retrouver
son passé. Tandis que Nadine, qui entretient une relation assez particulière
avec les clous, perd son travail. Au check-point que Nadine traverse tous les
jours elle se fait arrêter à cause des clous dans ses poches. Michal passe par
le check-point et se fait aussi arrêter
car elle n’a pas ses papiers. Les deux femmes se retrouvent dans un enclos et
un soldat, qui a pour ordre de ramener Michal chez elle, se trompe et emmène
Nadine à la place. Elles se redécouvrent au travers
de la vie
de l’autre.
http://waronscreen.com/film/61/self-made
La photographie du film est très bien réalisée. Les premières minutes du
film sont époustouflantes, la violence arrive par surprise dans un univers
glacial. Il y a aussi un univers poétique comme l’œuvre de Michal sur le mur au
milieu de nulle part. Les personnages sont attachants, en particulier Michal
qui dégage une impression de froideur et aussi paradoxalement de fragilité
extrême. Sa coiffure lui donne un air atypique et rend son visage plutôt dur. Ses
vêtements et même son corps très mince nous renvoient cette image de fragilité.
Les actrices jouent à la perfection les
rôles de deux femmes totalement désorientées qui perdent tout le contrôle qu’elles ont sur leur vie.
La toile du fond c’est la vision critique du conflit israélo-palestinien
par la réalisatrice. Elle a reconstruit un check-point dans un univers
désertique pour montrer son absurdité. Et
les œuvres d’art qu’elle donne à voir sont extrémistes. Ne voulant pas
d’enfants, Michal s’est fait colorer et retirer l’utérus pour en faire un
sac ! Elle en a perdu toute mémoire. Cette expression artistique pose aussi
le problème de la maternité voulue par Nadine et refusée par Michal. C’est le
véritable thème du film, c’est par là que s’exprime la violence.
Le scénario souffre cependant d’une trop grande complexité au point de
devenir incompréhensible. Pour ajouter à la confusion ambiante un soldat et
tous ses problèmes personnels se greffent à l’histoire de Michal et Nadine.
Malgré tout l’échange entre les deux femmes, totalement invraisemblable
démontre la similarité de leur situation et au-delà de leur peuple. A partir de
l’échange et jusqu’à la fin du film le
nombre de questions s’accroît. Et la fin nous laisse pantois. Elle n’apporte
aucune réponse et donne l’impression qu’une partie du film a été oublié au
montage.
Self Made de Shira Geffen, film israélien, 109 minutes, 2014
Film à voir. ***
Inès Duquenois 2d2
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