En quoi le film La nuit du chasseur évoque-t-il un conte merveilleux ?
Ce film, La nuit du chasseur de Charles
Laughton, réalisé en 1955, évoque par bien des aspects un conte
pour enfants.
Ce lien avec le conte merveilleux
est tout d'abord montré par le schéma actantiel présentant un héros, John,
ayant pour but de garder en secret l'argent de son père et de protéger sa
petite sœur, Pearl. Le héros rencontre dans ce film quelques obstacles,
provoqués par Harry Powell, le prêcheur et imposteur, qui veut récupérer
l'argent que John et Pearl cachent en secret. Willa Harper, la mère des enfants,
et Icey Spoon sont à leur tour les opposants de la quête de John. En revanche,
le héros est aidé par Rachel Cooper qui les recueille à la suite de leur
traversée de la rivière. Ils veulent échapper à Harry Powell qui les poursuit
jusqu'à la résidence de cette femme.
De plus, le schéma narratif de
l'histoire s'apparente au conte : la situation finale est un dénouement
heureux. En effet, l'imposteur est arrêté et condamné tandis que les enfants
sont élevés par Rachel Cooper. Par ailleurs, la situations initiale, l'élément
perturbateur, les péripéties et la résolution sont tout de même présents et
forment le schéma narratif qui structure l'histoire comme si le film était un
véritable conte merveilleux.
D'autre part, la dimension onirique
instaure une frontière entre la réalité et le rêve. Cela se retrouve au moment
de la traversée de la forêt, mais aussi dans les gros plans sur les animaux
pendant le périple des enfants sur la rivière. Ceci est également présent avec
l'absence de localisation puisque le temps et l'espace sont abolis dans ce film
: on ne sait pas où ni quand se déroule la traversée des enfants. De plus, l'absence
d'êtres humains mais aussi le fait que cette traversée se déroule la nuit, sous
un ciel étoilé, nous fait perdre toute notion du temps qui passe, entre leur
départ du village et leur arrivée chez Rachel Cooper.
Comme dans tout conte, le film
repose aussi sur une visée didactique nous montrant l'opposition entre le bien
et le mal mais également entre Dieu et le diable. Cela se traduit à l'écran par
les jeux d'ombres et de lumières et par la fermeture à l'iris sur Harry Powell
qui symbolise le mal, afin d'accentuer la menace qu'il représente pour le
héros.
En outre, la dimension orale est un
élément principal du conte et le film y a recours : l'intervention de la
narratrice dans le prologue et les personnages qui racontent une histoire à
leur tour comme l'histoire de la vie contée par Harry Powell, l'histoire que
Pearl raconte à la poupée dans la barque mais aussi celle de Rachel Cooper
racontée aux enfants.
Enfin, ce film fait de nombreux
clins d'œil à certains contes comme celui de "Barbe Bleue" qui devient le
surnom donné par le public à l'imposteur et faux prêcheur, au moment de son procès
mais aussi le conte "La belle au bois dormant" que l'on retrouve lorsque Harry
Powell progresse avec beaucoup de mal dans la forêt afin d'atteindre en vain les
enfants dans leur barque. Cela rappelle le moment où, dans le conte, le prince
tente d'entrer dans le château recouvert de ronces depuis cent ans pour
délivrer la princesse prisonnière de son sommeil.
Ce film évoque donc le conte
merveilleux par des procédés appartenant au conte tels que le schéma actantiel
et narratif, la dimension onirique et orale, la visée didactique finale et la
référence aux contes merveilleux
Justine Carayon
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