Bonjour,
bonsoir, chers lecteurs !
Aujourd’hui,
on va vous parler cinéma d’animation !
Si
je vous dis cinéma d’animation, vous pensez « dessin
animé », et vous n’avez pas tort ! Le premier vrai film
d’animation, intitulé Fantasmagorie, fut projeté en séance
publique et payante le 17 août 1908. Il y a plus de cent ans !
Le fameux créateur de ce court métrage se nomme Émile
Cohl. Il a réalisé seul ce petit film d’une minute quarante
secondes. Un travail énorme pour créer cette petite bulle d’air
frais !
Émile
Cohl avait alors cinquante ans, et avait derrière lui une longue
carrière de dessinateur. Il était surtout connu pour ses
caricatures.
Le
principe du dessin animé avait été découvert en 1892 par Émile
Reynaud, avec son théâtre optique. Peu après la naissance du
cinématographe avec la première projection publique payante des
frères Lumière le 28 décembre 1895, l’Américain Stuart Blackton
découvre le principe de la prise de vue image par image,
c’est-à-dire le principe du cinéma d’animation. Il faut 24
images par seconde pour créer l’illusion du mouvement. On peut
ainsi créer de l’animation avec des dessins, des marionnettes, des
bonshommes en pâte à modeler, ou différents objets, une extrême
variété qui laisse aux artistes une grande liberté.
Pour
Fantasmagorie, Émile
Cohl décide de faire un dessin à la craie sur un tableau, le prend
en photo, puis refait ce même dessin avec une légère variante
avant de le reprendre en photo, et ainsi de suite. Quand on projette
les photos les unes à la suite des autres, le dessin donne
l’impression de bouger !
Le fantoche d'Émile Cohl
Dessin de Gaëtan Launay
Ce
petit film en noir et blanc paraît étrange, aux spectateurs
d’aujourd’hui, voire dérangeant. On dirait qu’il a été fait
par un amateur, car les personnages sont filiformes, dessinés en
« bâtons », sans décor en arrière-fond pour plus de
simplicité. Émile Cohl a
choisi de travailler la ligne, pour se concentrer sur l’animation
puisqu’il travaillait seul. L’histoire n’est pas très
prenante, elle ne tient pas debout : les différentes scènes
n’ont pas de rapport entre elles, et l’ensemble reste absurde,
même après plusieurs visionnages. En effet nous voyons un
personnage dans un théâtre, une maison, illustrant quelques scènes
de l’époque. Personnages et objets se transforment : le
personnage en fleur, l’éléphant en maison… Ces personnages
filiformes, appelés « fantoches », font toute sorte de
gags burlesques. Cependant pour les gens de 1908, cela devait être
génial ! Ils étaient impatients de voir un dessin qui bouge,
c’était une véritable attraction.
Émile
Cohl partit ensuite aux Étas-Unis
pour présenter son travail. Les Américains reprirent sa technique
(sans lui payer de droits d’auteur!) et développèrent l’industrie
du dessin animé, avec Walt Disney. Après la Seconde Guerre
mondiale, les Japonais imitèrent à leur tour Disney et
développèrent un genre de dessin animé spécifiquement japonais,
l’anime.
En
1997, 89
ans après Fantasmagorie,
sort sur les écrans un long métrage d’Hayao Miyazaki, Princesse
Mononoké. Nous
avons visionné la bande annonce du film : quel progrès depuis
Émile
Cohl ! On
observe une évolution fulgurante : tout d’abord Fantasmagorie
met en scène des personnages simples à dessiner, alors que
Princesse Mononoké
montre des personnages travaillés, des dessins magnifiques avec
beaucoup de détails, sans oublier les couleurs et le décor sublime
en arrière-plan qui ne figurent pas dans l’oeuvre d’Émile
Cohl. Néanmoins, tous deux ont travaillé les transformations et les
métamorphoses de l’image, notamment chez Miyazaki avec le dieu de
la forêt qui passe de sa forme de cerf à sa forme surnaturelle. Le
réalisateur japonais a approfondi cette technique grâce au travail
collectif et à l’avancée technologique, qui a par exemple permis
d’avoir du son et de travailler le rapport entre l’image et la
musique avec Joe Hisaishi. L’histoire
confuse de Fantasmagorie
a été remplacée par un film d’action construit, qui
raconte
une histoire intéressante, avec
des combats et la présence d’une héroïne, une
guerrière,
qui décide et qui agit seule.
Fantasmagorie
est basé sur l’humour et le burlesque, alors que Princesse
Mononoké
amène à une
réflexion philosophique sur la relation de
l’homme
avec les animaux et la nature.
On
constate que le cinéma d’animation n’est pas réservé aux
enfants, et la comparaison entre Fantasmagorie
et
Princesse Mononoké
rend
compte de la rapidité d’évolution des dessins animés, qui encore
aujourd’hui continuent d’évoluer grâce au numérique.
C’est
tout pour aujourd’hui !
Margaux
Biédal, Thomas Crépin, Charlotte Delahaye, Manon Giovanni, Gaëtan
Launay - 2nde 3